Les Mafieuses

Pascale Dietrich

Liana Levi - Février 2019

Tags :  Comédie Crime organisé Truand France Années 2010 Humoristique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 09 janvier 2025

Lorsque le téléphone sonne, ce matin là, Michèle Acampora a un mauvais pressentiment qui se confirme lorsqu’elle décroche : atteint de la maladie d’Alzheimer, son mari Leone vient d’entrer dans un coma irréversible.
Leone est un mafieux qui laisse derrière lui une veuve éplorée, mais aussi deux filles, Dina et Alessia. La première a choisi une voie à l’opposé de celle suivie par son père : elle fait dans l’humanitaire, même si la politique menée par les grandes ONG, plus axée sur la communication que sur l’action, la désenchante.
Quant à Alessia, elle a pris la tête du trafic de stupéfiants géré jusqu’alors par Leone, et doit faire avec la montée en puissance des Africains qui lorgnent sur son business. Pourtant, à Grenoble, les Italiens étaient bel et bien les premiers ; une affaire de famille qui roulait, sans faire de bruit. D’ailleurs, sa couverture est une idée de génie ; Alessia est aussi pharmacienne.
Michèle et Leone forment un vieux couple, et même si Madame s’est permis quelques incartades, notamment avec Bernard, le meilleur ami de son mari, elle conserve une grande tendresse pour son époux sur une mauvaise pente. Leone a su pour l’infidélité de sa femme et, contre toute attente, il n’a rien dit, il n’a rien fait. Il a juste prévu de lancer un contrat sur sa tête le jour où sa propre fin serait proche. Il a même pensé à lui écrire une lettre pour la prévenir, remise en main propre par son meilleur ami, l’amant de sa femme…

Avec Pascale Dietrich, les Acampora ont beau être des mafieux, ils n’en restent pas moins une famille comme les autres, voire une famille ordinaire, avec ses petits problèmes ménagers, ses enfants à gérer, ses peines de cœur, son mal-être. Aussi assiste-t-on, en passant d’un personnage à l’autre, à leurs manières respectives d’appréhender la situation. Trois femmes de générations différentes, confrontées à un monde dirigé par les hommes, portent chacune leur regard sur cette évidence.

Si la mise en place de Pascale Dietrich s’avère efficace et son idée de départ plutôt originale, et bien qu’elle adopte un format court pour son roman, le rythme a tendance à s’essouffler et l’intrigue à s’enliser avant qu’on entre dans son dénouement. D’autant plus que les ficelles scénaristiques paraissent un peu grossières et se laissent deviner trop facilement.
Reste la plume de l’auteur, sa légèreté, son humour pince-sans-rire, et cette pointe d’acidité qui chatouille les zygomatiques.

Au fond, l’humanitaire et la mafia constituaient deux réponses opposées à un même problème : ces organisations se développaient quand c’était le chaos, que les gens étaient livrés à eux-mêmes et que l’État ne faisait pas son boulot. La mafia offrait un statut et des ressources à ceux qui ne trouvaient pas de place dans l’économie légale. Quant aux ONG, elles aidaient à peu près les mêmes à survivre sans jamais inquiéter les gouvernements véreux ni s’attaquer aux véritables injustices. Pire, elles rattrapaient les dégâts et permettaient au système de perdurer.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

De la même autrice, mais plus abouti, j’ai préféré son roman L’Agent qui a su garder son rythme de la première à la dernière ligne.

Le début...

Les dix premières lignes...

La sonnerie du téléphone l’arracha brutalement à ses rêves. Les trois bips résonnaient dans le silence, marquaient une pause, puis reprenaient. Michèle resta quelques secondes immobile, une joue enfoncée dans l’oreiller. Le reflet clair du miroir se détachait dans l’obscurité et, sur la table de nuit, les chiffres lumineux du réveil indiquaient six heures cinquante-trois. Elle tâta la place vide à côté d’elle et son estomac se noua. Qui pouvait appeler si tôt, en dehors des médecins ? Saisie d’un mauvais pressentiment, elle se leva, tremblante dans sa chemise de nuit. Elle avait un furieux mal de crâne à cause du vin de la veille. Lorsqu’elle aperçut le téléphone sur la commode au bout du couloir, elle eut tout à coup la certitude que la personne à l’autre bout du fil allait lui annoncer la mort de son mari. Elle s’avança vers le combiné et, retenant son souffle, le porta à son oreille.
— Allô ?
— Madame Acampora, ici le docteur Samuel. J’espère que je ne vous réveille pas.
— Non, mentit-elle.
— J’ai pensé que vous voudriez être tenue au courant sans tarder. Votre mari est tombé dans le coma.


La fin...

Quatrième de couverture...

Il y a toujours moyen de s’arranger avec la réalité chez les gangsters. À condition de respecter le code d’honneur, on peut même mener une vie formidable ! C’est en tout cas ce que Leone Acampora, vieux mafioso grenoblois, a enseigné à sa famille. Michèle et ses deux filles ont donc appris à fermer les yeux lorsqu’elles trébuchaient sur un cadavre ou une valise de cocaïne dans leur joli salon en marbre. Et si, aujourd’hui, Dina a parfois mauvaise conscience, elle espère se racheter en travaillant dans l’humanitaire. Quant à Alessia, pharmacienne inspirée, elle a pas mal d’idées pour moderniser le business paternel. Ainsi va la vie chez les femmes Acampora, entre coups de fusil à pompe et séances de tai-chi. Jusqu’à ce que le vieux Leone perde les pédales. Car avant de mourir, il a laissé une dernière instruction : lancer un tueur à gages aux trousses de sa femme… L’occasion pour les mafieuses de déboulonner un vieux monde machiste et ringard. Subtilement féministe, délicieusement féroce, Pascale Dietrich bouscule les codes pour teinter de rose le roman noir.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Pascale Dietrich










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