Fleuve Noir - 1984
Publié le : 31 octobre 2005
Frédo est assistant dans un hospice de vieux, pardon, dans un centre de
gériatrie. Il vit sa vie entouré de vieillards qui attendent leur
ultime souffle. Heureusement, quand il en a fini avec ses chariots, il
rentre chez lui retrouver son amour, farouche militante syndicaliste.
C'est dans cet hospice qu'il va faire une rencontre qui va changer sa vie :
Lepointre, ancien gangster. D'autant que celui-ci, malgré son grand
âge, a des vues sur le trésor de sa voisine, gardée en permanence par
un vigile...
Thierry Jonquet a pratiqué lui-même ce genre d'établissement ; il y a vu la mort rôder. C'est
cette impression qu'il nous livre ici en choisissant pour la traiter le
biais de l'humour le plus noir.
Frédo et Lepointre, organisant le vol d'une mallette pleine de bijoux lors de la
réception de Noël, sont l'occasion de dresser un portrait sans
concession, impitoyable, de ces mouroirs et de leur univers. La
dérision choisie par l'auteur ne dédramatise pas pour autant la
situation - on rit souvent jaune - elle est surtout la preuve d'une
vraie pudeur à l'encontre de ceux qui subissent cet enfermement.
Du vrai roman noir !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Thierry Jonquet connaît bien le milieux hospitalier pour l'avoir côtoyé, en
tant qu'ergothérapeute, durant quelques années. Plusieurs fois, à
travers ses romans, il a mis en scène cet univers bien particulier. On
peut citer, entre autres, Mygale, Moloch, ou le tout récent Mon Vieux.
Toujours à propos de l'hôpital, mais traitant plus du panier de crabes qu'il représente, vous pourrez vous laisser tenter par Hosto (Haines Hospitalières), de Jeanne Desaubry.
Les dix premières lignes...
Tous a commencé lorsque l'ambulance du SAMU a livré au service des urgences
un accidenté de la voie publique répondant au nom de Lepointre Alphonse.
C'était il y a trois mois. Je poussais mes chariots. Mon boulot, c'est de
pousser des chariots. Depuis quatre ans que je travaille à l'hosto,
j'ai dû faire des centaines de kilomètres avec mes chariots. Je suis un
expert en chariots, de beaux chariots avec deux grosses roues à l'avant
et deux petites à l'arrière. Dossier en Skaï, frein à manette. C'est
pas drôle de pousser des chariots, huit heures par jour. Des chariots
vers le labo, des chariots vers la radio, des chariots vers les
goguenots (...) !
Quatrième de couverture...
J'en étais coi. Comment ? Est-ce possible ? Des masques de Zorro pour
cacher les pustules ? Des escarpins cendrillonesques sur des pieds-bots
? Des confettis sur les crânes chauves ? De la barbe à papa en
garniture de dentier ? Du champagne plein les penilex ? De la guimauve
dans les zonas ? Du caviar dégoulinant sur les herpès ? Tchin-tchin à
coup de prothèses ? De l'eau de Cologne sur les sphincters défaillants
? Des serpentins autour des béquilles ?
Comment ? Comment ? Du flonflon pour les moignons ? Du Sylvaner pour les
cancers ? Du charleston pour Parkinson ? C'était le scandale. Le gros,
démesuré, l'indicible, l'énorme scandale.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...