Corsika

Nicolas Michel

Buchet-Chastel - Octobre 2008

Tags :  Roman d'enquête Polar politique Trafic Flic Afrique Années 1990 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 08 décembre 2008

On est en Afrique, du côté de Kampala, Ouganda. Enock abandonne sa maison pour fuir. Déjà, quelques jours plus tôt, il a envoyé sa femme Ayeta et leurs deux enfants vers l'ouest. Lui, en solitaire, file vers l'est, le Kenya, tentant de brouiller les pistes. Enock est ingénieur chimiste, sa femme pédiatre, on ne sait pas à quoi ils tentent d'échapper. Tout ce qu'on sait, c'est qu'Enock est rejoint et abattu à la frontière kényane…

Après un long premier chapitre africain (une cinquantaine de pages) qui fait figure de prologue en forme de fuite, mais sans que l'on reçoive aucune explication, le roman bascule entre Marseille et la Corse pour faire apparaître le personnage de commissaire Étienne Gouirand qui vient assister à l'enterrement de son ami Sergio, journaliste indépendant fraîchement assassiné.
Sergio Morrachini était un fouineur qui enquêtait sur beaucoup de choses à la fois, un journaliste d'investigation comme on n'en fait plus. Les indépendantistes, la gestion de clubs de foot, les projets immobiliers, tout ce qui concernait la Corse était à son programme et pour couronner le tout, il a été abattu par des balles tirées d'un Sig Sauer, l'arme des flics. Les pistes ne manquent pas…

La Corse est sans aucun doute un bon sujet pour un auteur de polar. Elle recèle suffisamment d'éléments matière à la constitution de nombreux scénarios. Nicolas Michel, à sa manière, pratique une approche globale en s'attachant à la diaspora Corse, à ses ramifications. S'il survole l'historique des mouvements indépendantistes, les trafics immobiliers qui se jouent sur l'île, c'est pour mieux revenir, au final, sur l'influence de certaines personnalités corses. Sans jamais le nommer, on reconnaît aisément dans le roman un célèbre ministre de l'intérieur à l'accent chantant, spécialiste es-magouilles politiques et financières, qui fut un temps à la tête de services à l'action très "civique" et aux membres très barbouze.
Nicolas Michel les mêle à la politique africaine de la France dans une intrigue parfois confuse et aux raccourcis un peu sommaires. Quand bien même les fait qu'ils relatent s'appuient sur une sordide réalité très concrète (quelques dépêches AFP en attestent à la fin du roman), on a beaucoup de mal à croire à son montage, à sa mise en scène. Le scénario pourrait être crédible (et on peut dire sans se tromper que l'auteur maîtrise son sujet par le côté "documentaire"), c'est la manière de raconter qui ne convainc pas.
L'écriture se veut sèche, le style âpre, dur, ou original — comme ces passages où intervient une barbouze, l'"i", donnés à lire sans aucune ponctuation, dans un seul souffle — mais la "vérité" n'éclate pas. On n'y croit pas.
Dommage, sans doute les intentions étaient-elles bonnes.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Sur les rapports troubles entre la France et l'Afrique, Catherine Simon s'est également penchée avec On ne Quittera Jamais le Territoire des Loups.
Pas simple à rendre…

Le début...

Les dix premières lignes...

Enock est réveillé par le bruit de l'essieu raclant la latérite de la chaussée. Il glisse la main sous l'oreiller, tâte la crosse du Ruger GPNY, vérifie que la liasse de billets est bien là, deux cents coupures de mille shillings, le minimum vital pour atteindre la frontière kényane. Le véhicule s'éloigne, sans doute le Subaru rouillé de Twesigye, l'éleveur de poulets.
Enock ouvre les yeux. La fenêtre grillagée laisse entrevoir un bleu pâle strié de blanc. Il est presque six heures. Enock s'accorde une minute supplémentaire. Bientôt, il faudra courir (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Une route de latérite sous le soleil équatorial. Un homme qui fuit, les mains crispées sur le volant de sa Toyota, la tête bourrée de souvenirs, un Ruger GPNY posé sur le siège passager.
Un parfum de maquis sous le soleil corse. La Méditerranée qui berce le port de Propriano. Un homme qui n’entend plus les vagues : le journaliste Sergio Morrachini a été froidement abattu sur sa terrasse de deux balles de Sig Sauer SP2022. À côté de son téléphone, griffonné à la va-vite, un nom : Étienne Gouirand.
Le commissaire marseillais, passionné de pêche à la mouche, ne voyait plus Sergio depuis des années. Le temps avait éloigné les amis d’enfance qui partageaient autrefois rêves et idéaux. Sergio était resté fidèle aux siens, menant ses investigations dans les milieux nationalistes comme chez les promoteurs immobiliers qui rêvent de couvrir le littoral de béton.
En embarquant sur le ferry qui assure la liaison Marseille-Propriano, Étienne Gouirand ne se doute pas que l’enquête qui commence va l’entraîner bien au-delà de cette Corse qui étire ses clichés au soleil.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Nicolas Michel










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition