Vanda

Marion Brunet

Albin Michel - Janvier 2020

Tags :  Roman noir Polar social Polamour Psychologie Quidam Marseille Années 2020 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 09 septembre 2023

Vanda, un simple prénom, une histoire (peu) banale.
Dans un sud où l’on reconnaît aisément Marseille, bien que la ville ne soit étonnamment jamais explicitement nommée, Vanda mène une vie précaire en compagnie de son fils Noé, qu’elle surnomme affectueusement Bulot. Entre les deux, c’est un amour fou, exclusif, envahissant, un ancrage qui permet à la mère de survivre dans une réalité insupportable et à son fils de bénéficier de toutes ses attentions. Vanda n’est pourtant pas un modèle à suivre, du moins pour les âmes bien pensantes. Elle est sauvage, voire animale, solitaire, en marge, et ses rares compagnons sont de la même engeance, bringuebalant à la lisière du « système », qu’elle côtoie plus qu’elle n’accepte dans sa vie.
Elle élève seule son fils de six ans, vit dans un bungalow à la limite de l’insalubrité, mais face à la mer tout de même, et exerce le doux métier de femme de ménage dans un institut psychiatrique. Elle se plie tant bien que mal aux obligations, ravalant sa colère qui déborde devant ce monde qu’elle rejette autant qu’il l’exclut.

Simon, quant à lui, est un grand benêt trentenaire dont la mère vient de décéder. Il est de retour à Marseille pour les formalités, dans cette ville où il a grandi avant de la quitter pour la capitale.
Cette disparition le confronte à de nouvelles responsabilités, tout ce qu’il déteste. C’est un bon gars, il n’a rien de méchant, il a juste oublié de grandir, déteste les conflits, s’arrange toujours pour contourner les problèmes avant de fuir. Un mec comme les autres, qui caresse mollement un désir de paternité avec sa compagne Chloé qui, elle, ne souhaite pas d’enfants. Il n’a pas vraiment abdiqué, mais laisse l’horloge tourner sans rien y faire.
Simon ne sait pas qu’il est le père de Noé.

Comme sept ans plus tôt, c’est le hasard qui va faire se croiser à nouveau ces deux énergumènes. Leurs histoires ont bifurqué, profondément, mais Noé rappelle qu’ils se sont (peut-être) aimés.
Apprenant son existence, Simon ne veut pas se contenter d’être son géniteur, il a dans l’idée de devenir son père…

Marion Brunet a cette faculté de dresser des portraits d’une justesse infinie tout en pratiquant une économie de moyens impressionnante. En moins de deux cents pages, elle récidive avec Vanda, cette anti-héroïne brute de décoffrage qui se débat dans une société qui n’a que faire d’elle et de son rejet des normes. Vanda est en marge, à la lisère. Le dernier contact qu’elle conserve avec le « système », elle le doit à son fils Noé. C’est pour lui qu’elle travaille, pour lui offrir un toit, même branlant, ou un semblant d’éducation normalisée.
Les personnages féminins sont prédominants chez Marion Brunet, les laissés pour compte aussi. Vanda en est l’exemple parfait, animal sauvage qui couve son petit, montre les crocs lorsqu’on l’approche de trop près, elle ne se laisse faussement apprivoiser que pour mieux le protéger, à sa manière.
Quant à la figure masculine de cet ersatz de cellule familiale réduite à la plus simple expression, elle n’est, comme souvent, pas à son avantage. Mais là encore, le portrait est juste.


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Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les portraits de « femmes puissantes » se font plus nombreux aujourd’hui. Dans un genre différent mais avec un personnage tout aussi attachant, on peut se pencher sur le cas de Mary Pat dans Le Silence de Dennis Lehane.

Le début...

Les dix premières lignes...

Il restera pas.
Elle l’a reconnu tout de suite, s’est arrêtée de respirer, glacée. Il boit près des enceintes, remue à peine dans un balancement raisonnable de la tête, le sourire ennuyé du mec qui n’a pas traîné dans ce genre d’endroit depuis longtemps.
Qu’est-ce qu’il fout là ? Vanda ne l’a pas revu depuis presque sept ans. Sept ans c’est loin, une autre vie – formule éculée pour une réalité charnelle. Le type ne bouge pas, il y a longtemps déjà il était comme ça, incapable de danser, le corps qui s’empêche, il n’y avait que dans le sexe qu’il devenait mouvant, surprenant de désordre et prêt à l’envol (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Personne ne connaît vraiment Vanda, cette fille un peu paumée qui vit seule avec son fils Noé dans un cabanon au bord de l’eau, en marge de la ville. Une dizaine d’année plus tôt elle se rêvait artiste, mais elle est devenue femme de ménage en hôpital psychiatrique. Entre Vanda et son gamin de six ans, qu’elle protège comme une louve, couve un amour fou qui exclut tout compromis. Alors quand Simon, le père de l’enfant, fait soudain irruption dans leur vie après sept ans d’absence, l’univers instable que Vanda s’est construit vacille. Et la rage qu’elle retient menace d’exploser.
Grand Prix de Littérature policière pour L’Été Circulaire, Marion Brunet déploie tout son talent dans cette magnifique tragédie contemporaine qui mêle la violence sociale à la grâce d’une écriture sensible et poétique. Un poignant portrait de femme et de mère où l’intime rencontre la brutalité de notre société.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

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