Editions du Rocher - Mars 2006 - Traduction (anglais) : Nordine Haddad
Tags : Roman d'enquête Psychologie Avocat Philadelphie Années 2000 Littéraire Plus de 400 pages
Publié le : 28 mai 2007
François Dubé est un jeune chef cuisinier français installé à Philadelphie. Était plutôt... Il a été condamné à la prison à perpétuité pour le meurtre de sa femme. Tous ses appels ont été rejetés, mais il continue néanmoins à clamer son innocence malgré l'accumulation de preuves réunies contre lui.
Accompagné de Beth Derringer, son associée, l'avocat Victor Carl le rencontre afin de tenter de dénicher un nouvel élément en sa faveur qui permettra la réouverture du dossier et, peut-être, un nouveau procès...
Avec William Lashner, on suit un schéma de roman désormais bien huilé ; il a l'honnêteté de son propos qu'il expose généralement très vite, en quelques phrases :
C'était une affaire qui allait au-delà de sa victime, au-delà d'une femme seule baignant dans son propre sang. Elle me poussait à réfléchir au prix qu'il en coûte de s'impliquer dans la vie d'autrui. Quand sommes-nous contraints d'aider ? À quel moment une main secourable devient-elle une ingérence ? Et à quel moment une ingérence devient-elle meurtrière ? Il n'y avait rien de gratuit dans ces questions ; c'étaient des questions de vie et de mort.
Après cet exposé, il nous entraîne, par couches successives jusqu'au cœur de son intrigue. On en ressortira au bout de cinq cents pages de finesse, d'intelligence et d'élégance, ravi de s'être à nouveau laissé faire par ce gentleman du cynisme.
Les romans de William Lashner sont des voyages au long cours durant lesquels on prend le temps d'observer le paysage ; celui qu'il veut bien nous montrer. Il arrive que le courant qui nous pousse de fasse léger, qu'on se demande parfois si on n'est pas tout simplement à l'arrêt. Mais le mouvement demeure, en profondeur, et les accélérations soudaines qui vous surprennent en sont la preuve.
Pour autant, on ne parlera pas de rythme. Il s'agit d'une progression. Comme une araignée qui tisse sa toile, William Lashner vous embobine lentement, sans jamais vous laisser l'impression du piège. Et pourtant...
Rage de Dents n'est pas un roman qu'on résume. Il tient dans l'énoncé qu'en fait son auteur et s'étend en circonvolutions autour d'un thème central :
Vous essayez d'aider, j'essaie d'aider, tout le monde semble essayer d'aider, et pourtant les choses vont de mal en pis, vous ne trouvez pas ?
Autour de ce constat, William Lashner laisse courir sa plume alerte, fine et racée. Il joue avec Victor Carl le regard extérieur sur la société américaine. Il met en scène un dentiste "extra-ordinaire", un petit garçon maltraité, des associations d'entraide, des adolescents déboussolés, des aides sociales, des bons amis, des conseillers, tout un mode qui s'évertue à vouloir le bien, mais à quelles fins...
Rage de Dents est plein de finesse, d'intelligence, d'humour aussi — toutes qualités qu'on reconnaît à la plume de William Lashner et qu'il convient de souligner — mais pourtant, au final, il n'emporte pas. Il n'a pas la puissance de précédents opus, tels Les Prévaricateurs ou Vice de Forme. Il lui manque l'étincelle qui enflamme toute cette intelligence et parfois, on finit même par s'y ennuyer.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Rage de Dents n'est sans doute pas le roman le plus réussi de William Lashner. N'hésitez pas à vous plonger dans le premier de la série, Les Prévaricateurs, ou dans Vice de Forme qui serait bien capable de vous tirer une larme.
Les dix premières lignes...
Contrairement à vous tous, je confesse allègrement mon complet égoïsme. Je suis individualiste, égocentrique, narcissique, satisfait, je donne même dans l'autodénigrement, d'une manière presque charmante. En un mot, je suis indifférent à tout sauf à moi-même. Pourtant, de temps à autre, il m'arrive de tomber sur une force de la nature qui fait trembler mon irréductible égoïsme sur ses bases. Quelque chose qui balaie le paysage comme une tornade, ne laisse que ruines et désolation sur son passage. Quelque chose comme Bob (...)
Quatrième de couverture...
La femme d'un chef cuisinier français, François Dubé, a été sauvagement assassinée. Son mari, accusé du meurtre et emprisonné, clame son innocence : il contacte le cabinet d'avocats Derringer & Carl pour trouver de nouvelles preuves en sa faveur afin de faire réviser son procès. Le hic, c'est que Victor Carl ne croit pas une seconde à l'innocence de l'arrogant Français — et il faut toute la force de persuasion de son associée Beth, tombée sous le charme de leur client, pour qu'il accepte l'affaire.
Comme si Victor n'avait pas d'autres soucis en tête. Toujours célibataire et désargenté, le voilà qui souffre en plus d'une terrible rage de dents. Partagé entre effroi et résignation, il se décide à consulter l'énigmatique "docteur Bob", un dentiste peu orthodoxe, déterminé à faire le bonheur de ses patients. Sur la fiche que doivent remplir ceux qui entrent dans son cabinet, on peut lire notamment la question suivante : "Avez-vous une sexualité satisfaisante ?" Et non content de soigner la dentition ravagée de Victor, ce bon Samaritain décide de le prendre en main — en commençant par lui faire changer de cravate, et en lui présentant une compagne idéale...
Victor Carl a-t-il enfin rencontré son ange gardien ?
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...