La Scène

Clarence L. Cooper Jr

Gallimard / Série Noire - Février 1962 - Traduction (anglais) : Marcel Duhamel

Tags :  Roman noir Roman d'enquête Polar social Polar urbain Crime organisé Trafic Flic Truand Etats Unis Années 1960 Populaire Argotique Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 04 janvier 2008

Roman référence de Clarence J. Cooper Jr, La Scène a été écrit en partie en prison dans les années soixante et souffrirait dans sa traduction française d’un "allègement" d'un bon tiers par Marcel Duhamel, sûrement pour rentrer dans les normes de la Série Noire de l'époque.
Il est regrettable que Gallimard qui détient toujours les droits de ce roman ne propose pas de nouvelle traduction. Néanmoins, La Scène garde un ton et une clairvoyance sur le monde de la drogue et de ses ravages, propre aux auteurs noirs de l'époque (Iceberg Slim, Donald Goines, Gil Scott-Heron, etc.).

La Scène est l'endroit où se retrouve le petit monde fermé des camés, des dealers, des prostitués… Du Boss qui gère tout le trafic pour le syndicat, à Rudy Black, un petit souteneur et dealer, en passant par Andy l'indic des "roulants" Davis et Patterson, Bertha la mère dealeuse, Lou et Ella, les tenanciers dans un petit hôtel, sans oublier ces jeunes blancs qui cherchent désespérément à calmer leur guenon.

Tous ces personnages, qui se croisent et se recroisent dans ce microcosme de dépravation, paraissent, au début, un peu caricaturaux ou clichés, mais trouvent au fil des pages une certaine profondeur. C'est d'ailleurs ce qui maintient le lecteur accroché. Le récit est assez banal et prévisible mais ce manque d'originalité est supplanté par un découpage non chronologique de l'histoire, qui donne un rythme plus soutenu qui perd parfois le lecteur — surtout que les mois indiqués en tête de chapitre ne semblent pas vraiment correspondre à la suite logique des événements.

Le style est simple avec un argot autour de la drogue omniprésent, peut-être "surjoué" par le traducteur comme dans certaines traductions de Jim Thompson. Un vocabulaire qu'on retrouve dans L'Accro de Donald Goines, tout comme les descriptions sans concession des drames liés au crack. Par contre un thème qui n'apparaît quasiment pas, c'est le racisme, étonnant pour un roman des années soixante ; comme si la drogue mettait tout le monde sur le même pied d'égalité comme en témoigne ce dialogue improbable qui conclut le livre, entre deux junkies, un blanc et un noir, dans les toilettes d'un train les amenant en cure de désintox et qui illustre cette phrase citée plus tôt dans le livre :
« Camé tu es, camé tu resteras. »

Bref, un bon livre qui trouve surtout son intérêt quand on le replace dans son contexte historique : un témoignage unique de la vie des ghettos dans les années soixante.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Vous pouvez essayer l'autre roman du monsieur traduit en français : Bienvenue en Enfer, mais si vous voulez rester dans la même ambiance, embrayerez direct sur L'Accro ou Ne Mourez Jamais Seul de Donald Goines.

Le début...

Les dix premières lignes...

Cette nuit-là, Rudy Black prit, pour la première fois, pleinement conscience du décor de la rue et il en fut péniblement affecté. Tous les éléments de la Scène — les lumières, les putains, les michés au volant de leurs voitures, la bacchanal de musique de jazz jaillissant de la boutique de disques au carrefour de la soixante-dix-septième rue et de Maple avenue — tout cela rebutait Rudy, souteneur et revendeur de drogue, et bien qu’il ne connût pas d’autre atmosphère que celle-là, il s’y sentait presque aussi isolé qu’un étranger (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

La Scène, c'était sa patrie. Mais ce soir-là, il haïssait ses lumières, ses putains, ses michés au volant de leur voiture, la bacchanale de musique de jazz jaillissant de la boutique de disques, au carrefour de Maple Avenue. Oui, la Scène tout entière rebutait Rudy. Elle lui semblait pareille à de la chair morte : parce que lui-même allait donner la mort.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Clarence L. Cooper Jr










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