Balanegra

Marto Pariente

Gallimard / Série Noire - Avril 2025 - Traduction (espagnol) : Sébastien Rutés

Tags :  Comédie Truand Espagne Années 2020 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 11 août 2025

Dans le village de Balanegra vit Coveiro, fossoyeur septuagénaire et gardien du cimetière. Chaque matin, il part chasser, uniquement du gros gibier — une éthique personnelle — et revient bredouille, même lorsqu’il a réussi à débusquer un sanglier.
Coveiro est un ancien tueur à gages retiré des affaires, un métier qu’il a toujours exercé avec la même éthique qui continue à guider ses pas.
Il vit avec son neveu autiste.

Chester est journaliste et Le Russe flic. L’un informe l’autre. Un étrange accident a eu lieu, qui pourrait ouvrir sur un scoop. Le conducteur, bardé de tatouages, est mort dans la collision. Inconnu des services de police. Mais dans le coffre du véhicule, on a retrouvé le cadavre d’une jeune fille, violée, et les analyses ADN ont révélé l’implication du fils d’un(e) magnat de la viande industrielle, le politicien León de Miguel, le même qui vient de mourir d’un infarctus lors de la perquisition qui a suivi.
Si ça c’est pas du scoop… D’autant que beaucoup voudraient garder l’affaire sous silence.

Et c’est donc au cimetière de Balanegra qu’on choisit de cacher la tombe de León le pédophile, sur ordre de sa mère Rubi, la reine du cochon.

Une écriture cinématographique, un découpage de scènes au cordeau, des chapitres très courts, un déferlement de violence à la Tarentino, mais aussi le côté déjanté des frères Coen, accompagnent une galerie de personnages hauts en couleur : Rubi la marâtre, mi-bouchère, mi-mafieuse ; Dudas Franco dit le Duc, son éminence grise ; ses enfants les frères Miguel, dégénérés à souhait ; les irrésistibles Bobby et Bobby, couple de tueurs à gages.
Une affreuse bande de méchants patibulaires que va devoir affronter Coveiro pour sauver son neveu.

On ne réveille pas un chat qui dort, vous connaissez l’adage. Il s’applique parfaitement à Balanegra et au personnage de Coveiro. Sauf qu’on n’est pas aux États-Unis ou chez d’autres anglo-saxons, mais en Espagne, chez les latins, et que Marto Pariente, dont on a pu découvrir le talent avec son premier roman La Sagesse de l’Idiot, tient la plume. Résultat : Coveiro n’est pas Rambo, mais alors, pas du tout.
Son ancien tueur à gages a plutôt l’air d’un vieux paysan, un homme qui a décidé de terminer sa vie loin du bruit et de la fureur de la ville, dans le silence d’un cimetière de village.

En ramenant la vie humaine à une seule année, on aurait pu dire que Coveiro approchait déjà de l’hiver. Les feuilles qui tombent, c’étaient les dents ; les oiseaux qui se font la malle direction le sud, c’était la tension, le sucre, deux reins aussi secs que des figues de Barbarie et une prostate grosse comme un chargeur bourré de balles à blanc.
Voilà où il en était.
Coveiro, cet arbre sec en haut d’une colline pelée.

Marto Pariente construit son intrigue pas à pas, introduisant ses personnages à grand fracas, par surprise, avant de nous expliquer, peu à peu, qui ils sont et pourquoi ils sont là. Le tableau, baroque, se révèle au fur et à mesure que les voiles s’envolent, poussés par un vent de folie. Car quand même, dans cette comédie noire, toutes celles et ceux qui tournent autour du cadavre de León de Miguel et de sa mère Rubi sont bien barrés.
Sans jamais insister, Marto Pariente nous décrit chez ceux-là — une sorte d’élite industrielle bourgeoise — une propension à se vouloir au-dessus des lois. Bien sûr il force le trait, caricature, exagère, mais on reconnaît dans ses mots ce qui avait fait, entre autres, la saveur de son premier roman.
Pour le reste, et malgré l’outrance, rien n’est laissé au hasard. L’intrigue est rigoureuse, développée avec soin et on ne s’ennuie jamais sur les traces de Coveiro. Une belle confirmation.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le polar ibérique (que je ne connais pas tant que ça) a une saveur bien particulière. Je me souviens encore de la délectation que j’avais ressentie à la lecture de Paco Ignacio Taïbo II et de son A Quatre Mains. Plus récemment, on peut bien sûr citer Carlos Salem et notamment son dernier roman Ceux qui Méritent de Mourir.
Et bien sûr, si vous n’avez pas déjà lu La Sagesse de l’Idiot, du même Marto Pariente, je ne peux que vous encourager à réparer sans tarder cette erreur.

Le début...

Les dix premières lignes...

Il allait falloir encore deux bonnes heures au vieux fossoyeur de Balanegra pour rentrer chez lui. Les mains vides. Il parcourut le chemin sans hâte, le soleil du matin qui montait dans son dos rétrécissait son ombre. Il suivit le ravin et laissa derrière lui les contreforts de la sierra, à l’endroit où l’or des champs moissonnés parsemés de chênes verts succède aux ronces brunes et à la noirceur du granit et de l’ardoise. Après quelques minutes de descente, les étroits sentiers tracés par des animaux et les pierriers humides sous les broussailles finirent par disparaître. Il longea alors un champ de blé, avec ses balles de foin prêtes pour le transport. Il s’arrêta pour rajuster la bretelle de son fusil sur son épaule. Il cracha sèchement entre ses dents, le bout de sa langue pointant sous ses incisives, et essuya la sueur de son front avec la manche de sa chemise.
Voilà plus d’une semaine qu’il suivait cette piste et, bien qu’il ait eu l’animal dans sa ligne de mire, il rentrait encore bredouille. Il se demanda si vieillir voulait nécessairement dire mollir.


La fin...

Quatrième de couverture...

À la mort de son frère, Coveiro est venu s’installer à Balanegra pour s’occuper de Marco, son neveu autiste et désormais orphelin. Après avoir été tueur à gages, le voici devenu fossoyeur : une sinécure ! Mais lorsque Marco — qui passe son temps à arpenter le cimetière — est enlevé quelques heures à peine après l’inhumation d’un politicien accusé de pédophilie et décédé étrangement lors d’une reconstitution judiciaire, Coveiro n’a d’autre choix que de ressortir les armes et de réveiller le tueur qui sommeillait en lui. Un western noir, drôle et sanglant.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Marto Pariente










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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

La Sagesse de l'Idiot