Les Enfants du Massacre

Giorgio Scerbanenco

Plon / Série Policière - 1969 - Traduction (italien) : Roland Stragliati (Plon) - Gérard Lecas (Rivages)

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Vengeance Flic Années 1960 Littéraire Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er janvier 2006

Recommandé Troisième volet de la série des Duca Lamberti, Les Enfants du Massacre est un véritable chef-d'œuvre.
Onze mômes, de 13 à 20 ans, mômes à problèmes, violents, désabusés. Une petite maîtresse du cours du soir, où l'assistante sociale envoie les voyous pour les instruire un peu. Et puis la maîtresse est retrouvée cassée en mille morceaux comme une poupée de porcelaine.
Les mômes opposent à la police un système de défense imparable : c'est pas moi, c'est les autres. J'avais peur, j'ai rien fait, ils m'ont obligé.
Chacun séparément est innocent, et pourtant ils sont tous coupables.

"Mathilde Crescenzaghi, célibataire, fille de feu Michel et d'Ada Pirelli, faisait la classe, au Cours du soir André et Maria Fustagni, à un groupe de garçons de treize à vingt ans, dont la plupart avaient été en maison de correction, ou bien avaient un père alcoolique ou une mère prostituée. Plusieurs d'entre eux étaient hérédosyphilitiques. Il aurait mieux valu que la classe ait été faite par un sergent-chef de la Légion étrangère, et non point par elle, frêle et délicate jeune fille de la petite bourgeoisie de l'Italie du Nord.

Duca , l'ex-médecin devenu flic, interroge les adolescents, et malgré leurs penchants violents, il est convaincu qu'ils n'ont pas pu instiguer un tel meurtre tous seuls. Il entreprend de chercher qui est derrière cette mise à mort théâtrale. Une femme, d'après lui. Au vu de l'hystérie organisée de la scène. Il s'oppose à ses supérieurs qui voudraient envoyer les adolescents en maison de correction et ne plus en entendre parler. Il argumente, fouille, cherche des preuves de ce qu'il avance.
Parallèlement, il est confronté à une tragédie dans sa vie privée.
Et le roman tisse une atmosphère sombre, sublime, autour de ce flic épris de justice et de vérité, contre la peine de mort mais qui se refuse pourtant à laisser en vie un criminel aussi odieux.

À quoi bon arrêter un monstre ? À quoi bon le punir ? À quoi bon le supprimer ? Et à quoi bon le laisser en vie ?

Des morceaux de perfection au milieu d'un roman déjà magnifique : les interrogatoires des jeunes délinquants sont de vrais bijoux d'écriture, les entretiens avec les différents témoins également.
Scerbanenco nous raconte dans sa langue chantante et tranchante, une histoire sordide et humaine, comme à chaque fois.

À lire absolument.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Vous pouvez retrouver le personnage de Duca Lamberti dans Vénus Privée, À Tous les Râteliers, et Les Milanais Tuent le Samedi.

Dans une optique plus large, profitez de cette incursion dans le noir italien pour découvrir des auteurs plus récents et tout aussi fabuleux, comme Carlo Lucarelli ou Andrea G. Pinketts.

Le début...

Les dix premières lignes...

- Elle est morte il y a cinq minutes, dit la sour.
Duca Lamberti regarda par-dessus son épaule le visage ingrat mais attentif de Mascaranti, et ne répondit rien.
- Voulez-vous la voir tout de même ? demanda la sour.
- Oui, dit Duca.
On avait déjà ôté les couvertures. Elle était étendue, raide, revêtue d'un déshabillé baby doll jaune, attendrissant et démodé ; le visage déformé et par une grimace de souffrance et par un hématome qui se voyait sous l'oeil droit ; la pureté du front atrocement gâtée par cette grosse poignée de cheveux qu'on lui avait sauvagement arrachée, et qui avait fait place à une calvitie partielle, anormale, cocasse et sinistre ; la cage thoracique énorme, pareille à une barrique du fait d'un corset de plâtre confectionné à la hâte pour tenter au moins de contenir toutes ces côtes brisées, - il y en avait tant ! Le chirurgien n'avait pas eu le temps de les compter (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Scerbanenco (1911 - 1969), né à Kiev de père ukrainien et de mère italienne, est l'un des auteurs les plus curieux de l'histoire du roman policier. Après vingt ans de publications à l'eau de rose, il créa soudain un personnage de détective "inédit", Duca Lamberti.
Ce médecin, radié de l'Ordre pour euthanasie, qui collabore avec la Questure de Milan, devenue la métropole italienne du crime, va traiter d'affaires plus noires que noires. Pour les amateurs, Les Enfants du Massacre est son chef-d'œuvre.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Giorgio Scerbanenco










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Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Vénus Privée A Tous les Rateliers Péchés et Vertus Le Sable ne se Souvient pas Les Amants du Bord de Mer