Denoël - Janvier 1998 - Traduction (anglais) : Yves Sarda
Tags : Comédie Corruption Arnaque Détective privé Floride Années 1980 Humoristique Plus de 400 pages
Publié le : 1er février 2024
En Floride, Robert Clinch est un pêcheur amoureux de son bateau. Il y tient comme à la prunelle de ses yeux, c’est sa plus grande fierté et sa raison de vivre, mais sa dernière sortie se termine mal : on retrouve son cadavre noyé.
Quant à RJ Decker, il s’agit un détective privé que le richissime Dennis Gault tente d’embaucher pour enquêter sur une tricherie de la part de son concurrent Dickie Lockhart lors des concours de pêche ; une activité très lucrative générant beaucoup d’argent.
Le black-bass à grande bouche est un poisson « démocratique » qui pullule du nord au sud des États-Unis et offre à l’industrie des loisirs de plein air de fabuleuses perspectives. N’importe qui peut le pêcher n’importe où vu que la bestiole bouffe n’importe quoi. Ce n’est pas ce qu’on appelle un poisson « noble », comme la truite arc-en-ciel, mais il rapporte beaucoup. À travers tout le pays, de nombreux concours sont organisés pour déterminer qui attrapera le plus gros, richement dotés par les industriels du secteur. Quant aux pêcheurs, mâles et blancs, ils ont de gros bateaux avec de gros moteurs, de grosses bagnoles pour les tracter et tout un attirail avec de gros moulinets pour la pêche, au gros.
Dickie Lockhart l’a bien compris. Il réalise une émission de télévision, produite par des évangélistes exigeants, et pratique allègrement le placement de produits. Mais contrairement à Dennis Gault, il gagne rarement les plus gros concours et sa réputation, donc son audience, en pâtit. D’où la triche…
Decker n’est pas le premier enquêteur sollicité par Gault. Avant lui, c’est Bobby Clinch qui s’y est collé. Une affaire qui s’est mal terminée…
Fidèle à ses habitudes, Carl Hiaasen se fait défenseur des paysages sauvages de la Floride et pourfendeur de ceux qui la défigurent à grand renfort de dollars. Ici, c’est non seulement le business de la pêche qui est en cause, mais aussi les trafics immobiliers qu’il engendre. On comble les marécages pour y construire de somptueuses résidences à prix d’or avec accès direct au lac artificiel truffé de « bass ». Efficace, et très rentable.
L’avidité des magouilleurs de tout poil, associée à la corruption des politiques, fait des ravages.
Carl Hiaasen traite le tout avec l’humour déjanté et toute l’exagération qu’on lui connaît, aidé d’une galerie de personnages hauts en couleur, au premier rang desquels Skink, l’hirsute guide de pêche et ermite déjanté qui n’est autre que l’ancien gouverneur de l’état, contraint à la démission quelques années plus tôt par ses congénères indélicats, ou encore Jim Tile, ce flic noir intègre perdu au milieu de ses collègues racistes, tous deux accompagnant Decker dans son enquête au péril de leur vie.
Avec ce second roman publié, Carl Hiaasen poursuit la mise en place du style qui deviendra sa marque de fabrique. Sur fond de défense de l’environnement, il fustige les institutions américaines qui font la part belle aux pires excès des escrocs patentés, prenant un malin plaisir à les mettre à mal au fil des pages. Sans doute cet épisode aurait-il mérité un « rabot » d’une centaine de pages pour gagner en nervosité et en efficacité, mais on ne boude pas son plaisir lorsque sonne l’heure de la vengeance. Les « méchants » seront tous gravement punis.
À noter qu’en plus de s’en prendre au secteur de la pêche sportive, véritable industrie « débile » comme savent très bien les inventer les Américains, Carl Hiaasen réserve certaines de ses cartouches pour la caste des évangélistes et les dégâts qu’ils peuvent engendrer. N’oublions pas que le roman a été publié pour la première fois en 1987 et qu’il fait ainsi figure de précurseur.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Carl Hiaasen fait partie de la longue liste des auteurs de polar qui pratique la comédie déjantée pour délivrer un message plus « profond ». Parmi ses collègues d’outre-Atlantique, on peut citer par exemple Christopher Moore, mais l’hexagone n’est pas en reste sur le sujet : Sébastien Gendron, Jacky Schwartzmann, Francis Mizio ou Benoît Philippon sauront aisément vous en convaincre.
Les dix premières lignes...
Le 6 janvier, deux heures avant l’aube, le dénommé Robert Clinch s’extirpa de son lit, se frottant les yeux de sommeil. Il enfila trois paires de chaussettes, une chemise de flanelle bleue, un treillis kaki, une montre étanche Timex, et se coiffa d’une casquette bordeaux portant, au-dessus de la visière, un écusson-réclame pour les « Vers plastique Mann ».
Clinch gagna la cuisine à pas de loup, se prépara du café, plus des œufs brouillés (quatre, avec du ketchup), une saucisse Jimmy Dean de 250 grammes et deux tartines de pain complet à la confiture de raisin. Tout en mangeant, il écouta le bulletin météo à la radio. La température extérieure était de huit degrés, avec un taux d’humidité de trente-cinq pour cent, et le vent soufflait du nord-est à douze kilomètres/heure. D’après M. Météo, il fallait s’attendre à d’épaisses nappes de brouillard sur la route, entre Harney et le lac Jesup. Robert Clinch adorait rouler dans la purée de pois parce que ça lui donnait l’occasion de se servir des phares orangés antibrouillard de son nouveau pick-up Blazer (…)
Quatrième de couverture...
TUANTS !... Ces concours de pêche le sont à plus d’un titre. Sur les lacs de Louisiane et de Floride, une chaîne de télévision évangéliste organise des concours pour pêcher le black-bass, mais les poissons ne vont pas être les seuls à y passer. Le jour où R.J. Decker se met à enquêter sur la corruption dans les milieux de la pêche, il va comprendre que de gros requins nagent dans ces eaux-là et que la mort risque d’être au bout de la ligne.
Avec une verve et une truculence qui n’appartiennent qu’à lui, Carl Hiaasen nous livre un nouvel épisode décapant de sa chronique des mœurs américaines dans cette Floride qui lui tient tant à cœur.
Sa trombine... et sa bio en lien...
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