Le Dernier Baiser (Le Chien Ivre)

James Crumley

Fayard - 1980 - Traduction (anglais) : Philippe Garnier

Tags :  Roman noir Comédie Road Polar Détective privé Amérique profonde Années 1980 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er mars 2006

Recommandé Il est des romans qui vous font voyager bien au-delà des kilomètres parcourus. Il est des auteurs qui vous parlent bien au-delà des mots qu'ils emploient. Le Dernier Baiser et James Crumley sont de ceux-là.
C'est en compagnie du détective C.W. Sughrue et sur les traces de l'écrivain Abraham Trahearne que s'ouvre le récit, la balade plutôt, le voyage, qui les verra traverser l'ouest américain et y écumer les bars avant que la cliente, l'épouse, ne récupère son mari, avant que Sughrue ne bifurque aussi et ne parte à la recherche d'une jeune fille disparue depuis dix ans et que tout le monde croit morte. Sauf sa mère...
Ne cherchez pas à découvrir le coupable, il est tout désigné : c'est cette chienne de vie ! À travers des personnages hauts en couleur – sans doute est-ce parfois dû à un léger abus d'alcool – James Crumley parle tout simplement d'elle, qui jamais ne se laisse faire, et tout ça dans un style on ne peut plus direct, fulgurant, avec des dialogues on ne peut plus justes.
Bien sûr ses protagonistes sont un peu décalés, c'est le moins qu'on puisse dire, bien sûr on ne rencontre pas tous les jours un écrivain affublé d'un chien alcoolique, c'est certain. Mais justement ! Alors ne boudons pas notre plaisir.
Ce Dernier Baiser, dont la légende (?) dit que son auteur travailla son premier chapitre durant dix-huit mois avant d'en être satisfait, est un chef d'œuvre, tout simplement.
de mettre un terme à tout ça, voulant prolonger le plaisir encore un peu.


Le Commentaire de Sophie

Roman fleuve, débraillé, bordélique, comme tous ceux de Crumley.
Dans la bonne vieille tradition du roman noir, avec un détective alcoolique mené en bateau de A à Z, fataliste, et terriblement compréhensif sous des dehors d'ours mal léché.
C.W. Sughrue est embauché par Catherine Trahearne, pour retrouver son bon à rien d'ex-mari, écrivain à succès en panne d'inspiration et alcoolique à plein temps. CW court après Abraham pendant trois bonnes semaines avant d'arriver à lui mettre la main dessus, accoudé à un zinc et flattant l'échine d'un bouledogue alcoolique, lui aussi.
Le roman s'ouvre, comme La Danse de l'Ours, sur une scène hallucinante de baston, pecnos contre détective, tavernière planquée sous le comptoir, et écrivain récoltant une balle perdue.

Tout ça semble simple, compréhensible. Malheureusement pour CW, Rosie, la tenancière du bistrot lieu de la tragédie, lui demande de jeter un œil ou deux pour retrouver la trace de sa fille disparue depuis dix ans.
Comme d'autres mâles avant lui, CW se lance à la poursuite de cette beauté qu'était Betty Sue Flowers, fouinant dans les anciennes communautés hippies, les coins glauques, demandant des renseignements à toutes sortes de gens peu recommandables.
Et par la même occasion, il met son nez dans une embrouille tout ce qu'il y a de désespérante.
Parallèlement, il joue les nounous pour Abraham Trahearne, et côtoie d'un peu trop près les différentes femmes frayant dans la vie du grand homme.

Peut-être cinquante ou cent pages de trop dans ce polar mené vitesse grand V. L'intrigue se perd un peu sur la fin, à se demander si l'auteur n'a pas été saisi d'une crise aigue de nostalgie, l'empêchant de mettre un terme à tout ça, voulant prolonger le plaisir encore un peu.
Mais malgré tout, c'est du très bon.
Et toujours un grand plaisir de replonger dans l'univers bordélique et adorable de Crumley.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

The Last Good Kiss a paru aux États-Unis en 1978 avant de connaître une traduction française sous le titre Le Chien Ivre, sortie chez Fayard et aujourd'hui épuisée. Il sera réédité en 1986 chez 10/18 comme Le Dernier Baiser qui est de même épuisé, mais rassurez-vous, il se murmure qu'une sortie prochaine est prévue dans la collection Folio Policier (d'ailleurs, c'est désormais chose faite).

Et pour aller chercher du côté des racines, un bon Chandler des familles vous ravira sûrement...

Le début...

Les dix premières lignes...

Quand j'ai finalement rattrapé Abraham Trahearne il était en train de boire des bières avec un bouledogue alcoolique nommé Fireball Roberts dans une taverne mal en point juste à la sortie de Sonoma, en Californie du Nord ; en train de vider le cœur d'une superbe journée de printemps. Trahearne en était à près de trois semaines de foire et de ballade, et avec ses fringues kaki toutes fripées, le grand homme ressemblait à un vieux soldat au bout d'une longue campagne qui essaierait de faire durer ses bières pour faire passer le goût de mort qu'il avait dans la bouche (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

« Tu pourrais t'amener ici dimanche comme ça sur un coup de tête.
Disons que ta vie ne tient plus le choc, le Dernier baiser qui a compté pour toi c'était il y a des années.
Tu marches dans ces rues tracées par des fous.
Tu passes devant des hôtels qui n'ont pas tenu le coup. Pas comme les bars, les rois du volant du coin se donnent bien du mal juste histoire d'accélérer leur vie.
Il n'y a que les églises qui soient entretenues.
La prison a fêté ses soixante-dix ans cette année.
Son unique pensionnaire s'y trouve toujours, il ne sais toujours pas ce qu'il a fait pour... »
Richard Hugo
Gris dégradé à Philipsburg


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

James Crumley










Edition(s)...

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Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

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