Vipères au Train

Sergueï Dounovetz

La Vie du Rail - Février 2004

Tags :  Comédie Road Polar Crime organisé Truand Amérique du Sud Années 1990 Original Argotique Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 31 mars 2005

Cyprien est quelque part en Amérique du Sud. Il attend son ami de trente ans, Leo, qu'il n'a pas vu depuis vingt ans, mais qui lui a sauvé la vie à Dakar. On imagine comme deux vieux "mercenaires" mal rasés, suant sous la chaleur étouffante du désert ; l'un a soixante-quinze ans, l'autre vingt de moins.
Après avoir été rejoints par Vlado et Zanca, deux molosses bruts de décoffrage qui n'ont de cesse de se défier au bras de fer, ils patientent sur l'unique place du village en sirotant les mixtures locales. Ils attendent le train qu'ils ne vont pas tarder à investir, grâce à Leo, ex-cheminot, capable de prendre en main la destinée de l'antique Kreutzberg.
Ambiance tendue entre les acolytes, auxquels s'est adjoint un cinquième larron, Cendar (surnom qui lui vient de l'odeur qu'il dégage) ; ils ne cessent de s'invectiver, la méfiance et la haine au bord des lèvres, voire des poings. Ils rejoignent enfin Ted Le Blair, le cerveau de l'opération qui vise à dévaliser le trésor de guerre du dictateur Zédler en faisant porter le chapeau à la guérilla locale : l'Herbe Rouge.
Le casse de la banque est réalisé, quelque peu dérangé par la dite Herbe Rouge qui pratique simultanément l'attentat à la voiture piégée, ce qui coûte la vie à l'un des complices. La fuite s'organise à travers le désert, à bord d'un vieux pick-up retapé à la va-vite par Cyprien, mécano à ses heures perdues, puis en train lorsque l'épave a rendu l'âme, malmenée par Vlado.

Dès l'entame du roman l'atmosphère installée par Sergueï Dounovetz est pesante, comme l'air ambiant, la chaleur. On se croirait tout droit entré dans un film de Sergio Leone comme Le Bon, la Brute et le Truand. Silences, observation, méfiance... On est au pays des gros durs d'opérette, loin de tout réalisme. Le ton est cynique et l'humour bien "noir" :

Un dictateur fantoche soutenu par les compagnies pétrolières pille les péons. L'Herbe Rouge pille la dictature. Et nous on pille la dictature en niquant les rouges. Et la morale est sauve !

ou encore plus loin :

Attirés par la lumière jaune des phares, des sauterelles arbuses et des lézards ardoise sautaient sur le capot, avant de glisser sous les roues, se métamorphosant en pizzas d'apéritif.

C'est une aimable farce, un divertissement, comme un rayon de soleil qui viendrait réchauffer un dimanche après-midi pluvieux. On ne pense pas, on se laisse juste porter pour le plaisir par le style un peu rock'n roll de l'auteur, et je ne résiste pas à une dernière citation :

Le maître des lieux, tétanisé par la peur, ne pouvait quitter des yeux l'arme de l'indienne. Sans la présence de la jeune femme, sans doute se serait-il pissé dessus. Mais en Amérique latine le machisme reste la règle. Et l'on ne se pisse pas dessus, pas plus qu'on ne pleure devant une dame. On la fait pleurer, et ensuite, seulement, on lui pisse dessus.

Le comble du bon goût. J'adore...


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pas vraiment d'idée de lecture à vous conseiller à partir de ce roman. À tout hasard, peut-être un tour du coté de San Antonio et de Frédéric Dard... Mais je ne suis vraiment pas un connaisseur. Je vous dis ça à l'instinct...

Le début...

Les dix premières lignes...

Au loin, le désert s'étendait pierreux et aride. Cyprien, perdu dans ses pensées, fixait le ciel. L'avion, un antique Delta à hélices, descendait lentement tel un gros bourdon vers le petit aéroport de Drosera. Cyprien, posant sa bière tiède sur le comptoir de la buvette attenante au hangar qui tenait lieu de salle d'attente, se dirigea vers la piste délimitée par de hauts grillages. Le coucou évita du mieux qu'il put un nid-de-poule aussi gros qu'un cratère avant de s'immobiliser et de caler le moteur. Les quatre hélices continuèrent de tourner à vide, brassant l'air chaud. Un militaire, en faction devant l'unique accès, barra le passage au vieil homme :
- On ne passe pas, gringo. Attendez à l'extérieur (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Soixante-quinze cierges de soufflés, dont un quart de siècle passé en cellule. À croire que la messe est dite, que l'heure de la retraite a sonné. En attendant le grand sommeil.
Seulement... Cyprien veut quitter la scène sur un dernier coup. D'éclat. Un ultime casse, ambitieux. Dans un pays lointain.
Comité d'accueil ? L'Herbe Rouge en pleine insurrection contre le tyran local, un désert infranchissable et quelques charmantes variétés de serpents... Quant à sortir le magot, une seule voie, celle du rail. Un tortillard d'un autre âge pour traverser l'aridité, escalader les cols et dévaler les montagnes. Jusqu'aux frontières de l'inconnu...
Le grain de sable ?
Une guerillera de vingt ans, roulée comme une déesse, qui coince le vieux braqueur, entre ses deux obus et... une caisse de dynamite. En exigeant son dû au nom de la Révolution.
Et l'ancêtre d'allumer la mèche...


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Sergueï Dounovetz










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