Gallimard / Série Noire - Février 1993
Publié le : 31 octobre 2005
Trophée 813 du meilleur roman en 1993.
Prix Mystère de la critique 1993.
Thierry Jonquet étale là toute l'ampleur de son talent, sa maîtrise, son
savoir-faire de conteur, mais aussi ses révoltes, ses colères, ses
angoisses d'être humain face à une société en dérive.
Le corps d'une jeune femme est retrouvé par hasard par les pompiers dans
un vieil immeuble voué à la démolition. Sa main droite a été tranchée,
la décomposition a entamé son œuvre, les indices sont maigres pour les
enquêteurs.
Lorsque deux nouveaux cadavres auxquels il manque la main droite sont découverts, des pistes
commencent à apparaître qui mènent l'équipe de police à remonter le
temps jusqu'à un demi siècle en arrière, du côté de la Pologne, sur les
traces de macabres chercheurs d'or.
Thierry Jonquet aborde ici un des thèmes qui lui tiennent à cœur, à l'origine
de sa prise de conscience politique : la Shoah. Il le traite par un
roman de type procédural où on découvre une galerie de personnages à
l'humanité chargée : le commissaire Rovère, qui noie dans le
cognac quelques secrets malheureux, la juge Nadia Lintz, en proie avec
ses problèmes familiaux, ou encore l'adjoint Dimeglio, le légiste
Pluvimage, tous plus attachants les uns que les autres.
Les enquêtes se mêlent et s'entremêlent, se masquent ; même le point de vue
de l'assassin est ici pris en compte. C'est la mémoire qui est en jeu
dans ce récit.
Un roman majeur dans l'œuvre de Thierry Jonquet, d'une écriture toute en simplicité et efficacité, où
le vraisemblable l'emporte toujours sur l'affabulation. Incontournable
!..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L'équipe de police et de justice qui apparaît dans ce roman reprend du service cinq ans plus tard et est à nouveau réunie dans Moloch, autre temps fort dans la carrière de Thierry Jonquet.
Cette même galerie de personnages a été achetée par la télévision (France 2
en l'occurrence) pour constituer l'armature d'une série intitulée
"Boulevard du Palais". Il ne reste pas grand chose des caractères et de
la profondeur inventés par Jonquet. Pour cette fois, vous pouvez vous
abstenir...
Les dix premières lignes...
- Je vous préviens, c'est un véritable poème... murmura Dimeglio.
Il tenait sa main plaquée sur le bas de son visage. Son teint, d'ordinaire rubicond, était livide.
- Faites attention en montant, c'est pourri ! ajouta-t-il d'une voix étouffée.
Rovère haussa les épaules et continua seul l'ascension. À partir du troisième,
l'escalier était à claire-voie. Penché sur les marches gluantes de
crasse humide, il constata que certaines d'entre elles avaient été
sciées en leur milieu et laissées ainsi, dans l'espoir évident de
piéger les intrus suffisamment imprudents pour se risquer
jusque-là (...).
Quatrième de couverture...
La main droite avait été tranchée, net, au niveau du poignet. Rien
ne permettait d'identifier le cadavre, celui d'une femme. Dans la
semaine qui suivit, on en découvrit deux autres, assassinées selon le
même rituel. Si le meurtrier tuait ainsi en amputant ses victimes,
c'était avant tout pour renouer avec ses souvenirs. Il effectuait un
voyage dans le temps. Mais pour aller au bout du chemin, il lui fallut
emprunter une route que bien d'autres avaient suivie avant lui. Des
hommes, des vieillards, des enfants. Des femmes aussi.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...