Gilles Del Pappas

Un avis personnel...

Publié le : 30 juin 2005

Recommandé Bleu sur la Peau constitue la seconde apparition de Constantin, dit le Grec, personnage central dans l'œuvre de Gilles Del Pappas, sorte de double littéraire de l'auteur qui, comme lui, voue à Marseille un amour immodéré, à son histoire une passion sans faille. L'un comme l'autre mène de front une chronique de la ville, de la Méditerranée, du Sud...
L'écriture de Gilles Del Pappas est souvent légère, sensuelle, mais ce roman est plus sombre que les autres ; sans doute le thème traité n'autorisait-il pas un manque de "sérieux".
Constantin est convoqué par un vieil ami commissaire : on vient de retrouver le cadavre d'une femme et le seul indice permettant de l'identifier est un morceau de photo au dos de laquelle figure le nom de Constantin, mais il ne reconnaît pas la victime. Le lendemain même, il échappe à un attentat.
Émoustillé, lui qui commençait à sombrer après la mort de son amie Juliette est remis sur pieds par cette suite inattendue d'événements. Il va se lancer dans une enquête qui le ramènera tout droit au cœur de l'histoire récente de Marseille, celle de la dernière guerre mondiale, celle de l'occupation, celle qui vit la destruction de tout un quartier de la ville par les allemands, appuyés activement par les édiles politiques d'alors.
Gilles Del Pappas fouille une histoire sombre, nauséabonde, mais rend aussi ici hommage à ses parents qui se rencontrèrent à la libération de Marseille, sa mère étant résistante et son père faisant partie de FTP. Un roman dont la capitale du sud français est toujours l'héroïne, à travers son passé, où on retrouve malgré tout la langue chère à Pagnol et le "plaisir" d'une intrigue savamment menée sur fond historique par un des grands auteurs de la mouvance méditerranéenne (pour ne pas dire marseillaise) du polar français.

Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Les aventures de Constantin permettent à Gilles Del Pappas de construire une chronique marseillaise courant sur l'histoire "immédiate" de la ville ces dernières décennies. On retrouve ce personnage récurrent dans une dizaine de ses romans, alors si vous avez aimé celui-là... n'hésitez pas : d'autres suivent.

Le début...

Les dix premières lignes...

Une mouche noire se ballade au plafond. Elle se déplace par à-coup, d'une façon saccadée. De temps à autre, elle s'envole pour se poser tout à côté de l'aire de son essor avec un
— Bziiit !
Péremptoire.
Malgré les râles des hommes loups qui s'agitent au-dessus de la jeune fille, les ordres, "tourne-toi par-là, écarte ta pachole, suce mon vier, bouge tes fesses..." malgré les coups, quand elle ne réagit pas assez vite, tourner, écarter, sucer, bouger, elle perçoit avec précision le vol de la mouche. Son attention est entièrement fixée vers les circonvolutions brèves de l'animal.
— Bziiit !
Elle se demande ce que l'insecte voit du monde des humains avec ses yeux à facettes. Le viol d'une jeune fille mille fois répercuté jusqu'au minuscule cerveau (...).

La fin...

Quatrième de couverture...

Putain, la vie était trop belle !
La mer, le soleil, le farniente...
Mais Constantin, dit le Grec, n'a jamais eu de bol avec les girelles.
Et là, il en suffira d'une pour semer une engatse comac chez les notables marseillais !
Que s'est-il donc passé en 43 dans les vieux quartiers de Marseille ?
Qui a intérêt aujourd'hui à déterrer ces vieilles haines ?
Face à une bande de cacous qui veulent lui faire passer le goût de la sardine, Constantin va plonger tête baissée dans une embrouille plutôt glauque, surgie du néant.
À Marseille, ville d'ombre et de lumière, la tragédie n'est jamais très très loin...