Gallimard / Série Noire - Septembre 2024
Tags : Roman noir Polar politique Discrimination Vengeance Quidam France Années 2020 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 10 novembre 2024
Paris, avril 2028
Elles sont trois femmes, Thaïs Desrousseaux, Pham Thi Mai Liên et Pauline Dansart, qui sont, à l’initiative de la première d’entre elles, parties en guerre contre les auteurs de féminicides. Leur projet est d’assassiner des hommes au hasard, de la même manière que ces derniers s’en prennent aux femmes. Elles ont investi deux appartements dans un immeuble abandonné par les squatteurs et en ont fait leur QG.
All men are trash.
Septembre 2028, 20h42
Nathan Calendreau s’apprête à participer à une émission politique télévisée d’un nouveau genre, concoctée par son ancienne maîtresse, la productrice Noémie Lorentz.
Le programme fait polémique, à la limite du show de téléréalité — c’est mieux pour la pub — mais il est concurrencé dans l’actualité par une série de meurtres d’hommes assassinés pour venger des femmes.
Le concept, novateur, a germé après qu’aux présidentielles de 2027, seulement à peine 40% des électeurs se soient déplacés pour exprimer leur choix, entachant ainsi la légitimité de Damien Clairville, le nouveau président. Celui-ci avait donc immédiatement mis en place une convention citoyenne qui, au final, avait accouché du projet.
21h00, le générique de The One est lancé. Quatre candidats pour la primaire du parti Horizons. Deux femmes, deux hommes. Muriel Brey, quinqua vieille France, expérimentée ; Nora Sadaoui, jolie businesswoman trentenaire aux dents longues ; Yann Privat, l’optimiste de service ; Nathan Calendreau enfin, cynique et pessimiste, pour une ultime tentative de retour politique.
Ils sont là pour trois jours, sous l’œil de dizaines de caméras, confinés dans 120m2 sans aucun contact avec leurs équipes respectives. Qui aura le mieux appris ses leçons de communication ?
Du côté du groupe de féministes radicales, on a décidé de s’en prendre cette fois à un symbole : un député. Le choix s’est porté sur Christophe Lartigue, qui n’est autre que le compagnon de Noémie Lorentz, la productrice de l’émission polémique en cours de diffusion.
Qui aime bien châtie bien.
Thomas Bronnec adore la politique, comme beaucoup de Français, et il se désole du niveau actuel de son personnel. Comme à son habitude, il force à peine le trait pour concocter un scénario à la limite du crédible. Un pied dans chaque camp, de chaque côté de la vérité. C’est si peu exagéré que tout devient plausible.
La mise en place prend un peu de temps. Pas si simple en effet d’expliquer le concept, si proche et si étonnant à la fois. Thomas Bronnec ne s’en sort pas si mal, reliant des fils connus pour former un filet infaillible, voire évident, dans lequel il prend ses candidats potentiels à l’investiture.
Mais il est aussi question de sexe dans cette affaire, de l’opposition des hommes et des femmes sur le sujet, du lien évident, direct ou plus confus, avec le pouvoir.
Imaginez un débat de l’entre-deux tours d’une présidentielle, la préparation des équipes de com' autour des candidats, tous les écueils à éviter pour séduire, tous les coups bas à réserver à son adversaire. Allongez-le jusqu’à le faire durer trois jours, prenant la forme d’une espèce de Loft Story politique, et vous obtenez The One, l’un des versants de l’intrigue de Coliseum.
L’auteur y égratigne férocement le monde politique et sa faculté à se glisser dans la société du spectacle. Nous en avons malheureusement sous les yeux des exemples bien réels tous les jours et depuis bien trop longtemps. La dystopie qu’il nous propose n’en devient que plus effrayante.
L’autre « face » du roman est encore plus sombre. Il est toujours question de châtiment, mais pas d’amour. À travers le groupe féministe radical mené par Thaïs et son bras armé Liên, Thomas Bronnec interroge la domination des hommes sur les femmes. Il gratte là où ça dérange, proposant une sorte de loi du talion pour lutter contre les violences perpétrées par les hommes : les féminicides. Une loi aveugle pour répondre à une violence séculaire.
Chaque fois qu’une femme mourra sous les coups d’un homme, un homme mourra sous nos coups. C’est ça, notre définition de l’égalité. Et nous ne voulons pas de cette égalité. Nous détestons ce mot. L’égalité des droits, l’égalité des salaires, la parité… nous détestons tout ça. Nous voulons la paix, et le respect. Mais les hommes n’ont jamais été capables de ça, et ne le seront jamais. Ils veulent nous dominer, et à la fin, ils nous tueront toutes. Vous savez bien à quelle sorte de porcs nous avons affaire. On ne peut discuter de rien avec des hommes qui ont créé la prostitution, la pornographie, la pédophilie et la soumission d’un genre par un autre. Ils nous tueront toutes, sauf si, peut-être, eux-mêmes ont peur de mourir.
Dès lors, à chacun de se positionner face à une telle intransigeance : personnel politique, hommes, femmes, lecteurs, lectrices. Thomas Bronnec a le don de poser des questions qui dérangent, et c’est tant mieux.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Au fil de ses romans, Thomas Bronnec s’est fait une spécialité de la dystopie politique, et ça lui réussit plutôt pas mal. Précédent ce Coliseum a paru en 2022 Collapsus, tout aussi effrayant, mais en prise cette fois avec l’écologie.
Les dix premières lignes...
Paris, avril 2028
Sur le mur de la cage d’escalier, constellé de taches brunâtres et de cloques grasses et humides, quelqu’un avait écrit, au milieu des dessins de bites, des A cerclés de rouge, des petites annonces de cul et des lettres gothiques : « Mort aux cons ».
L’immeuble était abandonné depuis plusieurs mois. À court d’argent, le promoteur n’avait pas été capable d’achever les travaux : le bâtiment, coincé entre la rue de l’Anabase et la cité Barret, à la lisière de Paris et de Vanves, dressait sa courte carcasse dans le ciel, derrière des barrières de chantier et des palissades qui ne le protégeaient ni des rats ni des squatteurs.
Des affiches de propagande de la précédente campagne présidentielle, pour partie arrachées, réduites en bouillie à force d’être délavées par la pluie, y dévoilaient leurs lambeaux. Sur l’une d’elles, on distinguait la moitié du visage de Damien Clairville, et une partie de son slogan mutilé par le temps, où un seul mot restait lisible : « Ensemble ».
Quatrième de couverture...
Dans un pays frappé par une crise démocratique aiguë, le camp de la majorité a choisi de désigner son candidat à l’élection présidentielle lors d’une émission de téléréalité. Nathan Calendreau, ex-ministre des Finances, veut en profiter pour tenter un come-back, alors que le pays est touché par une vague d’assassinats : à chaque féminicide, un groupuscule tue un homme au hasard en représailles. À l’heure d’entrer dans la fosse aux lions télévisuelle, Calendreau reçoit une lettre de menaces : s’il ne veut pas qu’un drame survienne, il doit renoncer à sa participation. Il décide d’ignorer cet avertissement et plonge dans un loft rempli de zones d’ombre et de manigances. Quatre politiciens prêts à tout, une productrice aux dents longues, des féministes radicales… Bienvenue dans Coliseum !
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...