Manchette, le Nouveau Roman Noir

Benoît Mouchart

Séguier-Archimbaud - Décembre 2006

Tags :  Roman noir Quidam France Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 08 juin 2007

Recommandé C’est un petit bouquin qui surprend et trompe : noir, caractères jaunes, marge blanche. Même la typographie participe de l’effet, mais ce n’est pas une Série noire.
Carré, le petit bouquin.
Une extension de la prestigieuse collection ? Une plongée rigoureuse, nourrie, dans l’œuvre d’un auteur phare en la matière — noire — onze ans après sa disparition. Lumière sur l’œuvre de Jean-Patrick Manchette : on en cause, on en a lu, un peu, beaucoup, on s’y réfère, mais prudemment la plupart du temps, puis des titres ressortent, tels que : L’Affaire N’Gustro, Nada ou Le Petit Bleu de la Côte Ouest.
On garde aussi en mémoire quelques films tirés de l’œuvre ; des romans adaptés par Claude Chabrol, Yves Boisset, Jacques Deray, entre autres, mais aussi Tardi par le vocabulaire des cases et des bulles.
Si l’on creuse encore un peu, on découvre Manchette dans ses Chroniques, puis des textes courts, des co-écritures, des scénarios pour le cinéma ou la télévision, et des œuvres signées sous pseudo.
Et bientôt son Journal.

Mais le petit bouquin carré ne s’étale pas.
Organisé en trois parties, l’ouvrage offre de courts textes qui parviennent à examiner l’œuvre dans ses moindres détails, tout en se gardant de verser dans l’hypothèse bancale ou l’analyse commémorative littérairement correcte.
Nada : un kidnapping — qu’est-ce qu’un kidnapping ? Qui a déjà kidnappé avant Manchette, et pourquoi, et comment l’auteur choisit-il de kidnapper, en 1972, l’ambassadeur des États-Unis d’Amérique ?
Fatale : une tueuse à gage — qui change de nom et de prénom lorsqu’un contrat la mène à Bléville, et c’est l’auteur lui-même qui vous le dit, puisque l’auteur, tout au long de son œuvre, n’a pas cessé de s’adresser au lecteur, de lui souffler des choses à l’oreille à la première personne.
Laissez Bronzer les Cadavres : écrit en collaboration avec Jean-Pierre Bastid — avant L’Affaire N’Gustro ? Un hameau aux trois quarts délabrés, peuplé d’une faune étrange particulièrement irritable — mais quelle faune ?
Pourquoi.
Puis comment, surtout.

Comment Manchette s’y prenait-il pour parvenir non seulement à livrer des histoires passionnantes (aujourd’hui, à l’ère marchande et médiatique parvenue, nous dirons « divertissantes »), tout en glissant dans le corps des textes, des tournures et des mots des bombes à retardement ?
À l’instar de certains de ses contemporains, tels que ADG ou Frédéric H. Fajardie, Manchette fonce dans le tas. Il est armé, il faut dire. Même qu’il nous cause des armes en question, en alignant les modèles, les calibres et les matériaux employés pour les fabriquer (Chandler .45, Hammett chambré en 9mm ou James M. Cain à crosse pliante). Leur provenance et la façon de s’en servir, on ferme les yeux et l'on sent presque le roman se transformer en crosse et en gâchette ultra-sensible.
Pourquoi.
Encore.
Car Manchette n’en reste pas à l’étalage des noms, des marques, des options — des promotions ? Il préfère à cela suggérer au lecteur (entre les lignes, un petit effort) de se demander pourquoi et comment ces personnages (Henri Butron, Aimée Joubert, Carlo et Bastien, Ivory Pearl…) se retrouvent-ils avec des armes à feu entre les mains, ici et maintenant.

En trois parties, donc, le petit bouquin.
Composées de courts chapitres intitulés notamment : « La Série noire », « L’enquête du détective privé », « Une forme de béhaviorisme », « Une société du spectacle » ou encore « La fin du politique » (précédé de « Les déterminismes sociaux »).
Histoire de situer Manchette.
Si l’envie nous prend de le lire, on peut facilement trouver ses romans dans la plupart des bons rayons polars. Si le besoin nous saisit de comprendre pourquoi, comment et quand il les a écrits, il y a le petit bouquin.
Drôlement carré.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Manchette... sans doute.

Le début...

Les dix premières lignes...

On peut sans hésiter ranger au rayon des romans de gare les polars dont la seule finalité consiste à distraire le lecteur en lui procurant un sentiment d'évasion ou d'absence au monde : ces best-sellers dont l'unique objet reste l'écoulement pur et simple du récit, sont rédigés dans un style convenu, voire inexistant, pour ne jamais perdre le lecteur dans le décryptage de détails indifférents au fil de la narration. Pour les auteurs de ces romans pondus à la chaîne, la question d'interrompre le cours de l'action ou de choquer le lecteur en allant à l'encontre des stéréotypes ne se pose jamais : tout travail formel, donc littéraire, y est volontairement gommé (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

Pas de quatrième pour cette édition.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Benoît Mouchart










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