Ian Rankin

Un avis personnel...

Publié le : 11 octobre 2025

Après quelques incursions aux limites du genre, je me suis dit qu’il était temps de revenir aux fondamentaux et de s’offrir un petit retour aux sources avec un pur polar procédural. Un crime, un flic, une enquête ; une recette qui a fait ses preuves.

L’inspecteur Rebus fait partie de ces personnages récurrents de flics qui jalonnent l’univers du roman policier, tels les Maigret, les Harry Bosch, les Kurt Wallander ou qui sais-je encore. Voilà trente ans et quelque vingt-cinq romans qu’il traîne ses guêtres en Écosse à résoudre affaire sur affaire et c’est pour finir en prison, accusé d’une tentative de meurtre sur la personne de son meilleur ennemi : Big Cafferty.
Il est incarcéré depuis six mois, affecté dans un quartier sécurisé du fait de sa qualité d’ancien flic, et potentiellement sous la protection de Darryl Christie, caïd local qui a pris la suite de Cafferty. Il attend son procès en appel.

Pour l’heure, Jackie Simpson, un détenu, vient d’être assassiné dans sa cellule et Rebus, s’il est un prisonnier comme les autres, n’en conserve pas moins une âme d’enquêteur. D’autant qu’il se murmure qu’un gardien, voire plusieurs, seraient impliqués.
Rebus est toujours en contact avec son ancienne partenaire Siobhan Clarke qui demeure son contact dans la police depuis sa retraite. Elle-même confrontée au même moment à la disparition inexpliquée d’une jeune collégienne, Jasmine Andrews.
Quant à Malcolm Fox, le mal aimé trop rigide sur la procédure, exact opposé de Rebus, il se désole de la mort inopinée et brutale de son indic en prison, Jackie Simpson.

Je souhaitais du classique en entamant cette lecture et j’ai été servi. Ian Rankin a du métier, il connaît son affaire et déploie ici tout son talent pour mener à son terme son récit. Sans recourir au rythme échevelé qui prévaut souvent aujourd’hui, il parvient à ne jamais ennuyer son lecteur dans cette affaire qui ressemble à s’y méprendre à un meurtre en chambre close, mais modernisée avec intelligence.
Avec son flic retraité emprisonné, Ian Rankin nous fait visiter l’univers carcéral anglo-saxon, bien différent de celui qu’on pratique en France, où les détenus ne restent pas enfermés dans leurs cellules et peuvent vaquer à leurs occupations dans leurs quartiers jusqu’à l’extinction des feux. C’est là que Rébus tente de se frayer un chemin vers une vérité qui mettra du temps à émerger.
Un crime, un flic, une enquête, c’est la version la plus classique. Ici, époque oblige, on aura bien droit à un crime, mais à trois flics et deux enquêtes distinctes (dans un premier temps, forcément). Trois flics et donc trois manières d’aborder les investigations et de résoudre les mystères.
C’est du classique, très classique même, mais efficace et porté par des dialogues tirés au cordeau. On sent un plaisir d’écriture chez Ian Rankin qui se transmet à la lecture et donne au final un résultat des plus convaincant, si bien qu’on espère retrouver encore, malgré son âge, l’inspecteur Rebus. Et pourquoi pas libéré des griffes de la justice.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Si vous appréciez les personnages récurrents, l’inspecteur John Rebus est une bonne pioche. D’autant qu’il n’est jamais seul et que gravitent autour de lui des personnages « secondaires » qui méritent tout autant le détour : Siobhan Clarke, miss droit dans ses bottes, ou Malcolm Fox, l’arriviste tordu, sans oublier Big Ger Cafferty, l’alter ego mafieux. Il y a de quoi faire…

Le début...

Les dix premières lignes...

Rebus sentit que quelque chose n’allait pas avant même que l’alarme ne se déclenche. Il était dans la file d’attente du petit déjeuner, à écouter le Sorcier qui crachait son demi-poumon comme à son habitude. Personne ne parlait jamais de la hiérarchie ; elle se mettait en place naturellement. Ceux susceptibles de jouer les gros bras ou de s’énerver contre quelqu’un passaient en premier alors que les autres s’agglutinaient derrière en une ligne désordonnée. Le Sorcier était deux places devant Rebus, ce qui lui convenait parfaitement. Le bonhomme n’était sans doute pas plus âgé que lui, même s’il faisait plus, et il était en prison depuis plus longtemps que quiconque. De son vrai nom Gareth Wallace, il devait le surnom de Sorcier à ses longues boucles grises et sa barbe plus longue encore. Il se courbait en avant à chaque fois qu’il toussait, sans jamais prendre la peine de se couvrir la bouche. Les nouveaux arrivants faisaient des blagues sur le Covid jusqu’à ce qu’ils se rendent compte que tout le monde les connaissait par cœur. Quand Rebus se retourna, il trouva Ratty. L’homme semblait se ratatiner un peu plus chaque jour. Pour une fois, ses yeux encore plus plissés qu’à l’accoutumée ne suivaient pas la progression de la file d’attente. Il hocha légèrement la tête lorsqu’il se rendit compte que Rebus l’observait.

La fin...

Quatrième de couverture...

Après des années à envoyer les malfrats d’Édimbourg derrière les barreaux, l’inspecteur John Rebus n’avait guère prévu de s’y retrouver lui-même. Une position plutôt hasardeuse pour une tête brûlée comme lui. Surtout que, lorsqu’on découvre un prisonnier assassiné dans sa cellule, l’atmosphère déjà tendue de la prison devient électrique. La méfiance entre détenus et gardiens ne cesse de croître, Rebus est écartelé entre son ancienne vie et sa situation actuelle, et c’est précisément lui qu’on accoste de toutes parts pour tenter de glaner des informations.
Son flair de fin limier et ses réflexes acquis à la dure lui permettront-ils de survivre dans cette zone à l’ordre précaire ? Car sans badge de police et sans filet de sécurité, Rebus marche sur la corde raide.
Et c’est sa vie qui est en jeu.