Seuil Thrillers - Avril 2009 - Traduction (anglais) : Pierre Namia
Tags : Roman d'enquête Psychologie Avocat Etats Unis Années 2000 Entre 250 et 400 pages
Publié le : 1er novembre 2009
Joe Dillard est un avocat qui, à l'aube de ses quarante ans, ne rêve que d'une chose : défendre enfin un client innocent.
Quarante ans, l'heure des premiers bilans ; celle où on peut commencer à regarder en arrière. Et Joe a un passé assez chargé. Orphelin de père — il ne l'a jamais connu — il a assisté enfant au viol de sa sœur, ce qui a plus ou moins déterminé sa carrière. Plus : son travail acharné durant ses études, sa volonté de devenir procureur afin de défendre la veuve et l'orphelin et de mettre les méchants hors d'état de nuire ; moins : son choix de la carrière d'avocat — plus rentable — et celui de défendre les meurtriers — plus nombreux.
Le constat est simple : il est à l'inverse de ses aspirations premières ; même si heureux en famille entouré de Caroline, sa femme, et de leurs deux enfants. Et ça n'est pas la libération prochaine de Sarah, sa sœur qui a mal tourné et à qui il vient de proposer de l'héberger, essuyant un refus catégorique, qui va arranger les choses. Ce serait plutôt une manière de remuer le couteau dans la plaie…
Parallèlement, on vient de retrouver le corps émasculé d'un homme dans sa chambre d'hôtel. Un pasteur prêcheur qui a fait halte à Johnson City, Tennesse, le temps de débiter ses salades. John Paul Tester a été vu pour la dernière fois dans un bar à hôtesses où, passablement éméché, il a fait scandale.
C'est Phillip Sanders, de la police locale, qui est chargé de l'affaire. Sansders se considère lui-même comme un tombeur, un homme à femmes, et bâcle l'enquête par sympathie pour la victime : « Un pasteur en rut. Un homme que Landers ne pouvait qu'estimer. »
La coupable est toute trouvée : une fille nouvellement arrivée de nulle part et faisant office de serveuse dans le bar d'Erlene Barlowe. Angel clame son innocence, et par l'intermédiaire de sa patronne, va prendre comme défenseur Joe Dillard. Ce sera pour lui l'occasion d'une sorte de rédemption, et d'empocher par la même occasion la coquette somme de 250.000 dollars…
Scott Pratt construit des personnages qui tiennent la route et tient avec le couple Joe Dillard / Angel Christian un duo aux personnalités complexes qui, en associant leurs douleurs, en se servant de l'autre comme béquille, vont tenter d'avancer. On trouvera chez eux quelques-unes des ficelles déjà utilisées par d'autres, mais qui, si elles ne sont pas totalement originales, sont ici reprises à bon escient et servies par une intrigue patiemment construite au fil des pages. De même, les rapports psychologiques entre Joe et sa sœur Sarah, leur passé douloureux, sont assez bien cernés.
Angel est Innocente se présente aussi comme une sorte de roman choral, chaque personnage prenant à son tour la direction du récit. Enfin, à travers son personnage principal, il se révèle comme un éclairage particulier du théâtre de la justice américaine :
Tout ça n'est qu'un jeu pervers et ceux qui y gagnent le plus sont ceux qui mentent le mieux. On appelle ça le système judiciaire. Tu parles d'une connerie ! Les prévenus mentent et trichent, les policiers mentent et trichent, les procureurs mentent et trichent, les avocats mentent et trichent, quant aux juges… Seigneur, n'en parlons pas. Le système judicaire américain se rendrait un grand service en supprimant la moitié des juges en place et en recommençant tout à zéro.
Au final, tout le monde ment et triche. Parfois même à soi-même…
Un roman agréable à lire, même si au fond il ne se détache en rien de ses congénères.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Les personnages d'avocats se retrouvent parfois au cœur des polars. L'un d'eux vaut de faire le détour : Victor Carl, mis au monde par William Lashner et "héros" récurrent de ses romans. N'hésitez pas à le rencontrer, notamment dans Vice de Forme où il est tout à son avantage.
Les dix premières lignes...
12 avril, 7 heures
C'était le jour de mon quarantième anniversaire et la première chose que j'avais à faire était de m'occuper de Johnny Wayne Neal. L'expert psychiatre à qui j'avais fait appel pour l'examiner l'avait déclaré narcissique, mythomane et sociopathe, pour ne parler que de ses qualités. Il ne définissait comme un « monstre invétéré ». Je lui avais demandé de ne pas l'écrire noir sur blanc. Je ne voulais pas que le district attorney tombe dessus. Monstre ou pas, Johnny Wayne restait mon client (…)
Quatrième de couverture...
Un soir, après qu’il s’est rendu dans un club de striptease du Tennessee, le pasteur Tester est retrouvé mort et horriblement mutilé. On aurait vu une Corvette rouge, avec à son bord deux inconnues, partir du club peu après que le pasteur a vidé les lieux. Très vite, la police accuse la très belle et très jeune Angel Christian, la serveuse du club. Aussitôt, Erlene Barlowe, sa patronne, engage l’avocat Joe Dillard pour la défendre. Fatigué de représenter des assassins pour lesquels il n’a que mépris, Dillard, dont la sœur a été violée sous ses yeux quand il était petit, rêve de passer du côté de l’accusation, mais, convaincu qu’Angel Christian est innocente, accepte ce dernier travail.
Malheureusement pour sa cliente et pour lui, il ne sait pas que beaucoup d’autres personnes sont impliquées dans cette histoire, dont, entre autres, sa propre sœur, le flic chargé de l’enquête et le fils un rien illuminé de la victime.
Peu à peu, cependant, en faisant appel à toutes les ressources du droit, il découvrira un mensonge et une vérité qui le laisseront pantois tant ils sont loin de s'annuler.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...