Envoie-moi au Ciel, Scotty

Michael Guinzburg

Gallimard / La Noire - Octobre 1995 - Traduction (anglais) : Daniel Lemoine

Tags :  Roman noir Polar militant Polar urbain Drogue Serial Killer Journaliste Quidam New York Années 1990 Populaire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 20 janvier 2008

Je m’appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué.

Ed sort de cure de désintoxication, avec la ferme intention de ne pas replonger même si sa femme vient de le plaquer en embarquant ses deux fils. Pour ne pas replonger directe et aller « sucer la queue du Diable », Ed assiste aux réunions de DDA (Drogues Dures Anonyme). Une association qui promet de vous sortir définitivement, avec l'aide de Dieu, de l'enfer de la dépendance en douze étapes, savamment élaborées par Rob l’Agriculteur et Big Jim le Catcheur dont les petites phrases s'érigent en principes de vie. Il y rencontre Myron, un ex-clochard buveur à l'essence qui économise pour se payer son opération de changement de sexe, Rachel, une actrice boulimique et nymphomane qui gagne sa vie en jouant la dominatrice, et, Franck, un flic suspendu à cause de ses problèmes de drogues mais qui reste flic dans l'âme.
Dès la réunion terminée, Ed se retrouve, inconsciemment, chez son ancien dealer, mais il ne replongera pas : sa nouvelle foi lui a appris à éviter et éliminer toute forme de tentation pour ne pas retourner dans les bras de Scotty, le nom donné au Crack par les camés.
Si il le fait à coup de flingue, c'est que Dieu l’a voulu ainsi…

Michael Guinzburg signe, là, un premier roman directement inspiré de son passé. Il plonge le lecteur au cœur de Crack City, l'envers glauque de New York. Le récit, au rythme percutant, navigue entre les exécutions sommaires et violentes dans des lieux lugubres, et, les réunions de DDA (qui rappelle un peu Fight Club de Chuck Palahniuk) dans lesquels les participants repentis racontent leur quotidien de drogués, sans fioriture, décrivant le fond du trou qu'ils se sont creusé eux-mêmes et la dure escalade qu'il faut faire pour remonter à la surface. Le tout agrémenté par l'humour noir et cynique des personnages ainsi que les petites phrases de Rob l'Agriculteur et de Big Jim le Catcheur.

Ed agissait sur le cours des choses, et j'étais proche de lui dans le sens où j'en avais marre de certaines choses et que je voulais me sortir de la drogue et des dealers. Pour ça, je voulais écrire, pour me sortir de là ; j'avais trente ans et je n'avais encore rien produit.

Michael Guinzburg en profite pour glisser quelques critiques sur la société américaine notamment par rapport aux médias d'infos, qui n'offrent au public qu'une information sans intérêt tel que les tribulations sentimentales d'un homme d'influence combinant les clés du succès : sexe, richesse et pouvoir, au lieu de parler de ce qui se passe vraiment dans le monde ou juste dans la rue. Guinzburg n'est, d'ailleurs, pas très tendre avec son pays dans les quelques entretiens disponibles sur le net… Ce n’est sûrement pas un hasard si le titre du livre — Beam me up, Scotty en version originale — est tiré d'une célèbre réplique de la série américaine Star Trek.

Tu sais, en Amérique les gens lisent pour s'informer et pour se divertir, plus pour réfléchir. Les livres qui se vendent actuellement aux USA, c'est les biographies des comiques télévisés. Les éditeurs ne veulent pas publier des choses qui dérangent, ils veulent vendre.

Envoie-moi au Ciel, Scotty traite, aussi, de la rédemption du junkie et n'est pas très loin de l'ambiance du film Bad Lieutenant de Ferrara, l'humour noir en plus. Avis aux amateurs du réalisateur, ce roman vous conviendra sûrement !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Dans le même thème, vous pouvez vous jeter sur Un Singe sur le Dos de Stéphanie Benson, ou L'Accro de Donald Goines.

Le début...

Les dix premières lignes...

Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué.
Quand je débarque chez moi, la drogue enfin larguée, et que je trouve l'appartement vide, ni femme ni mômes, plus de vêtements ni de valises, le dégoût d'avant me remonte à la gorge, un mélange empoisonné de fureur et de nausée souille mes entrailles comme du peroxyde sur une plaie à vif. Qu'est-ce que j'espérais ? des visages épanouis, des sourires et un gâteau ? une fanfare ? Michelle en costume de majorette et lingerie sexy ? Bras ouverts et pardon ? mes jumeaux de onze ans faisant la roue ? Ma mère sénile sortie de sa maison de retraite, jeune et sensée comme avant ? Mon père revenu d'entre les morts ? Je ne sais pas (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

« Je m'appelle Ed et je suis un sale crétin alcoolique et drogué. »
Cette phrase, qui ouvre le roman, revient comme un leitmotiv, d'une brutalité sans appel. Après avoir été quitté par sa femme et ses enfants, Ed tente de décrocher du crack et de l'alcool qui l'ont amené à la plus extrême déchéance. Il rejoint les rangs de « Drogues Dures Anonymes », une association semblable à un échantillonnage grotesque, pitoyable, terrifiant, de ce que New York peut compter de gens en perdition. Le programme de sevrage de l'association comporte douze étapes, mais Ed est pressé : aux grands maux, les grands remèdes, et le moyen qu'il a trouvé pour ne pas retomber dans les bras de « Scotty » (le crack, dans l'argot des drogués américains) le fait plonger dans une autre dépendance aussi sanglante que cocasse...


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Michael Guinzburg










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