Le Vautour

Gil Scott-Heron

Editions de l'Olivier - Mars 1998 - Traduction (anglais) : Jean-François Ménard

Tags :  Roman noir Polar social Polar militant Polar urbain Discrimination Drogue Vengeance Criminel Quidam New York Années 1960 Littéraire Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er juin 2008

Recommandé Gil Scott-Heron est un touche-à-tout, et souvent avec succès. Plus connu pour ses recueils de poésies et pour sa carrière de chanteur de Soul, il a néanmoins écrit un polar à la fin des années soixante alors qu’il n’avait que vingt ans. Il a même été jusqu’à prendre une année sabbatique au milieu de ses études universitaires, au grand dam de sa mère, pour mettre sur papier le roman qu’il avait dans la tête. À sa sortie ce roman n’a pas fait grand bruit, mais au fil du temps, et surtout, de la carrière musicale de l’auteur, Le Vautour a eu une seconde vie. Ouf ! Il aurait été dommage de passer à côté.
Vous l’aurez deviné, c’est un roman à mettre entre toutes les mains. Lorsque John Lee, un dealer de dix-huit ans, le dealer du quartier, est retrouvé mort, exécuté en pleine rue, on pense tenir là un roman policier avec une trame habituelle : meurtre, flic, enquête, arrestation. Il n’en est rien, car d’enquête il n’y a presque pas. C’est le lecteur qui devient l’enquêteur en découvrant les histoires de quatre autres figures du quartier, plus ou moins en relation avec John Lee, et qui ont tous une bonne raison d'en vouloir au dealer.
Tout d'abord il y a Spade, qui au fil du temps et surtout grâce à ses poings, est devenu le caïd du quartier. Junior Jones, un jeune chef de bande qui vénère Spade et rêve de prendre la place de John Lee. Tommy Hall, un militant de la cause Noire, qui œuvre pour l'organisation « BAMBU » qui vise à éduquer le peuple noir sur leur histoire, et l'émanciper par rapport au pouvoir blanc. Et Enfin Q.I., un étudiant marginal qui fait figure d'intello du quartier et qui ne parle que par citations.

— Les vrais esclaves sont ceux qui se complaisent dans l’esclavage, cita Q.I.
— Il n’y avait pas beaucoup de gens heureux dans les communautés qui ont explosé l’été dernier. Et il se pourrait bien que l’explosion recommence. L’ivresse peut avoir des vertus apaisantes pendant un certain temps ; c’est pour ça qu’à mon avis les émeutiers n’étaient pas ivres. C'étaient des hommes à qui on a dénié le droit d’être des hommes, qu’on a traité pendant trois cents ans comme des sauvages et qui ont soudain décidé de prendre ce qu’ils avaient envie de prendre. Ils savent bien ce que valent les lois des Blancs. Elles ne sont faites que pour le seul profit des Blancs.

En décrivant ces différents personnages, Gill Scott-Heron nous fait découvrir la vie des ghettos noirs englués dans la violence, la drogue, le communautarisme et la répression policière. Une chronique sociale qui prend petit à petit le pas sur l'intrigue, l'auteur parle de ce qu'il voit, de ce qu'il vit. Mais ce qui se dégage le plus c'est l'étonnante maturité et lucidité de l'auteur, malgré son jeune âge, sur son époque marquée par le mouvement des « Droits Civiques » qui a ébranlé le pays dans les années soixante, soixante-dix, et notamment la communauté Noire.
À lire de toute urgence, avec un "petit" disque de l’auteur pour l’accompagner.

De toute façon, tant qu’à faire j’étais plutôt un supporter des Mets. Les Mets étaient assurés de la défaite dès le début de chaque match. Le seul record qu’ils arrivaient à battre, c’était celui du plus grand nombre de matches perdus et du plus grand nombre de spectateurs venus les voir perdre. Le Shea Stadium était un asile de fous. Le public se faisait taper dessus beaucoup plus que les joueurs ne tapaient dans la balle. Quelqu’un d’un peu soûl se mettait à débiter des grossièretés et, en un instant des centaines de gens se faisaient sortir. Les flics se montraient impitoyables. Les Mets étaient la seule équipe à laquelle les Noirs et les Portoricains pouvaient s’identifier. Eux aussi se faisaient taper sur la tête et botter le cul. Ils étaient les perdants des rues de New York, tout comme les Mets étaient les perdants du terrain de base-ball. Et les supporters ivres qui foutaient leur poing dans la gueule des flics quand ceux-ci essayait de les calmer devenait des héros, parce que c’était au nom de tous les perdants qu’ils distribuaient leur coups. Lorsque ceux qui s’étaient rebiffés étaient finalement maîtrisés et assommés pour le compte, c’était un moment de tristesse, mais aussi de fierté. Ils ne s’étaient pas laissé faire.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Toute la collection Soul Fiction des Éditions de L'Olivier est susceptible de vous intéresser si vous avez aimé ce livre, de même un petit tour du côté de La Scène de Clarence L. Cooper ou des livres de Donald Goines semble une bonne idée.

Le début...

Les dix premières lignes...

Derrière l’immeuble de vingt-cinq étages qui donne sur la 17ème Rue, entre les 9ème et 10ème Avenues, une foule de badauds, les yeux grands ouverts, observait le photographe à lunettes qui mitraillait à coups de flash le corps allongé à plat ventre par terre. Dans le murmure des conversations et les ombres des gyrophares qui projetaient alentour une lueur inquiétante, les enfants se cramponnaient à leur mère, serrant entre leurs mains les robes de coton.
Aux fenêtres des étages supérieurs, des têtes sans corps scrutaient l’obscurité et tendaient l’oreille vers cette agitation confuse qui montait d’un monde en miniature (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

John Lee est mort un jour de juillet, à New York. On a retrouvé son corps dans la 17ème Rue, entre la 9ème et la 10ème Avenue. Il avait dix-huit ans. C'était un petit dealer, toujours à l'affût d'un coup, qui "travaillait" après l'école. Alors, qui a tué John Lee ? Quatre hommes possèdent un fragment de la vérité : Spade, Junior Jones, frère Tommy Hall et Q.I. Quatre destins qui incarnent la violence, la ruse, mais aussi l'espoir d'une rédemption, dans un quartier voué à la misère et à la drogue.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Gil Scott-Heron










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