Gallimard / La Noire - 1977
Tags : Roman noir Polar social Quidam France profonde Années 1970 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 30 septembre 2005
Fatale retrace le parcours d'une tueuse qui se fait appeler Aimée Joubert (on ne connaîtra jamais son vrai nom) et qui débarque dans une ville
moyenne imaginaire, Biéville, pour y faire le ménage à sa manière. De
fait, voilà posée toute l'intrigue de ce court roman de cent cinquante
pages que nous offre Jean-Patrick Manchette, mais on sait bien que là
n'est pas le principal intérêt de ses récits.
Biéville est une réduction du monde, de la France de la fin des années
soixante-dix, et Aimée en est l'observatrice avant d'en être
l'exécutrice. Elle se glisse dans la vie locale bourgeoise, se mêle aux
responsables locaux, aux édiles, aux décideurs, aux entrepreneurs, aux
commerçants, en un mot : aux notables et, attentive, recueille ses
impressions. Elle cherche sa victime, et celui ou celle qui la paiera
pour l'en débarrasser. Mais Biéville, comme le monde, comme la France,
sa bourgeoisie, est bien sombre, et ils sont nombreux à "mériter" les
foudres d'Aimée...
Manchette aborde l'organisation des pouvoirs à travers cette bourgade, la mise en coupe
réglée de budgets (ici municipaux) qui se retrouvent employés au seul
bénéfice des entreprises, les magouilles des industriels qui jouent
avec la sécurité alimentaire (en 1977 !..), la corruption, les trafic
d'influence et les arnaques en tout genre... Et puis Aimée est une
femme, une femme qui a su se libérer... même si elle n'en sort pas
vivante.
Un roman sombre et désespéré, sans illusion, ou les "coupables" se sentent tellement "innocents" :
Écoutez, je ne mérite pas la mort. Qu'ai-je fait, sinon suivre les tendances propres à la race humaine ? Et encore. Nous sommes des enfants de chœur à côté de nos ancêtres (...)
Dites-moi une seule chose extraordinaire, dites-moi une seule chose qui soit vraiment un crime dans ce que j'ai fait.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Manchette n'a eu de cesse d'éclairer son époque de son regard parfois visionnaire. Il pourchasse impitoyablement la magouille et l'hypocrisie. Lisez tout Manchette !
Les dix premières lignes...
Les chasseurs étaient six. C'étaient surtout des hommes de cinquante ans ou
plus, et puis aussi deux jeunes à l'air goguenard. Ils portaient des
chemises à carreaux, des gilets de mouton, des surtouts de toile
imperméable kaki, des bottes plus ou moins hautes, des casquettes. L'un
des deux jeunes types était efflanqué et l'un des quinquagénaires, un
pharmacien à lunettes aux cheveux blancs en brosse, était assez mince.
Les autres chasseurs étaient ventrus et sanguins, surtout
Roucart (...).
Quatrième de couverture...
Ceci est un roman noir.
C'est l'histoire d'une tueuse professionnelle, solitaire et aliénée, qui fait son œuvre sanglante.
C'est l'histoire d'un contrat inhabituel, dans une ville pourrie par le fric.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...