Gallimard / Série Noire - Janvier 1998 - Traduction (anglais) : Catherine Cheval (Galimard) - Bernard Cohen (Belfond)
Tags : Comédie Road Polar Complot Journaliste Australie Années 2000 Humoristique Argotique Entre 250 et 400 pages
Publié le : 10 septembre 2006
Darwin, Australie. Nick Hawthorne, journaliste américain de passage passe la porte d'un bar à bières et strip-teaseuses. Il est en partance pour le sud du pays avec le projet de le traverser de part en part trois mille kilomètres de désert.
Jamais je n'avais vu un truc pareil : une île, presque aussi vaste que les États-Unis, avec, pour tout réseau routier, un fil rouge qui la coupait en deux du nord au sud.
La quarantaine, célibataire, sans attache ni grandes ambitions, Nick cherche à travers ce voyage à se prouver à lui-même qu'il peut mener quelque chose à son terme.
Je n'avais aucune attirance pour les sphères supérieures du firmament journalistique. J'aimais mieux croiser à moyenne altitude. Là au moins, je ne risquais pas de laisser rogner les ailes de ma liberté.
J'avais la quarantaine en vue et comme perspective d'avenir, un (...) boulot insipide dans un (...) canard insipide. À Akron, Ohio. Patrie du pneu Goodyear à carcasse radiale et de pas grand chose d'autre. Deux ans dans ce trou s'annonçaient aussi joyeux qu'une OD au formol. Pourquoi choisir l'option merdique une fois de plus ?
Et voilà comment Nick se retrouve, ayant tout plaqué, dans ce bar de
Darwin. Après avoir âprement négocié l'achat d'un Combi VW, il pousse
jusqu'au bout de l'artère principale et s'engage, un désert devant lui.
Sauf que ce que chacun sait, sauf lui, c'est qu'on ne roule pas de nuit dans
le bush sans croiser un 'rou... Première déconvenue !
Nick parvient tout de même, après quelques hésitations, au terme de sa
première étape et croise là une jeune et solide australienne qui ne le
laisse pas indifférent. Ils poursuivent la route ensemble, pour le
meilleur, comme pour le pire...
La plume de Douglas Kennedy coule d'une encre réjouissante, et les
considérations autour de la quarantaine et du bilan qu'elle impose à ce
journaliste américain sont promptes à déclencher les sourires du
lecteur. On ne s'ennuie pas dans cette lecture ! Le style est vif, la
langue fleurie autant que directe et les dialogues régulièrement
percutants.
Mais si on rit en tant que lecteur, ça n'est pas vraiment le cas de Nick, irrémédiablement piégé dans le trou du cul du monde par une bande de dégénérés.
On pourrait croire qu'il s'agit là d'une farce intelligemment menée, mais Cul-de-Sac n'est pas seulement cela. Le piège qui se referme sur Nick fonctionne aussi comme un miroir :
On passe sa vie à se faire accroire que le travail qu'on s'appuie a une finalité supérieure - un but qui va bien au-delà du simple besoin de s'assurer le vivre et le couvert. Mais, au fond, on ne bosse que pour combler le vide des heures - pour éviter de se confronter à l'inanité de son existence. Le boulot est une drogue comme une autre.
Ou encore :
J'étais un inconditionnel du temps perdu - le moyen idéal pour échapper aux obsessions qui font courir la plupart de mes contemporains du matin au soir : l'ambition, l'argent, l'amour, la famille. Tant de gens, autour de moi, parlaient de "construire leur avenir". Moi, je n'avais aucune envie de construire quoi que ce soit. Je faisais mon petit boulot, je gérais mes petite finances, je buvais de la bière, je sautais les filles qui voulaient bien se laisser draguer et je laissais le temps passer.
Au final, un roman plus profond qu'il n'y paraît de prime abord, où on rit beaucoup, parfois jaune, du malheur d'un pauvre bougre, en espérant que le même sort ne nous soit jamais réservé. Une réflexion sur la vie américaine, voire même la vie tout court...
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Cul-de-Sac a fait l'objet en 1997 d'une adaptation cinématographique de Stephan Elliott (le réalisateur de Priscilla, Folle du Désert) sous le titre Welcome to Woop Woop (jamais distribué en France).
Dans le genre roman "déjanté", loufoque, hilarant, et irrésistiblement intelligent, pourquoi pas un petit tour du côté de Christopher Moore ?
En novembre 2008, paraît chez Belfond une nouvelle traduction du roman de Douglas Kennedy, signée Bernard Cohen, sous le titre Piège Nuptial.
Les dix premières lignes...
Jamais je n'avais vu une telle épidémie de tatouages. Pas un habitant de
Darwin ne semblait y avoir échappé. Toute la faune du bar était taouée
- y compris la strip-teaseuse, qui se brandouillait sur la scène en
exhibant un vulcain rutilant sur la fesse gauche.
Pas vraiment pulpeuse, l'effeuilleuse. Une greluchonne, dans les trente ans
à vue de nez - cinquante kilos toute mouillée, le sein anémique et la
cuisse maigre. Et avec ça, l'air brouillée à vie avec l'existence -
sans doute parce qu'elle était payée pour laisser une bande de bushmen
toxiques lui reluquer la chatte (...).
Quatrième de couverture...
(...) Ce récit d'un voyage au paradis des grands espaces australiens qui vire
au cauchemar éveillé est un petit bijou. Nick, héros malgré lui de ce
thriller féroce, n'avait rien contre ce pays avant d'écraser un
kangourou par une nuit sans lune.
Sa rencontre avec la jeune et robuste Angie va le mener en plein cœur du bush. Au milieu de nulle part. Au sein d'un clan d'allumés coupés du monde, sans
aucune route pour quitter ce traquenard. Nick, désormais, n'a qu'une
seule obsession : comprendre ce qu'il fait là et sauver sa peau. Fuir
alors que toute la communauté le surveille...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...