Noces de Soufre

Jean Amila

Gallimard / Série Noire - Septembre 1964

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Psychologie Arnaque Flic Quidam Paris Années 1960 Populaire Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 20 janvier 2008

André, le mari d'Annette Letellier est employé de banque, et c'est à son sujet que les gendarmes débarquent un beau matin chez elle pour lui annoncer sa mort ; apparemment dans un accident mais assurément dans des circonstances obscures. L'inspecteur Cuchet embarque avec lui Annette pour aller reconnaître le corps, mais c'est dans un tribunal de province qu'elle est amenée pour être pressée de questions sans toutefois obtenir la moindre explication sur sa présence dans ces lieux.
Commissariat ensuite, on on la laisse longuement poireauter. Et puis vient la "révélation" : à Paris, quai des Orfèvre, avec une manchette dans le journal :

Brûlé vif sur la route
avec le million (100 millions anciens)
volé quelques heures auparavant
dans une banque parisienne.

Annette est soupçonnée de complicité…

Noces de Soufre s'engage comme une histoire policière classique où il est question de hold-up et d'acharnement policier sur une pauvre femme sans défense qui n'a d'autre tort que d'être la compagne d'un employé de banque trop gourmand. Jean Amila y montre des méthodes policières basées sur l'intimidation.
Et puis apparaît bien vite qu'une partie du magot a disparu dans la bataille et qu'on ne sait pas qui a bien pu en profiter. S'agit-il de Thérèse, l'amie d'enfance d'Annette mais aussi la maîtresse de son mari ; s'agit-il de Jean-Pierre, le fils entreprenant du détective engagé par Annette pour suivre son mari volage ; ou encore de Lentraille, le petit flic fouineur aux étranges méthodes qu'on retrouve à tous les "croisements de cette affaire ; voire même du commissaire Verdier, le grand patron du quai ?…

Il y a là comme un air de théâtre de boulevard qui se dégage. Ça crie, ça pleure, ça gouaille… Sauf qu'il n'y a pas d'amant dans le placard, tout juste un magot.
Et puis d'un coup, sans crier gare — et c'est sans doute le seul bémol à mettre à ce roman —, on bascule dans le tragique et dans le drame… conjugal.
Dans cette seconde partie, Jean Amila fait du couple et de ses carcans le cœur de son récit, et ce sont quelques pages magistrales que l'on tourne ; des pages qui évoquent la sexualité :

C'était total, c'était l'Éternité. Et toute une vie valait de vivre cet instant ! Elle se collait à lui dans une vigueur de jeunesse goulue ; femelle vaincue sous la patte du mâle… et tout le reste était littérature, morale et instruction civique : enfantillages !

Les rapports hommes-femmes, ce qui se joue là, dans cette dualité, dans ce mariage :

Tous les couples tu m'entends ! Tous les couples qui ont du sang sous la peau connaissent ce stade des noces de soufre ; à qui des deux sera le plus fort, à qui vaincra ! Et c'est la manière de sortir de ces noces-là qui fait la grande classe d'un couple, ou bien sa déconfiture dans la haine baveuse, la résignation à son niveau le plus crétin, ou la crime !

Pour finir par simplement parler d'amour, et d'une certaine animalité :

Amour, sentiment rude, coït, sang et combat ! Réservé aux pionniers et aux assassins, et tellement au-dessus de l'habituelle et pâle caricature à bichonnage et allocations familiales : décadence !

Un exceptionnel final qui fait bien vite oublier cette "bascule" incongrue qui donne l'impression — mais peut-être n'ai-je pas tout suivi — d'une impasse dans la construction qui s'ouvre d'un coup sur un horizon "merveilleux".
À lire…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

N'hésitez pas à approfondir votre lecture de Jean Amila, c'est toujours un plaisir, sinon un régal…
Autrement, toujours à propos du couple et des rapports amoureux, et quoique dans un autre registre, peut-être le roman de William Lashner, Vice de Forme, trouvera-t-il gré à vos yeux.

Le début...

Les dix premières lignes...

Sommeil du petit jour ; le plus profond.
Perdue au fond du lit à couette, elle mit du temps à émerger. On tambourinait et on l'appelait.
— Annette !… Annette, réveille-toi !
La vois de sa mère. Et, de nouveau le tambour contre la porte de sapin.
— Oui !
Elle alluma à la poire du lit, se leva, ouvrit.
— Les gendarmes, dit la mère.
— Quoi ?
— Ils sont en bas. Ils veulent te parler, à toi (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Il n'en avait pas profité longtemps, des cents briques du hold-up des Halles : un mauvais virage, un pont mal placé, et tout, fric et bonhomme, était parti en fumée.
Mais c'est un bien curieux flic qui enquête sur l'accident, et les deux éplorées — la veuve et la petite amie — soupçonnent Lentraille de quelques entorses à la légalité : par exemple d'avoir volé le magot et maquillé le crime en accident.
Rien que ça !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean Amila










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