Ravet-Anceau - Juin 2007
Tags : Roman d'enquête Polar politique Flic Quidam France Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 30 juin 2007
Septembre 1973, Santiago du Chili. Un jeune étudiant français, poussé par un certaine Nadège, pasionaria de la fac, participe avec un ami aux côtés des militaires au coup d'état et est le témoin de l'exécution sommaire, après interrogatoire, d'un couple de chiliens.
Saint-Étienne, mars 2004. Yves Coukry, avocat, est candidat aux régionales et espère bien venir troubler le ronron des cadors UMP et PS de la région, planqués à Lyon, aidé en cela par ses nouveaux amis du Front National.
Éric Assemond, quant à lui, est un ancien prof qui a tout laissé tomber pour devenir brocanteur. L'affaire est précaire, il vit dans son garage-dépôt et écoule sa marchandise dans les vide-greniers environnants. Il vient justement d'acheter un lot à un couple, les Poncil, et compte bien tirer quelque argent de ses trouvailles.
Maison de retraite de Saint-Victor sur Loire. Une tache dans cet environnement bourgeois : il y a eu un mort cette nuit, une morte plutôt : Nadège Poncil, qui aurait été étouffée par inadvertance par sa voisine de chambre, atteinte par la maladie l'Alzheimer et qui se serait allongée sans s'en rendre compte sur la future défunte. Bizarre... Le capitaine Séverine est sur place pour éclaircir l'affaire...
Ainsi Jean-Louis Nogaro présente-t-il les différents protagonistes de son roman. On sait déjà que ces quatre éléments seront au cœur de l'intrigue et qu'il s'agit d'éclairer les liens qui les unissent. On connaît les tenants qui prennent leur source au Chili en 1973, et les aboutissants : la mort mystérieuse de Nadège Poncil. Éric Assemond sera le grain de sable dans la machine électorale d'Yves Coukry et le capitaine Séverine fera office de révélateur ; la caméra étant posée la plupart du temps sur son épaule.
La construction, bien que classique, est toutefois maîtrisée et le fait d'en savoir beaucoup dès le départ et d'imaginer les gros de la conclusion n'empêche pas le récit d'être rythmé par les soubresauts de l'enquête. C'est l'occasion pour Jean-Louis Nogaro de mettre en scène un flic humaniste dans une région chargée d'histoire ouvrière qu'il aime beaucoup : Saint-Étienne :
(...) Séverine le Pyrénéen aimait cette ville pour son âme. Une ville qui savait faire preuve de folie, d'esprit fantasque, malgré la rigueur de son climat et le déclin économique. Une vraie ville slave.
Ou encore :
C'était ça, Saint-Étienne. Une ville qui s'était balafrée de longues lignes de civilisation, au gré des plans d'urbanisme. La Grande rue, le cours Fauriel ne dépareilleraient pas dans une ville plus chic et plus bourgeoise. Mais entre ces rues commerçantes ou résidentielles, des zones beaucoup plus approximatives se maintenaient. Saint-Étienne, c'était un peu comme le delta d'un grand fleuve tropical. Sitôt les voies navigables abandonnées, on devait se risquer sur les sables mouvants, se confronter aux bestioles de la brousse, éviter les plantes carnivores...
Saint-Étienne Santiago est un roman sobre, comme le style de son auteur, sans artifice, qui tend à la fiction-réalité. Pas de gros budget, pas d'effets spéciaux, mais une intrigue bien menée à connotation politique qui, sans juger, rappelle que le passé a ses droits dans le présent.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Le capitaine Séverine apparaît également, en tant que personnage secondaire, dans le premier volet de la trilogie stéphanoise de Jean-Louis Nogano, Un Bon Flic, C'est Comme de la Soie. Trilogie dont on surveillera, c'est entendu, le troisième épisode.
Les dix premières lignes...
Septembre 1973, Amérique du Sud.
Il aurait dû s'en douter. Il le savait probablement, d'ailleurs, au plus profond de lui-même. Mais les faux-semblants l'avaient emporté jusque-là, recouvrant la fange de vernis. Amitié, aventure, idéaux... Sauf que maintenant c'était fini. On ne jouait plus.
Coyote eut soudain du mal à respirer. Jusqu'à ce nom de guerre ridicule qui lui restait en travers de la gorge. Malgré l'heure matinale, la moiteur s'était emparée de l'espace. Le ventilateur fatigué de la cuisine de l'hôtel San Cristobal ne changeait pas grand-chose à l'affaire (...)
Quatrième de couverture...
Septembre 1973, à Santiago, deux étudiants stéphanois aident les services secrets chiliens à traquer les opposants de gauche. Trente et un an plus tard, l'un d'eux est candidat d'extrême droite aux élections régionales, mais ses aventures sud-américaines remontent à la surface. Au même moment, une vieille dame est assassinée dans sa maison de retraite, le dépôt d'un brocanteur est incendié et des tags énigmatiques apparaissent à l'entrée du tunnel du Rond-point. À Saint-Étienne, la campagne électorale promet d'être animée.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...