L'Accro

Donald Goines

Gallimard / La Noire - Mai 1995 - Traduction (anglais) : Alexandre Ferragut

Tags :  Roman noir Polar urbain Drogue Truand Quidam Etats Unis Années 1970 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 08 juin 2007

Recommandé Porky est un des plus importants dealers de Détroit, gros, hideux, il a découvert que la vente de drogue lui conférait un pouvoir, presque sans limite, sur les junkies qu'il fournit. Son appartement est devenu son harem, jouant de son pouvoir, pour faire subir les pires perversités et humiliations à ses clients. "C'était la maison des horreurs".
Parmi ces clients, on suit plus particulièrement la lente descente de Terry et Teddy. La première, une jeune afro-américaine, issue d'une famille qui ne connaît pas de problèmes d'argent — elle possède une voiture et un bon job dans un supermarché. Rien ne la prédestinait, à devenir "accro" à l'héroïne, si ce n'est son petit ami Teddy, qui l'emmène chez Porky dans l'espoir d'obtenir des "sniff" gratuits, et connaissant le faible de Porky pour Terry. Porky prendra bien soin de la rendre dépendante.
Teddy, lui, déjà junkie, deviendra tour à tour, voleur, souteneur, dealer pour pouvoir s'offrir ses doses, allant même jusqu'à arnaquer sa famille.
Mais le dernier mot est forcément pour le dealer.

Le dealer avait bien des défauts, mais pas celui-là. Il n'était pas un junkie.
C'était le jeu de la vie qu'il jouait avec tous les junkies. Seulement voilà : les junkies recevaient des cartes truquées et c'était lui qui distribuait.

L'Accro est une immersion dans le monde des toxicos sans concession, un monde sans espoir où chaque junkie n'a qu'une obsession : trouver l'argent pour se payer sa prochaine dose et calmer ainsi ce singe qui grandit dans leur dos, symbole du phénomène de manque.

Qu'est-ce qui se passe ? La guenon que t'as sur le dos s'est transformée en gros gorille ?

L'idée de décrocher n'est qu'une utopie, un mince espoir qui les maintient en vie, mais qui est vite chassé par ce singe.

Lorsque la poudre eut exercé son effet calmant, Terry songea une fois de plus à chercher de l'aide auprès d'un médecin. Mais il en était toujours ainsi quand elle venait d'apaiser la faim dévorante que le besoin provoquait en elle. Tandis que quand elle se sentait mal, elle n'avait qu'une seule pensée en tête : où trouver un sniff ? Elle s'était juré à mainte reprise d'aller consulter un médecin, mais quand elle se réveillait le matin en manque de dope, la seule chose qu'elle cherchait c'était le dealer le plus proche.

Ce roman, en partie autobiographique, fut un des tous premiers écrit par l'auteur, en 1971, sous le titre de Dopefiend : le personnage de Terry, issue comme Donald Goines d'une famille plutôt aisée, montre la spirale de la drogue et de sa dépendance, et, celui de Teddy dont chaque "boulot" a été pratiqué par l'auteur. Les descriptions crues des séances d'injections, les barrières morales qui sautent une à une chez les junkies, font de ce livre le témoignage lucide d'un homme qui n'a jamais pu décrocher de ce qu'il nomme régulièrement "poison".

Tous les camés que je connais vont décrocher un jour. Seulement, quand ils s'arrêtent, c'est soit qu'ils sont en taule, soit qu'ils sont en train de recevoir de la terre sur la gueule.

Un livre a mettre entre toutes les mains averties.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Pour rester dans le monde des junkies, allez faire un tour du coté de Toxico de Bruce Benderson, Un Singe sur le Dos de Stéphanie Benson ou encore Envoie-moi au Ciel Scotty de Michael Guinzburg.

Le début...

Les dix premières lignes...

Dans l'appartement les voix se faisaient de plus en plus bruyantes à mesure que la discussion s'amplifiait. Porky, noir et horriblement adipeux, passa son domaine en revue avec ses petits yeux rouges de reptile. Son appartement était un château. Son univers était enclos dans l'étroite enceinte des quatre murs qui l'entouraient. Assis dans son énorme fauteuil, il regardait les drogués aller et venir. Ils le distrayaient ; même si ce n'était pas leur intention, ils le divertissaient. Quand ils entraient chez lui et le suppliaient de leur faire crédit, il en éprouvait un sentiment de puissance. Avec les femmes, c'était encore plus fort. Dès qu'elles manquaient d'argent, son esprit diabolique, pour se divertir, leur proposait des actes toujours plus inédits et monstrueux (...)


La fin...

Quatrième de couverture...

"Assis dans son énorme fauteuil, il regardait les drogués aller et venir. Ils le distrayaient ; même si ce n'était pas leur intention, ils le divertissaient. Quand ils entraient chez lui et le suppliaient de leur faire crédit, il en éprouvait un sentiment de puissance. Avec les femmes, c'était encore plus fort. Dès qu'elles manquaient d'argent, son esprit diabolique, pour se divertir, leur proposait des actes toujours plus inédits et monstrueux."
Récit de la terrible descente aux enfers d'une jeune Black, superbe roman noir dans la lignée de Goodis, L'Accro, en grande partie autobiographique (et quelle vie !), est d'une telle trempe qu'il ne pouvait être l'œuvre que d'un très grand écrivain.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Donald Goines










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition Réédition poche

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Ne Mourez Jamais Seul Truands and Co. Daddy Cool Justice Blanche, Misère Noire Street Players