Conduite Accompagnée

Philippe Carrese

Fleuve Noir - Avril 2002

Tags :  Comédie Trafic Marseille Années 2000 Original Humoristique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 30 juin 2005

Bonjour la famille Martin : Jean-Pierre, le père, directeur des laboratoires pharmaceutiques du même nom, qui a fait de la discrétion une religion, une devise ; Martine, la mère, bourgeoise liftée et pomponnée qui tente de combattre son ennui à coups de Master Card ; Pierre-Laurent enfin, le fils, adolescent en pleine crise d'acné qui s'échine sur son clavier d'ordinateur à recomposer La Guerre des Étoiles pour en faire un jeu vidéo... Et c'est dans cette douce quiétude qu'un matin débarque la télé : une initiative de Madame qui a offert le cadre de leur villa pour le tournage d'une émission de variétés ciblée prime time du samedi : Stras'n Strass !
Devant le capharnaüm qui vient de violer l'intimité de son gazon anglais et avant de risquer la crise d'apoplexie, Jean-Pierre décide de faire avec son fils une petite séance de conduite accompagnée, histoire de se calmer un peu les nerfs.
Après un arrêt au tabac local en quête de gommes à l'eucalyptus, ils tombent nez à nez avec un certain François Drèche, dit Biquette, une vieille connaissance de lycée de Martin père. D'ailleurs Jean-Pierre voudrait bien abréger les retrouvailles, mais l'autre s'accroche : il propose en insistant de "remonter l'orchestre". quelque peu interloqué, Jipé en perdrait presque son flegme déjà bien entamé par l'arrivée de l'équipe télé et se propose d'envoyer promener l'importun quand celui-ci porte l'estocade : le fils caché du directeur des laboratoires Martin, Rachid, 32 ans à peine, résultat d'amours de jeunesse avec la propre sœur de François Drèche. Cette fois, la cœur a bien failli lâcher, mais lorsque l'AX Sport orange de Biquette, garée au beau milieu du rond-point, explose, c'est la totale :

— Tu comprends pourquoi j'ai besoin d'un coup de main, Jean-Pierre ?

L'humour grinçant, mordant, féroce, parfois vachard de Philippe Carrese fait encore une fois des victimes : le personnage de Biquette, ce boulet, ce "natural-born-looser" est une véritable merveille et d'ailleurs l'auteur prévient d'entrée de jeu en donnant la définition du "boucan" :

Emmerdeur récurrent. Casse-couilles à géométrie invariable, impossible à lâcher. Insupportable raseur. Paste-merde, tache, boulet (...).
Chacun d'entre nous n'a pas forcément un ange gardien qui veille, mais nous avons tous au moins un boucan à l'affût, prêt à débouler dans notre vie. Alors bonne chance. Ou bon courage !

Et du courage il va en falloir des tonnes à la famille Martin maintenant que Biquette est dans leurs pattes, lui qui voulait être "architecte naval spécialisé dans les bateaux en fonte" quand il était jeune et qui pour ça avait suivi des "cours de soudure à l'arc par correspondance"...
Impossible de résumer l'intrigue. On peut juste tenter de la qualifier : burlesque, décalée, déjantée. Un joyeux délire chaotique complètement surréaliste, absurde, ubuesque. L'idée de départ est bien sûr ce boulet qu'il faut traîner derrière soi, mais Philippe Carrese l'inscrit sur un fond de trafic international d'OGM, de riz modifié, de semence miracle, de services secrets... Il en profite également pour égratigner au passage un milieu qu'il connait bien pour l'avoir pratiqué : celui de la télévision. La description de cette équipe de tournage venue d'une autre planète : la sphère cathodique, vaut son pesant de cacahouètes !
Philippe Carrese termine son roman plus proche du registre de l'émotion (enfin... tout est relatif) ; il nous montre que ses délires n'en sont pas vraiment, il nous montre les retrouvailles entre un père et son adolescent de fils, éloignés par les années, par des quotidiens partagés mais si différents et qui se retrouvent plus proches qu'ils ne le croyaient lorsqu'ils se laissent un peu aller à sortir des carcans.
Et puis il y a Marseille !.. Ses quartiers : l'Estaque, Belsunce, la Joliette, et puis l'inévitable OM et ses supporters. Et lorsqu'il s'agit de la quitter :

"— ... c'est trop con, non ? C'est pas la plus belle ville du monde ?

Mais une pirouette permet de s'en sortir :

— J'en sais rien p'pa ! Je connais pas les autres.

Ne manquez pas cette tranche de rigolade !..


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je ne suis pas particulièrement un spécialiste du polar humoristique (personne n'est parfait...) et j'aurai bien du mal à conseiller d'autres auteurs du genre mais je peux toutefois vous renvoyer à la lecture de Filet Garni, du même Philippe Carrese : l'effet est garanti !

Le début...

Les dix premières lignes...

— Nous sommes faits, capitaine !
Kildrajoon comprit tout de suite la gravité de la situation. Son lieutenant était en sueur, livide, le regard creusé par deux jours de veille sans répit, une balafre sanguinolente barrant son front noir de cambouis.
— Les deux moteurs droits sont foutus et un nouveau virus vient d'attaquer le central de commandement, poursuivit le lieutenant exténué.
— Nous devons tenir coûte que coûte, marmonna le capitaine Kildrajoon.
Les deux hommes rejoignirent la soute du Kropos III. À peine avaient-ils descendu les premiers barreaux de ce dédale d'acier qu'une horde de Djouhns les attaquèrent (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Mon père n'a pas dû faire gaffe. C'était pas le bon jour pour trimbaler cette nouille souriante de Ravy S. Bhalam Rashkany, l'ingénieur cinghalais, génie des O.G.M. meurtriers.
C'était pas le bon jour pour aller déquiller les pontes de la mafia russe marseillaise, ni pour faire du stock-car en semi-remorque dans les allées résidentielles du bord de mer.
C'était pas le bon jour pour provoquer le bouchon du siècle sur l'autoroute du soleil, ni pour transformer la plus cossue des propriétés marseillaises en champ de bataille.
C'était pas non plus le bon jour pour que mon père me laisse le volant de sa voiture de luxe pour une petite séance de conduite accompagnée. Pour cette épreuve nerveusement insoutenable, c'est jamais le bon jour.
Douze heures d'engatses dévastatrices dans la haute société marseillaise, et moi qui apprend à conduire. Pour mon père, c'est sans doute ça le plus terrible !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Philippe Carrese










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Trois Jours d'Engatse Filet Garni Le Bal des Cagoles Une Belle Histoire d'Amour