Collapsus

Thomas Bronnec

Gallimard / Série Noire - Septembre 2022

Tags :  Roman noir Polar politique Quidam France Futuriste Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 29 novembre 2023

Recommandé Pierre Savidan, sorte de gourou écolo vient d’accéder aux plus hautes fonctions de l’État. Il a profité d’un trou de souris, de mouvements de colère désordonnés et d’une experte en communication politique pour se faire élire président de la République face à l’extrême droite. Jusque-là, il cultivait son jardin, à la manière de Pierre Rabhi. Désormais, c’est lui qui décide.
Conscient de l’urgence à juguler les dérèglements climatiques, il impose petit à petit des règles de plus en plus contraignantes : scoring écologique individualisé prenant la forme d’un permis à points, régulation des naissances, centres de rééducation basés plus ou moins sur le volontariat, réduction de la consommation de viande ; toutes les solutions sont bonnes pour retarder la catastrophe qui s’annonce.
Pierre Savidan est suivi par quelques activistes, ragaillardis par son arrivée au pouvoir et qui font feu de tout bois, mais la résistance s’organise, avec à sa tête Olivier Fleurance, patron d’un des fleurons de l’industrie agroalimentaire, cible privilégiée du nouveau programme et victime collatérale des manifestations des soutiens du président. L’impopularité grandit, la colère gronde face aux mesures drastiques, pourtant il faut agir. Porté par de bonnes intentions, mais engagé dans une spirale infernale face aux réticences, Pierre Savidan glisse petit à petit vers l’autocratie, voire la dictature.

Collapsus : syndrome aigu caractérisé par un malaise soudain et intense (…) généralement causé par une brusque défaillance (…)

Bien sûr cette définition est tronquée ; j’en ai volontairement gommé les aspects médicaux, mais elle colle parfaitement à mon propre ressenti après avoir terminé la lecture de ce roman de Thomas Bronnec et confirme la trouvaille que constitue le choix de ce titre.
Certains trouveront dans Collapsus un certain nombre d’incohérences, un manque de précision et quelques raccourcis audacieux, oubliant que si Thomas Bronnec exerce également le métier de journaliste, c’est en tant qu’auteur de fiction qu’il s’adresse ici à nous et que le principe fondamental de cette « distraction » qui nous est chère est de se laisser guider, berner, bercer par celui qui la propose. Au final, s’il a bien fait son travail, on termine avec des points d’interrogation supplémentaires dans la tête.
C’est justement le cas avec cette dystopie qui prend à rebrousse-poil le discours habituel en mettant en scène une dictature écologique. Certes, la cause est noble, l’urgence palpable, et l’inaction des acteurs politiques traditionnels flagrante, mais vaut-elle d’en arriver à ces extrémités ? La certitude de bien faire, voire de faire le bien de la population, autorise-t-elle tous les excès ?
Thomas Bronnec s’empare de ces questions et les triture dans un roman dérangeant qui fait froid dans le dos. L’inversion des « rôles » est en elle-même troublante. Arrivé gagnant face à l’extrême droite, le « bon » écolo, fort de ses convictions et face à l’évidence du risque climatique se fait dictateur. L’urgence pourrait lui donner raison d’agir ainsi pour la survie du plus grand nombre. Mais alors, si on réinverse les positions, un climatosceptique convaincu, voire un populiste notoire, s’il croit vraiment à ce qu’il propose…
Assurément, avec Collapsus, Thomas Bronnec a bien fait son travail. Et vous savez quoi ? Le prochain vendredi 30 avril (premiers mots du roman), c’est en 2027…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Certains hommes politiques se sont essayés au polar (Edouard Philippe avec Dans l’Ombre ou Jean-Louis Debré avec Quand les Brochets Font Courir les Carpes, pour ne citer que ceux que j’ai lus) et pas toujours avec brio. Il vaut mieux faire confiance aux auteurs de métier sur ce sujet, comme Dominique Manotti, Jérôme Leroy, DOA, Pierre Brasseur, Jean-Hugues Oppel, Thomas Cantaloube, entre autres. Il n’y a que l’embarras du choix.

Le début...

Les dix premières lignes...

Vendredi 30 avril
17 h 30
Des cris ouatés la sortent doucement d’un de ces sommeils vaporeux dont elle doit se contenter depuis bientôt trois jours. D’instinct, ses yeux se tournent vers le landau, mais elle sait que ces braillements n’ont rien à voir avec ceux de son bébé, si profondément endormi à quelques centimètres d’elle. Ce ne sont pas des hurlements poussés par une petite personne en détresse. Ça ressemble plutôt à la clameur d’une foule, étouffée par le double vitrage des vantaux de la suite dans laquelle elle se repose.
Anaïs Fleurance s’assoit sur le lit, elle pose les mains en arrière sur le matelas, sans quitter des yeux son bébé, assoupi les mains jointes sur la poitrine — « on dirait un gisant », se dit-elle sans comprendre pourquoi cette pensée lui traverse l’esprit. Elle cherche à l’aveugle ses chaussons en déplaçant précautionneusement ses pieds sur le sol. Elle se lève, se met à la fenêtre, à l’abri derrière le rideau. Ce qu’elle voit la saisit d’effroi (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Persuadé de l’imminence de l’effondrement et de l’urgence à agir face à la catastrophe climatique, Pierre Savidan, un gourou écologiste arrivé presque par accident à l’Élysée, met en place des mesures drastiques : covoiturage obligatoire, scoring écologique incluant le nombre des naissances et les modes de consommation… Bientôt ouvrent des centres de rééducation idéologique qui accueillent les réfractaires, de plus en plus nombreux. Car, dans la société, les colères montent et se multiplient. Olivier Fleurance, patron d’un grand groupe agroalimentaire, fédère les oppositions et mène la rébellion au milieu du chaos naissant. Savidan avait-il bien conscience que ses convictions l’amèneraient à affronter ce dilemme philosophique : pour sauver l’humanité, faut-il en sacrifier la moitié ?


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Thomas Bronnec










Edition(s)...

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