Huit Millions de Façons de Mourir

Lawrence Block

Gallimard / Série Noire - 1985 - Traduction (anglais) : Rosine Fitzgerald

Tags :  Roman d'enquête Polar urbain Vengeance Détective privé New York Années 1980 Populaire Plus de 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 23 janvier 2009

Il y a huit millions d'histoires à New York.

Matt Scudder, détective privé depuis qu’il a quitté la police, est engagé par une call girl, Kim, pour contacter son souteneur, un certain Chance, et l’informer du départ de celle-ci.
Quelques jours plus tard, elle est retrouvée morte dans une chambre d’hôtel, affreusement mutilée à coups de machette. Les soupçons de Scudder se portent légitimement sur le mystérieux souteneur, amateur d’art africain, qu’il avait eu quelque mal à rencontrer, jusqu’au jour où celui l’engage pour retrouver le meurtrier de Kim.

Matt Scudder est le personnage le plus apprécié de Lawrence Block, et Huit Millions de Façons de Mourir certainement le roman le plus populaire de l’auteur. D’une part il marque le renouveau de son personnage qui se libère, dans ce livre, de l’emprise de l’alcool et d’une partie de son passé, d’autre part l’intrigue est captivante, avec des moments forts ponctués par les réunions des AA, moments d’introspections de l’enquêteur ; à l’image de ce que fait Dennis Lehane dans sa série Kenzie/Gennaro, le charme féminin en moins. Le privé se lance au départ dans une mission sans grands risques : celle de porter un message au souteneur d'une call girl, et se retrouve embarqué sur une affaire de meurtre.
Mais l'enquête piétine rapidement, et Matt Scudder devient vite attachant dans sa persévérance à trouver des indices, des pistes, qui pourraient justifier de continuer cette enquête qui semble vouée à l'échec. Mais il s'accroche, autant pour se sortir la tentation d'alcool de la tête, que pour combattre sa dépendance et cette ville de New York qui déshumanise petit à petit ses habitants :

Nous vivons ici pour profiter de ce que la ville peut nous procurer sous forme de culture, de possibilités d'emploi ou ce que vous voudrez. Et nous détournons les yeux quand la ville tue nos voisins et nos amis. Oh bien sûr, nous lisons ça dans les journaux, nous en parlons pendant un jour ou deux, mais après nous nous empressons d'oublier. Parce qu'autrement, nous serions obligés de faire quelque chose contre ça et nous en sommes incapables.

La ville de New York, omniprésente, devient une sorte de fatalité dans la mort avec, dans les journaux, toujours de nouveaux homicides et souvent dans une indifférence très urbaine ce qui fait dire au flic :

« La peine de mort, nous l'avons. Mais pas pour les assassins, non. Pour les gens normaux. L'homme de la rue a plus de chance de se faire tuer que le tueur de passer sur la chaise électrique. La peine de mort, on la trouve cinq, six, sept fois par jour.

Dans ce livre Lawrence Block parle de prostitution mais d'une prostitution de riche, beaucoup plus glamour et moins sordide que celle décrite dans Street Player de Donald Goines ou Pimp d'Iceberg Slim. Les filles n’arpentent pas les rues mais reçoivent dans leur appartement, et sont plutôt cultivées, de même que leur souteneur est quelqu’un qui s’intéresse à l’art africain et à la boxe. L’épilogue du livre semble mettre le doigt sur le côté argent facile, rapide, et le confort de ce système par rapport aux dangers, et lorsque ce danger devient trop présent, les protagonistes sont (bizarrement) prêts à tout lâcher, à s’investir dans leur passion et à prendre des risques pour essayer d'en vivre.

Servi par un style efficace, et surtout un sens du dialogue percutant avec une pointe d'humour, Huit Millions de Façons de Mourir est certainement le livre par lequel il faut aborder Lawrence Block.

Notez que le roman a paru pour la première fois en France dans la collection Série Noire sous le titre Huit Millions de Morts en Sursis.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dennis Lehane et sa série Kenzie/Gennaro, c'est ce qui se rapproche le plus de ce roman. On peut aussi aller voir du côté de Envoie-moi au Ciel, Scotty de Guinzburg dont le personnage sillonne les réunions de Drogues Durs Anonymes.
À voir aussi l'adaptation cinématographique du livre avec, notamment, le souvent excellent Jeff Bridges dans le rôle de Matt Scudder.

Le début...

Les dix premières lignes...

Je la vis entrer. Il aurait été difficile de ne pas voir ça. Elle avait des cheveux blonds, presque blancs, ce qu'on appelle blond filasse en parlant des petits enfants. Les siens étaient nattés en lourdes tresses qu'elle avait enroulées autour de sa tête et attachées avec des épingles. Elle avait un front haut et lisse, des pommettes saillantes et une bouche un tout petit peu large. Avec ses bottes style western, elle devait bien mesurer un mètre quatre-vingt-deux ou trois — presque tout en jambes. Elle portait un jean de couturier bordeaux et une veste de fourrure champagne. Il avait plu par intermittence pendant toute la journée, mais elle n'avait rien sur la tête et pas de parapluie. Les gouttes d'eau brillaient comme des diamants sur ses cheveux nattés (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Un jeune mac noir expert en art africain. Des putes qu'on lui tue, avec un acharnement forcené. Un ancien flic reconverti dans le privé, et qui boit, et qui sait qu'il boit trop, qu'il boit à mort. Et, tout autour, huit millions de New-Yorkais qui mourront un jour, chacun à sa façon, sordide, idiote, cruelle.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Lawrence Block










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

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Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

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