Seuil Policiers - Mars 2013
Tags : Polar social Nouvelles Quidam France Moins de 250 pages
Publié le : 06 avril 2013
Un an et demi après sa mort, les éditions du Seuil avaient publié le roman inachevé de Thierry Jonquet, Vampires. Un récit qui s'arrêtait net, au bout de cent quatre-vingt-cinq pages ; les dernières de l'auteur. Jonquet revient aujourd'hui au rayon "nouveautés" avec cette fois un recueil de nouvelles : 400 Coups de Ciseaux.
Après une préface de d'Hervé Delouche (le président de l'association 813), le livre commence par un récit autobiographique — Voilà comment ça s’est passé… — à travers lequel Thierry Jonquet retrace le parcours qui l'a mené vers le roman noir en passant par le militantisme, les services de gériatrie, le cinéma, la Shoah, un poste d'instituteur… Autant d'étapes et de balises qui construiront son œuvre. Presqu'une vie, résumée sur à peine une quinzaine de pages qui cernent (forcément) avec lucidité le personnage qu'était Thierry Jonquet.
Suivent une vingtaine de nouvelles déjà publiées dans la presse, dans des revues ou recueils, entre 1989 et 2009, et retranscrites ici dans un ordre chronologique qui permet de suivre les évolutions de l'auteur. 400 Coups de Ciseaux, qui donne son titre au recueil étant le seul inédit du lot.
On retrouve là les thèmes chers à l'auteur, son attachement aux "petites gens", son inspiration puisée au cœur des faits divers les plus sordides, cette manière de montrer l'envers du décor ou ce qui se cache sous les coins de tapis.
Ce pourrait être comme un résumé de son œuvre, une manière de se faire une idée pour qui n'aurait pas encore eu le loisir de le lire. Mais pour le coup, l'idée serait fausse, tant les textes plus longs laissent à cet auteur matière à exprimer tout son talent.
Ainsi, pour celui ou celle qui aura déjà apprécié ses romans, la lecture de ce recueil laissera comme un goût de frustration, marquant nettement le manque que représente la disparition prématurée de Thierry Jonquet en 2009.
Je n'ai pas lu Vampires. Je ne voulais pas rester sur ma faim.
Ce recueil, et ce malgré la longue nouvelle inédite qui lui donne son titre, me fait penser que j'ai eu raison.
Thierry Jonquet manquera toujours au roman noir français, et ces quelques textes ne combleront pas le vide.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
L'intégrale de Thierry Jonquet.
Les dix premières lignes...
Voilà comme ça s'est passé…
Je n'ai commencé à lire des romans noirs qu'assez tardivement. Avant l'âge de 25 ans, je n'avais jamais entendu parler de Chandler, de Dashiell Hammett, de Goodis. Si l'on m'avait questionné sur le sujet, je n'aurais pu citer que les aventures du commissaire Maigret ou les « histoires de gangsters » à la Giovanni, largement vulgarisées par le cinéma… Un ami fanatique de la Série Noire m'engagea à découvrir celle-ci, malgré mes réticences. Et brusquement, en quelques mois, je fis connaissance avec Chester Himes, Pierre Siniac, Peter Loughran, Jim Thompson, Jean Amila, Francys Rick, etc. Ayant ouvert, quasiment avec des pincettes, ces ouvrages à la couverture fatiguée, j'en restai les bras ballants (…)
Quatrième de couverture...
« L’avantage du roman noir, c’est qu’il donne toujours des claques », dit Thierry Jonquet dans le texte autobiographique qui ouvre ce recueil. Les histoires noires aussi, comme vous pourrez le constater.
Donc, « Voilà comment ça s’est passé » raconte l’engagement politique, le travail en milieu hospitalier, l’expérience d’enseignant carrément problématique, et comment la découverte du roman noir a bouclé la boucle, rejoignant la politique : naissance d’un écrivain.
La vingtaine de nouvelles qui suit illustre toutes les facettes de son œuvre. On y retrouve l’horreur très ordinaire, l’enfer banalisé des vies de sans-abri, de sans-papiers, de sans-boulot. Des claques qui résonnent fort. Et sa dilection pour la contrainte formelle du genre policier, dont témoigne la nouvelle inédite qui donne son titre à ce livre. Mais il y a aussi son humour si particulier, à la fois tendre, grinçant et désespéré. Et ce glissement vers le fantastique, teinté de science-fiction, à la frontière du noir, et où il excellait.
400 Coups de Ciseaux rend hommage au talent multiple et singulier d’un auteur de référence, qui a marqué durablement le paysage du roman noir français.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...