Jigal Polar - Septembre 2002
Tags : Roman d'enquête Crime organisé Vengeance Détective amateur Marseille Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 30 juin 2005
Constantin, dit "Le Grec", est de retour au pays : Marseille, sa ville natale, qu'il ne pense qu'à quitter pour mieux y revenir. Il rentre d'un séjour de travail à New York où, juste avant le prendre l'avion qui le ramènerait au bercail, il a reçu une demande urgente et particulière d'un collègue graphiste : photographier un livre...
La photo, c'est son métier, c'est pour cela qu'il parcourt le monde. Acceptant de mauvaise grâce, il rejoint néanmoins son ami dans une librairie où il le trouve en compagnie d'une vieille revêche, Margareth, qui refuse tout net qu'il fasse les clichés. C'est alors qu'un couple étrange - une petite boulotte et un albinos - pénètrent dans la librairie et que Constantin lit aussitôt la peur dans les yeux de la vieille qui lui glisse rapidement le fameux livre dans les mains en lui faisant comprendre de s'éclipser.
Avant de prendre son avion, le Grec lâche un coup de fil au magasin pour prendre des nouvelles après cet épisode mystérieux, mais il ne parvient pas à parler à son ami Pierre. Son instinct lui dit même que c'est un flic qui lui a répondu.
Dans l'avion qui le ramène à Marseille, il fait connaissance avec sa voisine, Sophie, tente même de la draguer un peu, mais la belle a la répartie facile et c'est plutôt elle qui mène le jeu. Refroidi, Constantin finit par examiner le fameux livre. Il s'agit ni plus ni moins d'un incunable, d'ailleurs la donzelle à côté de lui à l'air d'en savoir long sur le sujet.
Arrivés à bon port, les deux tourtereaux promettent de se revoir. Constantin téléphone de nouveau à New York et apprend cette fois que son ami Pierre, le graphiste, est mort à la librairie : un hold up qui aurait mal tourné. À peine a-t-il raccroché que la sonnerie retentit ; une voix menaçante, avec un fort accent américain :
— Monsieur Constantin ?
— Oui.
— Vous avez quelque chose à nous...
Après une nuit passée auprès de la blonde Sophie, Constantin rentre chez lui à pied par les chemins de traverse. Il est accueilli par un homme, surpris, qui patientait sur sa terrasse. Un second sort de l'ombre et l'assomme d'un coup de matraque. Ces deux-là réclament le fameux livre que Constantin a laissé chez Sophie pour un examen plus minutieux lorsque surgissent du toit trois espèces de ninjas tout de noir vêtus qui expédient les autres au tapis. Chacun défouraille, les coups et les balles pleuvent avant que le Grec ne s'évanouisse. À son réveil, il est allongé à l'abri sur les rochers, une veste chinoise en soie noire lui protège le visage sur laquelle il découvre une carte de visite indiquant un dojo situé dans une friche industrielle du sud-est de marseillais...
Gilles Del Pappas est un amoureux de Marseille, de la ville, de ses habitants, de sa langue, de ses quartiers, de sa cuisine, de ses femmes. Chacun de ses romans transpire cet (ces) amour(s). Et même lorsqu'il nous entraîne, comme c'est le cas ici, dans une intrigue lointaine aux fondements historiques sans aucun rapport avec sa région, c'est tout de même elle qui prend souvent le dessus. Del Pappas sait nous faire profiter du parler marseillais et c'est avec grand plaisir qu'on entendrait presque l'accent chanter entre les lignes :
— Oh fan de chichourle, t'es pas beau à voir, té ! Peuchère, tu as passé sous le tram ?
— Con à la voile, tu t'es fait bastonner par des cacous ou quoi ? Et bé... Ils t'ont pas loupé...
Mais Del Pappas sait aussi donner vie à des personnages hauts en couleurs, comme la vieille Fanny, au grand cœur et au franc parler, mémoire vive d'une vie comblée par le soleil et réservoir d'anecdotes, de souvenirs... Il profite également de ses romans pour glisser parfois quelques considérations sur sa ville, comme le développement du tourisme par exemple, ou encore quelques recettes d'une cuisine alléchante qu'il maîtrise en connaisseur.
Quant à l'intrigue qui vient se glisser au milieu des ballades, des amis, des femmes, des bonnes bouffes et des pastis, elle est bien évidemment construite, tient parfaitement la route et n'est pas seulement un support, un vecteur. L'histoire de cet incunable qui remonte aux Templiers permet à l'auteur de présenter, et de quelle manière, une certaine philosophie chinoise, celle des moines taoïstes, rien moins... Mais là, pour en savoir plus, il vous faudra plonger.
La lecture de Del Pappas est pleine de soleil et regorge d'humanité, ce serait un péché que de s'en passer !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Constantin est un personnage récurrent dans l'œuvre de Gilles Del Pappas et je ne peux que vous conseiller de le retrouver dans chacune des ses aventures.
Il est aussi un digne représentant de la mouvance marseillaise du polar français au côté des Jean-Claude Izzo, Eric Legastelois, Maurice Gouiran, Philippe Carrese et j'en passe...
Les dix premières lignes...
Il priait.
Il ne savait pas si c'était le jour ou la nuit. S'il faisait beau ou s'il pleuvait. Et ça depuis longtemps... la geôle n'avait aucune ouverture susceptible de laisser entrer la lumière. On lui faisait passer un bout de pain rassis, un bol d'eau croupie...
Cela rythmait le temps.
Le gardien, lui-même un ancien sergent de l'Ordre, miraculeusement survivant du siège de Saint-Jean-D'acre, lui avait dit en cachette que le bûcher brûlerait ce jour. Ce soldat couturé de corps et d'âme par les cicatrices de la vie, pris de pitié par la déchéance du Grand Maître, lui avait porté un peu de vin...
— De l'hypocras, Monseigneur (...) !
Quatrième de couverture...
De retour de New York, Constantin dit "Le Grec" prépare nonchalamment son expo photos, encore sous le charme d'une blonde torride. Il se retrouve alors, incidemment pris sous les feux croisés des nervis de l'Ordre du Temple et d'une bande de Chinois Shaolin venus récupérer coûte que coûte un incunable mystérieux qui cache bien son jeu...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...