La Mélodie des Cendres

Hervé Sard

Krakoen - Octobre 2008

Tags :  Roman d'enquête Flic France Années 2000 Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 18 novembre 2008

Un cadavre calciné, un squelette même, vient d'être mis à jour sur les bords de l'Erdre où il était enterré depuis une vingtaine d'années. Après les premières constatations, la gendarmerie transfère le dossier à la police nantaise. C'est le commissaire Thomas Czerny qui est chargé de l'enquête.
Au même moment, de l'autre côté de l'Atlantique, au Québec, un homme s'envole pour la France. Nicolas Moulin est un jeune médecin à qui tout réussit. Seuls lui et sa mère savent les troubles qui l'assaillent depuis l'enfance. Nicolas est ce qu'on appelle un maniaco-dépressif et alterne les phases d'excitation et de prostration. Son voyage en France, d'où est originaire la partie maternelle de sa famille, est une forme d'enquête sur son passé, liée à la découverte récente du journal de sa mère. Le problème, c'est qu'en partant, il a laissé derrière lui son traitement…

Hervé Sard met en place deux personnages, deux narrations distinctes autour du même drame qui s'est joué dans le passé.
Nicolas est confronté aux origines de sa mère, aux bribes de son journal intime qu'il a du mal à expliquer. Il cherche une vérité.
Czerny, de son côté, a sur les bras un cadavre vieux de vingt ans, et trois pistes possibles, trois Marie disparues à l'époque des faits.
Les deux hommes enquêtent chacun de leur côté, mais finiront bien sûr par se croiser dans les méandres de cette affaire passablement compliquée.

Hervé Sard est un excellent conteur. Il sait construire et mener ses intrigues avec doigté. Là où le déséquilibre se crée dans le récit, c'est dans le traitement qu'il réserve à ses personnages. Autant Czerny est réussi en flic solitaire, organisé, vivant entouré de son mainate alcoolique, Willy, et de son vénérable Solex, baptisé Galet, à qui il parle et qui est pour lui quasiment doué d'humanité :

Le commissaire, les années aidant, en était venu à considérer le monde comme un gigantesque asile d'aliénés. Une sorte d'hôpital psychiatrique à l'échelle planétaire dont Waldeck-Rousseau (son commissariat) était un modèle réduit plutôt réussi.

Czerny la maniaque bourru, misanthrope, opiniâtre, têtu, fouineur, un flic qui fonctionne à l'instinct, au feeling, un « pelleteur de nuages » à la Adamsberg :

Le commissaire Czerny était un cartésien. Pourtant, quelque part dans son cerveau de rationnel endurci, se trouvait un village Gaulois peuplé d'irréductibles neurones concoctant paisiblement leur potion magique. Et, de temps à autre, le couvercle de la marmite à potion se soulevait, laissant échapper un petit nuage qui ne tardait pas à s'aventurer hors du village. Alors, le commissaire pouvait sentir le ciel lui tomber sur la tête.

Autant le commissaire est réussi donc, autant Nicolas Moulin apparaît un peu comme un intrus, une greffe ratée à une intrigue qui se suffisait sans doute déjà à elle-même. On se demande même ce que viennent faire là les troubles maniaco-dépressifs dont il est atteint, ce qu'ils apportent au récit. Un personnage beaucoup moins crédible que son compagnon de route.

Dommage, car l'intrigue tient la route, qu'elle est suffisamment tordue pour que parfois on s'y perde avant qu'Hervé Sard, d'une pichenette bien placée, ne nous remette sur le droit chemin. Ce diable d'homme sait toujours où il va, mais il a l'art et la manière de berner son public. Une qualité appréciable…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

… à moins que ça ne soit l'inverse : le commissaire Adamsberg, créé par Fred Vargas, et dont Thomas Czerny pourrait être une sorte de disciple…

Le début...

Les dix premières lignes...

Commissariat central de Nantes
Mardi 30 janvier 2007 – 18 heures 30

Le commissaire Czerny replia ses courtes jambes sous le bureau, en gardant les pieds bien à plat dans l'alignement des cuisses. Conseil du kiné. Le dos droit, les coudes posés sur le sous-verre, il entreprit de se masser les yeux par une série de pressions rotatives des deux pouces. Seul le tic-tac régulier de Clochette se faisait entendre, apaisant. Pourtant, trois étages plus bas, ses subordonnés oubliaient un moment les tracasseries du quotidien en se livrant bruyamment à leur distraction préférée : un pot (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Nantes, hiver 2007
Un squelette de femme est retrouvé près des berges de l'Erdre. Qui est donc cette morte, enterrée là depuis plus de vingt ans ? L'une des deux femmes, — toutes deux prénommées Marie — disparues au même endroit, bien des années plus tôt ? Le commissaire Czerny et son équipe vont tenter de faire parler le passé grâce aux nouvelles méthodes de la "scientifique". Parallèlement, un jeune médecin originaire du Québec enquête secrètement. Pour l'un comme pour l'autre, la vérité va progressivement s'imposer : si le corps appartient effectivement à l'une des Marie, l'autre Marie est coupable de ce meurtre. Mais "qui est qui" dans cette histoire ?
Au-delà de cette double enquête mettant en scène une galerie de personnages hauts en couleur, le roman explore les limites de la police scientifique. Que valent les certitudes de laboratoire quand la vie s'est chargée de les manipuler ?


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Hervé Sard










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Réédition

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Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Vice Repetita (La Fille du Chemin du Puits) Mat à Mort Le Crépuscule des Gueux