Editions du Rocher - Mars 2005 - Traduction (anglais) : Nordine Haddad
Tags : Roman d'enquête Avocat Philadelphie Années 2000 Plus de 400 pages
Publié le : 07 septembre 2006
Victor Carl, avocat, est appelé de nuit sur une scène de crime. On vient de
découvrir le cadavre d'un homme, abandonné sur un quai du port de
Philadelphie, sans papier, mais avec une carte de visite dans sa poche
: celle de Victor. L'identification est rapide étant donné que ce
dernier a croisé son client malheureux l'après-midi même. Il s'agit de
Joey Parma, surnommé Rapiat, un escroc à la petite semaine, sans grande
envergure, mais qui ce jour-là, lors de leur rencontre, lui avait
demandé conseil à propos de prescription, d'un meurtre vieux de vingt
ans, et d'une valise pleine de billets qui aurait disparu lors d'un
tabassage qui aurait mal tourné, une valise que certains - "le méchant à l'accent britannique et le pas frais à la peau grasse"
- cherchaient aujourd'hui à récupérer, allant même jusqu'à demander des
comptes. Il semble que les menaces aient été mises à exécution.
Victor va tenter d'élucider ce mystère, autant par compassion pour la pauvre mère de Joey, autant pour la "convention d'honoraires de prévoyance" qu'il lui fait signer, des fois que cette fameuse valise réapparaîtrait...
Décollage immédiat dans le style qui fait la force et le charme de William
Lashner et de son personnage récurrent, l'avocat Victor Carl : à peine
une demi page et déjà on se glisse avec délice dans ce mélange d'humour
et de cynisme propre à cet auteur. Puis, dès les premières lignes, il
pose le plan de son roman - autant savoir dès le départ où on va
lorsqu'on s'embarque pour un pavé de cinq cents pages :
Mon arrivée sur le quai 84 marqua pour moi le début de cette étrange affaire (...), celle avec le juge de la Cour suprême, les photographies de la femme nue, le client assassiné, l'avocat enlevé, le vieux paquebot rouillé et le fantôme revenu d'entre les morts pour accomplir sa vengeance.
Comma ça, on est fixés...
William Lashner poursuit avec Dette de Sang son inventaire des sentiments humains en choisissant la forme qu'il maîtrise parfaitement, le
thriller judiciaire. Il tisse cette fois son intrigue autour du
souvenir, des engagements pris par amour ou par amitié et de leur
retentissement dans le présent, dans le futur. Il est question des
premiers amours, ceux que l'on croit durer toujours ; des amitiés
d'enfance, pour la vie, scellées par des serments de sang.
Avec son habituelle sophistication dans la construction, sa maîtrise des
détails, William Lashner compose un échafaudage, élément par élément,
qui peu à peu nous fait entrevoir l'immeuble qui le soutient, puis ce
qui s'y trame à l'intérieur.
Adepte des récits au long cours, il faut savoir être patient pour apprécier son écriture. Sans cette qualité, les plus pressés se sentiront sans doute frustrés par un manque "d'action" dans la première partie du roman. Mais il en
est ainsi de puzzles ou des meubles à tiroirs : ils ne livrent pas
leurs secrets au premier coup d'œil.
Et puis ces cinq cents pages sont aussi l'occasion de poser un regard sur les
années post-hippies, les années de rêves, boostées à l'aide de drogues
en tous genres, des années de liberté, de fête, d'insouciance, mais
aussi de trafic, d'argent sale...
La question c'était : la réalité a-t-elle jamais été à la hauteur d'une fiévreuse espérance ?
Le poids du passé, sous le regard jamais très optimiste de William Lashner quant à la nature profonde de l'être humain. Une construction impeccable, toujours cette intelligence, cette finesse d'esprit, mais aussi un peu de "froideur" dans cet épisode.
(...) si vous n'arrivez pas à accepter votre passé, à le comprendre, et même à l'aimer, si vous n'arrivez pas à faire ça, alors vous devenez son esclave. Vous passez votre vie ou bien à le fuir, ou au contraire à tenter de le rejoindre, mais dans les deux cas c'est une course éperdue.
On ne se libère pas du passé en l'ignorant et en espérant qu'il se fasse oublier de lui-même, parce que ce n'est jamais le cas, non, c'est impossible. La seule manière de s'en libérer, c'est de le rejoindre, d'essayer de le comprendre, de l'embrasser dans sa totalité, quelles que soient les barrières qui se dressent devant soi.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
N'hésitez pas une seconde, lisez Les Prévaricateurs, la première apparition de l'avocat Victor Carl, qui est une vraie merveille, de même que Vice de Forme, du même auteur.
Les dix premières lignes...
Il y a quelque chose de perversement réjouissant dans une scène de crime
au milieu de la nuit, la pulsation des rampes de signalisation rouge et
bleu, les faisceaux blancs des projecteurs, l'éclat des flashes des
photographes. Festonnée de rubans jaunes comme pour la parade, une
scène de crime la nuit est un lieu près duquel les voitures
ralentissent, comme devant une installation de Noël tapageuses, avec
ses rennes qui saluent ses pères Noël virevoltants (...)
Quatrième de couverture...
Tout commence par la découverte d'un cadavre égorgé sur un quai du port
de Philadelphie : celui de Joe Parma, dit Joey Rapiat, une petite
frappe qui ne manquera à personne. Seulement voilà : Joey était venu
l'après-midi même de sa disparition demander conseil à l'avocat Victor
Carl, et celui-ci n'apprécie pas trop que l'on trucide ses clients.
Étrange histoire d'ailleurs que lui a racontée Joey ; vingt ans plus
tôt, il avait mis la main sur une valise bourrée d'argent dans des
circonstances sanglantes. Et voilà qu'on était venu la lui réclamer,
après tout ce temps ! Victor Carl va devoir remonter une piste beaucoup
plus brûlante qu'on pourrait le penser, parsemée d'indices comme cette
valise évidemment disparue ou ces photos d'une mystérieuse femme nue,
qui appartenaient à la victime de Joey. Une piste qui le mènera sur les
traces d'un agent du FBI à la retraite, d'un juge de la Cour suprême
apparemment irréprochable et d'une joyeuse bande d'anciens amis qui, en
ces années soixante-dix où tout semblait possible, avaient poussé le
bouchon beaucoup trop loin...
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...