Gilles Del Pappas

Un avis personnel...

Publié le : 30 novembre 2005

Marseille chante dans les romans de Del Pappas. À la manière de Los Angeles chez Ellroy, elle est la véritable héroïne. Les situations décrites, les personnages tracés, si délicieux soient-ils, ne sont que prétexte encore et encore à parler de Marseille.
En parler dans la langue de là-bas.

Du Sel Plein les Yeux raconte le retour de Constantin le Grec (personnage récurrent de l'auteur) au "pays". Il revient de Paris, où il a couvert comme photographe les événements de mai 68, et puis d'Afrique, où il a couvert la guerre.
Il y était parti les yeux écarquillés de plaisir, son premier grand reportage, et il revient désenchanté chercher de la chaleur dans le seul endroit du monde où il puisse en trouver : chez lui, à Marseille.
Là, il retrouve d'anciens copains, certains ont mal tourné, il retrouve aussi une girelle qu'il n'avait fait qu'embrasser dans le temps, faute de réussir à lui dégrafer son pantalon.
Ils sont tous deux plus expérimentés qu'alors, mais elle est tout aussi fraîche et belle, la petite rouquine.
Et puis il tombe sur un chauffeur de taxi facho à ses heures, chef d'une milice locale qui a pour fâcheuse habitude d'enlever et de torturer les nanas des types qui expriment trop fort des opinions contraires aux leurs. Une vrai vermine que ces gars-là. Qui ajoutent le trafic de came à leurs saloperies fascistes.
Constantin, pour sauver sa belle, s'allie à un commando de chauffeurs de taxis bien décidés à éradiquer la vermine. Lui, pas adepte de la violence en réponse à la violence, il hésite au départ. Mais pour arracher des griffes véreuses sa jolie rouquine, il dépasse ses principes.

Les descriptions de Marseille, les souvenirs, un brin de nostalgie sans exagération, et une sensualité toujours présente parsèment agréablement le roman pour créer une atmosphère spéciale.
Ça se lit bien, fluidement. Juste pour le plaisir de faire un voyage dans le sud...

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Vous pouvez prolonger le voyage avec les autres romans de Del Pappas, où vous retrouverez la même atmosphère et le même parler chantant...

Et pour découvrir d'autres visions de la belle Marseille, vous pouvez explorer du côté de Jean-Claude Izzo, Eric Legastelois, Philipe Carrese...

Le début...

Les dix premières lignes...

Ma vue se brouille, et pourtant c'est avec terreur que je revois clairement, comme dans la plupart de mes rêves le premier jour où je t'ai rencontrée. Avec terreur parce que maintenant je sais... le rêve est fini, il n'y a plus d'espoir.
Et j'ai mal de ça...
Tu étais apparue dans un halo clair... c'était en été. Un bel été où les cigales s'en donnaient à cour joie, remplissant l'espace de leurs stridulations hystériques. Nous étions, avec Gino sur la terrasse d'un bar, un nouveau lieu où poser notre jeunesse oisive de gosses de familles riches. Gino était tout blond, cette couleur particulière aux gens du nord, avec de grands yeux bleus qui avaient gardé les traces laiteuses de l'enfance. C'est avec lui que j'avais eu mes toutes premières expériences sexuelles (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

Rien n'est jamais simple à Marseille. Et surtout pas quand Constantin dit Le Grec, de retour d'un reportage tourmenté dans une Afrique en guerre, saute dans un taxi, en descendant de la gare Saint-Charles ! On est à la fin des années 60... Et Constantin ne rêve alors que de calme, de soleil, de sel sur la peau et de désirs partagés avec une jolie girelle...
Mais rien ne se passe comme prévu... La rouquine qui tombe des nues, le taximan qui joue les gros bras, les sbires d'une mafia sans visage qui tuent, enlèvent et détruisent tout, même l'amour ! Alors c'est là, con de Manon, que tout a basculé. Le Grec amoureux lève une armée de fidèles pour sauver sa belle et en profite discrètement pour anéantir la vermine qui ruine la ville. Putain, Marseille tu me tues...