Hotu Soit qui Mal y Pense

Albert Simonin

Gallimard / Série Noire - Mai 1971

Tags :  Roman noir Polar social Truand Paris Années 1930 Littéraire Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 15 juillet 2009

Dix kilos d'héroïne !… Johnny, dit le Hotu, toujours acoquiné avec son fidèle Paulo, est passé aux choses sérieuses en matière d'arnaque. Et depuis que la drogue déferle et se répand en Europe, il n'est pas question pour le duo de ne pas grappiller, à leur manière, quelques miettes du gâteau.
Mais de tels appétits attirent la jalousie, notamment celle d'un gang de teutons, concurrent filouté, qui s'en est déjà pris, en représaille, à Irène, la marraine du Hotu.

Si Johnny et Paulo tentent de s'enrichir un peu plus avec la drogue, Irène, quant à elle, fait partie de celles et ceux qui ont subi son arrivée massive. Elle est accro jusqu'aux yeux et il lui faut d'urgence une cure de désintoxication, chère, très chère… Et Pierrot, qui est devenu l'amant d'Irène (cf. Le Hotu s'Affranchit) rechigne à s'engager sans garantie.
C'est en la délestant de ses bijoux, de son mobilier, puis de son immeuble — qu'il compte bien reconvertir en bordel — qu'il accepte de payer la cure.

Johnny, de son côté, dérange par ses réussites, surtout en ces temps de crise, là où tout le monde tire la langue. Et quand Paulo s'épanchent sur ses faits d'arme, il attise les convoitises chez « Messieurs les Hommes ». Le Hotu n'est pas des leurs, il n'a jamais été accepté comme tel, n'en a jamais eu l'intention non plus, mais il n'en est pas tout à fait de même pour Paulo qui, bien qu'en ayant rabattu dans son admiration pour ces derniers (lui, le p'tit gars de Saint-Ouen), cherche encore chez eux comme un semblant de reconnaissance. Un semblant de famille…

Dans ce troisième et dernier volet de la trilogie Chronique de la Vie d'un Demi-Sel, après l'ascension fulgurante, c'est un peu la chute qui se prépare. Le Hotu a peut-être vu trop grand, a eu trop d'appétit.
Cette fois, c'est un gang allemand qui est à ses trousses. Ceux-là même qu'il a roulé dans la farine en les délestant adroitement de dix kilos d'héroïne. Tenace, ils n'auront de cesse de la traquer, mettant sur sa piste l'effroyable Willy et ses chiens.
Et ce ne sont pas ses "amis" brigands qui lui viendront en aide, trop heureux de voir disparaître ce gêneur.
Johnny joue toujours l'insouciant, prépare sa dernière entourloupe, mais le cœur n'y est plus vraiment.

Reste que comme tout au long des trois romans d'Albert Simonin qui composent la trilogie, c'est toute une époque qui est passée au crible et, avec la verve fleurie qu'on lui connaît, par petites touches précises et répétées, le portrait de la France de l'entre-deux guerres qui se dessine, vu à travers le prisme de Paulo qui, à l'instar du Hotu, pourrait bien être de fait le véritable personnage principal de cette série.

Trottoir des hommes !… Trottoir des caves !… (…)
Devant la bouille contristée du môme le tonton avait dû donner la leçon de choses, expliquer la différence entre les hommes et les caves ; les caves étaient ceux qui possédaient des sous, les hommes ceux qui les leur prenaient !
Rapide sur la déduction, Paulo avait supposé que les hommes, en possession des sous des caves, devaient devenir caves à leur tour.
Ça l'avait fait marrer, le tonton, cette répartie enfantine, mais soucieux de mettre la pensée de son neveu dans le droit fil de la saine orthodoxie, il avait précisé :
— Imagine pas ça, petit !… nous autres, les sous on en fait bon usage !… On les dépense !… t'entraves la différence ?

Pas tout à fait la même philosophie…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Le HotuHotu Soit qui Mal y Pense clôt la trilogie dite Chronique de la Vie d'un Demi-Sel et entamée avec Le Hotu, puis Le Hotu s'Affranchit.

L'ensemble vient d'être réédité en un seul volume par un jeune éditeur tout neuf : La Manufacture de Livres.



Le début...

Les dix premières lignes...

Sur les pavés de bois des grands boulevards, la mahousse Panhard noire semblait glisser, ronronnante. Seul le monogramme P S, rouge sur fond ocre, peint sur les portières arrière, venait égayer le vernis étincelant de la caisse. À son volant, un balaise en livrée de grande maison corrigeait son faciès de poids lourd, qui eût pu inquiéter, par une impassibilité du meilleur style.
Telle, aperçue des picoleurs de terrasse et des piétons flâneurs, la jolie tire devait apparaître comme étant celle d'un honorable grossium, financier ou industriel, apparenté de la main gauche à ces « Deux cents familles », dont le mythe commençait à s'ancrer ferme dans l'esprit populaire (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Hotu soit qui mal y pense ». Messieurs les Hommes étaient des gagne-petit, des chômeurs ; des paumés.
Entre deux apéros, un rêve leur venait : le connaître enfin, cet amateur de génie, ce Hotu légendaire qui, sans respect pour l'expérience ni la hiérarchie, réussissait des arnaques dantesques. Lui demander sa recette, et l'effacer en guise de remerciement. Mais Paulo veillait, le fidèle second Paulo, et aussi la chance insolente qui sourit aux Hotus quand ils ont faim de victoire et de finance.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Albert Simonin










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Du même auteur...

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