La Tengo Edition - Avril 2009
Tags : Roman noir Polar social Trafic Détective amateur Paris Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 27 avril 2009
Tchornievitch, alias Django, rentre chez lui, sous l'œil de deux zigotos qui le surveillent de leur voiture : James Parkinson et Aloïs Alzheimer, en train de réviser le fonctionnement de la bourse, des marchés à terme. Dans son appartement, Django découvre une jeune Chinoise sur son lit, morte. Il décide de déplacer le corps.
C'est le webzine Parisnews qui reçoit bientôt une enveloppe de photos montrant Django transportant la jeune fille morte, et c'est Mona Cabriole, détective de choc en scooter rose, qui se charge d'une enquête qui semble bien tourner autour des milieux de la prostitution enfantine.
En parallèle, Jingyi, étudiante sans papier, s'intéresse à l'assassinat de Mengxing, jeune femme qui a voulu fédérer les ouvrières chinoises des ateliers clandestins du Sentier pour obtenir leur régularisation, à l'instar de Michel Honorin dans les années quatre-vingt avec les travailleurs turcs.
Mona Cabriole est une journaliste détective récurrente qui officie pour le webzine Parisnews et est l'objet d'une série de courts romans qui se déroulent dans chacun des arrondissements de Paris avec à chaque fois un nouvel auteur derrière la plume. Bien sûr on pense immanquablement à Gabriel Lecouvreur et à la série des Poulpe initiée par Jean-Bernard Pouy, à la différence qu'on sait ici qu'il n'y aura pas plus de vingt numéros.
Laurence Biberfield se charge donc du second arrondissement de Paris qui renferme à la fois le quartier du Sentier et le palais Brongniart et construit une intrigue à partir de ces deux éléments "géographiques", comme les tenants et aboutissants d'une même chaîne, financière et libérale. À une extrémité les banques, le sacro-saint marché, les traders — dont Django est un représentant — ; à l'autre les travailleurs sans papiers, les ateliers clandestins de confection tenus aujourd'hui par les Chinois, et les dérives qui les accompagnent.
Laurence Biberfield s'intéresse aux quotidiens des Chinois de Paris. Celui de Jingyi, étudiante qui vient de perdre son autorisation de séjour et tente, par tous les moyens, de rester dans la légalité ; celui de Yao, intellectuelle titulaire d'un doctorat d'histoire, réduite à épouser un riche homme d'affaire français, à lui faire un enfant, et à attendre cinq ans pour divorcer et enfin obtenir ces fameux papiers ; celui de ces travailleuses vendues aux ateliers, ou pire, celui de ces toutes jeunes filles qui finissent dans les réseaux de prostitution.
L'entrée en matière du roman est assez brutale. On est assailli de personnages, de situations qui s'accumulent et l'on a un peu de mal à recoller les différents morceaux de l'intrigue et à les faire converger. L'intention est là, mais la cohérence n'est pas toujours au rendez-vous.
Entre le tragique du sort réservés aux femmes chinoises et le personnage de Mona Cabriole — un peu allumeuse et amatrice de rock'n roll (de nombreuses ponctuations musicales parsèment le texte) — qui tombe amoureuse du beau trader, on s'y perd. Quand ce dernier se révèle un idéalo-terroriste qui joue sur la fragilité du système financier virtuel et s'attaque aux grandes banques en les faisant couler les unes après les autres, on décroche… même si le cas Kerviel vient à l'esprit.
Peut-être est-ce dû au format court de la série — cent cinquante pages — qui ne concordent pas avec la volonté de l'auteur d'aborder dans son récit plusieurs sujets. Il manque sans doute quelques dizaines de pages pour éclairer l'ensemble et se défaire de ce sentiment de confusion. Ici, les deux problématiques proposées n'arrivent pas à se rencontrer, même si, au fil des pages, la sensibilité de Laurence Biberfield pour les humains pris au cœur du système se fait évidente, tout comme son regard sur les dérives du même système :
De la même manière qu'une idée fixe tue le fou, l'argent, qui dans sa plus grande part n'a pas plus d'existence que l'âme, ronge l'humanité comme un cancer. Sa puissance génère chez l'homme une avidité d'appropriation sans frein, qui conduit à la destruction programmée à la fois de l'humain et de sin biotope. L'argent est ce qui fait de l'Homo Sapiens une impasse évolutive.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Déjà parus dans la série Mona Cabriole : Tournée d'Adieu, de Pierre Mikailoff (pour le premier arrondissement) et Les Fleurs du Marais, de Thomas Hedouin (pour le quatrième).
Mêlant les auteurs de romans noirs aux acteurs de la scène musicale, on pourra lire bientôt la suite des aventures de Mona Cabriole sous la plume, entre autres, de Marin Ledun, Antoine Chainas, Lalie Walker, Arthur H, Joseph d'Anvers ou encore Arman Mélies, chaque exemplaire étant accompagné d'une playlist très… rock'n roll.
Les dix premières lignes...
Django descendit les marches de son agence, comme toujours, avec un sentiment de libération. Le palais Brongniart, en face de lui, semblait ruminer les opérations de la journée. Malgré le ciel plombé, il décida de rentrer à pied. Il coupa par la rue Brongniart pour rejoindre la rue des Jeûneurs. Il traverserait ensuite la rue Poissonnière et emprunterait la rue Beauregard jusqu'à la petite rue de Bonne-Nouvelle, qui le mènerait à son appartement rue de la Lune. Jeûneurs, Poissonnière, Beauregard, Bonne-Nouvelle, Lune. En rentrant chez lui, il avait souvent l'impression de tirer les tarots à l'échelle du IIème arrondissement (…)
Quatrième de couverture...
Des ateliers clandestins du Sentier aux marches de la Bourse, de la spéculation financière à la sous-traitance, il n'y a qu'un pas. Et dans les locaux de Parisnews comme ailleurs, c'est la crise, sur fond de Bruce Springsteen, Daft Punk et Zebda. À quoi s'expose Django, jeune trader nihiliste ? Serait-il aussi un meurtrier ? Que risque alors Mona Cabriole, reporter tout-terrain, qui en tombe follement amoureuse ? Et Jingyi, jeune Chinoise sans papiers, à quel prix paiera-t-elle son infiltration dans les réseaux de prostitution ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...