Gallimard / Série Noire - 1951 - Traduction (anglais) : Marcel Duhamel - Jacques-Laurent Bost
Tags : Roman noir Polar social Discrimination Criminel Quidam Années 1950 Moins de 250 pages
Publié le : 26 juin 2007
Jim a travaillé quelques jours et gagné quatre dollars. Partagé entre l’envie de se payer une bouteille de gnôle et une nouvelle paire de chaussures, il choisit la première option.
C’est que l’alcool lui permet d’atteindre le « paradis », oublier pendant quelques heures sa vie misérable de noir exploité. Totalement saoul, il agresse et tue Kitty, jeune femme blanche qui vend son corps déjà fatigué aux marins du coin.
Dès la découverte du cadavre, une battue est organisée, la chasse à l’homme démarre.
Très vite, Jim est retrouvé et conduit à la prison de la ville.
Mais la justice des blancs ne doit pas être applicable à la population noire comme cela a été le cas quelques mois auparavant pour un autre meurtrier qui, lui, a bénéficié de deux années de survie avant d’être finalement exécuté, ce serait une manière de reconnaître qu’il y a égalité.
Le lynchage est alors programmé, toute la population se prépare à la mise à mort.
Don Tracy détaille, décortique la réaction de chacun des groupes qui est mêlé à cet acte.
Les hommes et leur volonté de tuer, motivée par leur profond racisme, certains d’entre eux qui ne veulent pas participer par conviction ou simplement par désintérêt y seront finalement poussés.
La police qui hésite à intervenir pour ne pas se mettre à dos la population.
La communauté noire qui se terre, a peur de devenir l’objet d’une haine aveugle mais ne peut accepter le sort réservé à Jim.
Les journalistes qui s’emparent de l’événement qui pourrait influencer les prochaines élections...
Roman très noir, qui met à plat les mécanismes de cette montée de violence, l’annihilation d’une volonté individuelle pour parvenir à un mouvement de foule, un acte primitif et incontrôlable. La barbarie à l’état pur.
À lire absolument.
Post scriptum, le 12 juin 2024
Dans le cadre de sa nouvelle collection Série Noire Classique, Gallimard réédite cette pépite noire avec une traduction révisée par Michael Belano. C'est une bonne chose ; on sait tous que Marcel Duhamel avait parfois la main lourde dans sa passion de faire découvrir le roman noir aux multitudes.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le racisme et la ségrégation sont traités de manière différente par Chester Himes ou Donald Goines par exemple, ce livre rappelle également un des premiers chapitres des Hirondelles de Kaboul de Yasmina Khadra.
Les dix premières lignes...
Il était sept heures du matin. L’âpre vent du nord-est balayait les champs roux et secs, venait cingler la boutique au toit de planches et faisait vibrer les panneaux-réclames de tabacs qui couvraient la façade délabré.
Le père Burroughs frissonna et consulta le thermomètre accroché près de la porte. Moins deux, pour octobre, c’était froid et le ciel ardoise annonçait de la neige.
Le père Burroughs lança un regard indigné vers le ciel comme pour signifier aux nuages gris qu’il savait parfaitement qu’ils s’amoncelaient pour lui nuire, à lui personnellement (...)
Quatrième de couverture...
La Bête qui Sommeille est le troisième roman de Don Tracy, publié en 1938. Après avoir mis en scène des personnages douteux dont les passions extrêmes engendrent des tempêtes, Don Tracy, dans La Bête qui Sommeille, aborde le thème du racisme : un Noir accusé d’avoir tué une Blanche et lynché par les habitants de la ville de Mallsbury Crossing.
Un petit port avec ses pêcheurs d’huîtres, son débit de boissons, ses marins, sa putain locale, et Jim, le pauvre nègre transi. Et tout à coup la brutalité, le sadisme collectif se déchaînent et l’on assiste — sous couvert de moralisation — à un spectacle abominable, écœurant. Les atermoiements de la police locale, la lâcheté, la veulerie, la sauvagerie des uns, l’impuissance désespérée des autres font de ce livre un témoignage impitoyable.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...