La Bonne Tisane

Jean Amila

Gallimard / Série Noire - 1955

Tags :  Polar social Comédie Crime organisé Complot Truand Quidam Paris Années 1950 Populaire Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er mars 2007

René le Comte est de retour à Paris après dix-huit mois d’absence, dix-huit mois durant lesquels son amie Maine a fait tourner la boutique, autrement dit les clandés du parrain. Elle a aussi goûté à l’indépendance, comme Roger, le chauffeur. Une sacrée saveur...
René doit remettre les pendules à l’heure, anéantir les velléités de dispersion, tenir son monde, mais en visitant quelques jeunes louveteaux, une mauvaise surprise l’attend...

Jean Amila nous présente un trio de gangsters à la papa tout droit sorti des faubourgs parisiens, une vraie image d’Epinal, caricaturale à souhait. René, le caïd ; Maine, la patronne, la tenancière ; Roger, le chauffeur, la petit bras droit prêt à toutes les trahisons. Dès lors que René est laissé pour mort après une altercation qui tourne mal, le beau Roger va s’employer à le trahir au plus vite, méthodiquement, par n’importe quel moyen, afin d’enfiler ses bottes — trop grandes pour lui — et reprendre son business avant qu’un autre n’en ait l’idée.
En parallèle, on suit Thérèse et ses amies, Sylvie et Aline, jeunes apprenties infirmières à l’hôpital voisin, tellement proche que tout ce petit monde va finir par se croiser au cours d’une nuit particulièrement mouvementée, la première nuit de garde de Thérèse.

La gouaille de Jean Amila est à nouveau au rendez-vous, plus affûtée que jamais, et la brochette de truands présentée fait irrémédiablement penser à celle mise en scène par Audiard dans Les Tontons Flingueurs. Sauf que pour le coup, Amila fait plutôt figure ici de "précurseur" puisque La Bonne Tisane paraît en 1955, à l’époque où il signe encore à l’américaine sous le prénom de John.

Comme à son habitude, les personnages sont taillés à coups de serpe, précis :

La porte fut ouverte d’un coup de pied et laissa passage à un gnard baraqué en largeur. Il avait une bressant de supporter sportif, un regard clair et vide qui sentait le laxatif, et des replis de la nuque, à croire qu’il avait été tassé au marteau-pilon. Veston en tweed, maillot roulé qui avantageait une brioche naissante, il faisait penser à un manager, chef de rubrique sportive, ou président de fédération : un épais !

Et il en est ainsi tout au long du récit...

Mais Jean Amila n’en oublie pas pour autant les petites gens chers à son cœur, de ceux qu’il n’hésite pas à plonger dans des situations inattendues. Ici, ce sont de jeunes infirmières dont il décrit le quotidien, de celles qui apprennent à sauver des vies et à vider des bassins, de celles qui côtoient la mort et tentent, tant bien que mal, de l’apprivoiser.

La Bonne Tisane se lit d’une traite, sans forcer, comme une bonne tranche de rigolade, un sourire calé aux bord des lèvres, au bord des yeux. Jean Amila est en pleine forme, il maîtrise parfaitement l’efficacité de sa plume, le fleuri de sa langue. Viendra plus tard le temps de se faire plus grave...


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Le début...

Les dix premières lignes...

Mais quel jour était-ce donc ?
Quel jour, ou plutôt quelle nuit, car le soleil allait se coucher.
À la réflexion, ce devait être le début d’une nuit d’équinoxe. La journée avait été lourde. Dans le métro, la sortie des bureaux et des usines offrait le débraillé d’un été finissant. Dans les rues, les réverbères venaient de s’allumer.
Roger conduisait lentement, très lentement, comme s’il cherchait un endroit où s’arrêter.
Il n’avait cependant que l’embarras du choix, car la rue était déserte (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

À moi, Comte, deux mots ! ... Deux mots, ou deux guillerettes dans les tripes ! Et voilà le Comte étendu pour le compte ! Alors, dans certain milieu, ça commence à bouger. Parce que le Comte, ennemi public et gros bras numéro Un, il vaut sûrement plus de briques qu'un ministère de la reconstruction. L'héritage est fabuleux. Un bon milliard à se partager. De gré ou de force ! Chacun dans sa partie veut chausser les bottes du mort ! Oui, mais le Comte n'est peut-être pas si mort que ça...


L'auteur(e)...

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Jean Amila










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