Typhon-Gazoline

Jean Vautrin

Fleuve Noir - 1979

Tags :  Polar social Polar rural Quidam France profonde Années 1970 Populaire Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 24 septembre 2007

Recommandé La chaleur gronde à Saint-Chély, petit village de deux cents âmes, dans la région de Clermond-Ferrand, et échauffe les esprits, tels ceux de Chalier, l'agriculteur, qui ne veut pas vendre son champ de caillasse à Traumat, le garagiste, qui pourtant lui en propose un bon prix. Mais rien n'y fait, au point que les deux hommes sont prêts à en venir aux mains.
Qu'est-ce qu'il cherche aussi, le Traumat, à vouloir de la terre qui ne donnera jamais rien ? Qu'est-ce qu'il cache dans son garage ? Qu'est-ce qu'il trafique avec son "esclave" teuton, Werner ? Une folie ?.. Pire ! Des rêves de grandeur, de richesses infinies... Du pétrole ! Il cherche du pétrole...

Mais Traumat n'est qu'un imbécile, un rustre dans cette histoire. Le cerveau, c'est Calestroupat, le chef de gare, le fonctionnaire, celui qui tire les ficelles du secret :

Calstroupat est persuadé, sans que personne le sache, qu'il est d'une espèce supérieure. Qu'il est capable d'intriguer, de comploter, de manipuler. C'est, comment dire, c'est comme un germe. Une intime conviction. Bien sûr qu'il est fait pour la gare de Lyon !

Un secret cependant bien mal gardé, qui s'ébruite, et ce sont bientôt les deux cents habitants de Saint-Chély qui apprennent, au bout de la rumeur, que le pétrole coule déjà à flot.

Au début, on n'y croit pas trop au village, on reste sage :

Pauv' Triaunat ! Les temps modernes y auront monté au cerveau ! Y nous fait une embolie naphteuse ! (...) il croit qu'il a trouvé du pétrole ! Pourquoi pas de la moquette en grande largeur ! Ou des truffes, tant qu'il y est, des truffes au milieu des bagnoles !

Mais quand Calestroupat organise la "fuite" dans la presse locale, tout devient réel, on en oublie sa sagesse ancestrale, on s'organise pour mettre à bas l'irréductible Chalier et son refus du progès... et des dollars qui vont avec.
Ce sera la guerre. La terre d'un côté, le sous-sol et ses promesses de l'autre, irréconciliables. Tous les coups sont permis, et il en pleut, des coups, pour un champ de caillasse !..

Une fable féroce sur la cupidité, écrite à l'époque des premiers "chocs" pétroliers, qui est aussi une mise en scène habile de la vie rurale, comme une annonce de la disparition de ses "valeurs" sous le rouleau compresseur d'un nouveau dieu : l'argent.
Chez Jean Vautrin, si les paysans ne sont pas des tendres, les fonctionnaires, curetons et autres petits commerçants n'ont rien à leur envier. Seraient même nettement plus tordus...

À côté de ça, il ne faut pas oublier que Jean Vautrin adore jouer avec la langue de ses personnages, et l'on peut dire sans se tromper qu'il s'en donne à cœur joie dans Typhon-Gazoline. C'est une délectation ! Entre argot, langage populaire, patois et invention personnelle, le maître queue fait sa soupe, et lorsqu'on soulève le couvercle, ça a un sacré fumet !


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour sa saveur rurale et une autre forme de jeu sur la langue, Jusqu'à Plus Soif de Jean Amila.
Sinon, Jean Vautrin est tout aussi corrosif dans À Bulletins Rouges, par exemple.

Le début...

Les dix premières lignes...

C'est le soleil qui a commencé.
Une boule de feu. Une façon de briller pas ordinaire. Tout le pays passé au grille-pain. Une vraie calamité pour les herbages. Moindre allumette, plouf ! Tout qui aurait cramé.
Les vaches étaient maigres façon Brahmapoutre. La rivière ? Un vrai ruisseau. Et les rochers roses jouaient à faire Colorado. On se serait cru dans les Amériques. À des latitudes.
Avec ça, la poussière qu'enrhumait les moutons. Sans compter les hommes. Maussades. Pas à prendre. Même avec un verre de prune (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

Saint-Chély est un petit village comme un autre. Sans autre histoire que ses propres histoires. Et puis voilà qu'un beau jour s'y colporte d'étranges rumeurs.
Et on va même jusqu'à dire que sous les pieds des habitants se trouveraient des nappes de pétrole. Il n'en faut pas d'avantage pour que le pays devienne invivable et que la mort violente, elle, se mette à rôder.
Une histoire grinçante, écrite à grands coups de ripolin.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Jean Vautrin










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition Réédition poche Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

A Bulletins Rouges Billy-Ze-Kick