Légionnaire Victor

Un avis personnel...

Publié le : 13 juin 2009

Camille Forestier est un roc. En apparence. 1,92m, 90kg, chef de brigade à la police criminelle, qui se trouve confrontée à une mort plutôt suspecte :

— Si je comprends bien, ce bonhomme quitte hier son club de bridge…
— … à 18h15 pour être précis, ajoute Klash.
— … et ce matin, à…
— … à 7h30…
— … on retrouve un tas d'os, alors que sa maison était totalement bouclée ?
— Affirmatif.

Mystère en chambre close… C'est ainsi que démarre l'intrigue de Légionnaire Victor, pour autant, et au moins dans toute la première partie du roman, ça n'est pas ce qui fera vraiment le cœur du récit. Dominique Delpiroux s'attache plus à son personnage principal et à ceux qui l'entourent.
Camille… Une force de la nature ; ce qui ne l'empêche pas pour autant d'avoir des sentiments, des états d'âme, voire des bouffées d'angoisse lorsqu'une vieille affaire remonte à la surface de sa mémoire. Camille qui s'investit dans la vie de son quartier, aide les plus jeunes, tente de remettre dans le "droit" chemin quelques égarés en leur donnant des cours de karaté, et qui est respectée pour ça malgré son statut de flic. Camille et sa fille Pénélope, douce, effacée, sage, pas rebelle pour un sou — au grand désespoir de sa mère —, maladroite même, qui préférerait jouer de l'accordéon plutôt que suivre sa mère dans les arts martiaux. Camille et son homme, Marc Antoine, poète à ses heures et libraire dans le civil, leurs petits problèmes de couple. Camille et son équipe : Priczjak, le seconde ligne de rugby ; Vallègue qui se soigne au Ricard depuis que sa femme est morte dans un attentat ; Malika ; Chanteloup.
C'est tout un aréopage qui gravite autour de Camille en toute humanité, des gens ordinaires à qui l'on s'attache grâce à la magie d'un écriture limpide, aussi "simple" que ceux qu'elle décrit, pleine de compassion.

N'empêche qu'à la Crim', ils ont un cadavre sur les bras (ou plus exactement ce qu'il en reste, du cadavre). Et bientôt un second, dans un état pas enviable.
Cahin-caha, l'enquête suit son cours, après avoir été longtemps mise de côté, et c'est pour déboucher sur des développements inattendus qu'il serait dommage de révéler.
On peut tout de même dire que dès lors, le récit se fait plus documenté et que Camille se concentre "enfin" sur son métier.

Au fond, c'est essentiellement le personnage de Camille qui est au centre du roman, super-woman sur la forme, mais aux fondements plus fragiles qu'il n'y paraît. C'est son quotidien que nous fait partager Dominique Delpiroux, sans emphase, mais avec une réelle empathie qui fait qu'à un aucun moment on ne sent frustré ni de rythme, ni de rebondissement. Malgré ses apparences, Camille est bien une femme comme les autres. Ce sont les cadavres qu'elle croise qui sont incongrus.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Camille Forestier apparaît dans un autre roman de Dominique Delpiroux, Félix Rex. Sa lecture expliquera sans aucun doute certaines des bouffées d'angoisse qui la poursuivent.