Editions Le Passage - Avril 2007
Tags : Roman noir Polar politique Polar urbain Trafic Quidam Paris Années 2000 Original Moins de 250 pages
Publié le : 06 mai 2007
Il est des auteurs, comme ça, qui ont des entrées en matière d'une efficacité remarquable, redoutable, qui vous embarquent dans leur histoire à peine ont-ils noircies sous nos yeux ébahis quelques pages, voire quelques lignes. Laurent Martin est de ceux-là ; au moins dans le prologue qui ouvre ce Cantique des Gisants.
D'un côté Patrice et Mathilde, copains d'enfance toujours prêts à se remonter le moral quand la vie fait mal, qui en rentrant d'une soirée un peu trop arrosée provoquent un accident de la circulation. Le conducteur de l'autre véhicule — une grosse BM (ce qui ne court pas les rues à Marne-la-Vallée) — est légèrement blessé et assommé derrière son volant. Patrice et Mathilde, qui se sont tout de même arrêtés, décident de repartir — il n'y a pas trop de bobo, et puis, avec l'alcool qu'ils ont ingurgité, ils n'ont aucune envie de croiser les flics — mais ils embarquent aussi avec eux une enveloppe qui traînait sur le siège passager de la BM ; des billets, quelques papiers. Pas un trésor, mais dix mille euros quand même... Quand les temps sont durs, ça n'est pas rien.
De l'autre côté, Max, policier municipal et peintre à ses heures perdues, qui découvre après coup le véhicule accidenté.
Et puis en parallèle, un jeune homme qui, dans une fête, profite de l'ambiance pour s'emparer de sachets de poudre, de quelques barrettes de shit avant de se fondre dans la nuit...
Le dossier qui accompagne l'argent intrigue Patrice qui croit y reconnaître des listes codées et pense pouvoir le négocier à bon prix. Il laisse Mathilde avec l'argent. C'est la dernière fois qu'elle le verra. Le lendemain, il est retrouvé mort dans un terrain vague, torturé...
Laurent Martin entame son récit sur un rythme effréné. Sa mise en place est extrêmement dense, tant en personnages qu'en situations. Et puis on s'aperçoit bien vite que chaque chapitre est mené par un narrateur différent pour une intrigue, des intrigues, qui se croisent, s'entremêlent. On appréhende tout à tour la réalité de la situation générale sous l'œil, le regard de chacun.
Les scènes se répètent, se complètent, dans un tourbillon parfaitement maîtrisé. La réalité se construit en boucles successives, superposées.
Ceci étant, cette originalité de la construction, de la narration, s'accompagne d'une intrigue elle-même aussi solide que les personnages qui la composent sont crédibles.
Laurent Martin décrit le microcosme d'une ville nouvelle de la banlieue parisienne — Marne-la-Vallée — ses histoires d'argent sale, de financement de parti politique, de racket sur les entreprises par l'entremise des attributions des marchés publics ; ses histoires de dealers, de trafics, de petits truands ; ses histoires de misère et de solitude...
Les personnages, les points de vue, défilent et, au fond, pas un pour rattraper les autres. Politiciens véreux, flics ripoux, journalistes à la botte, caïds de banlieue, etc... La vie décrite ici est amère, sans aucune illusion. C'est sombre et c'est froid, sans espoir.
Vous avez dit réaliste ?..
En tout cas un superbe roman qui se dévore de bout en bout.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La vie des banlieues inspire les romanciers du polar.
Une approche différente, celle de Thierry Jonquet, notamment dans son dernier opus : Ils sont votre Épouvante et vous êtes leur Crainte.
À noter que Max Ripolini, policier municipal qui fait ici une "apparition", est le héros de L'Ivresse des Dieux qui valut à Laurent Martin le grand pris de littérature policière en 2003.
Les dix premières lignes...
Il faisait froid. Son cerveau n'arrivait pas à se dégeler. L'engourdissement général le prenait, le tenait. Max était là, sur la péniche-atelier mal chauffée qu'il partageait avec François, le photographe. Lui, plus ou moins peintre, quand il n'était pas policier municipal.
François était rentré chez lui depuis longtemps, avec une fille qui avait bien voulu se faire expliquer en détail les secrets d'une bonne photo.
Max était resté, avec Médor, son chien bâtard, et le Requiem de Berlioz (...)
Quatrième de couverture...
Marne-la Vallée, un soir d'hiver, à quelques semaines des élections.
Patrice et Mathilde provoquent un accident. Sur les genoux de la victime, une enveloppe contenant un dossier et de l'argent. Leur décision est vite prise : ils dérobent l'argent et cherchent à monnayer le dossier.
Mauvaise idée. Les propriétaires des documents retrouvent rapidement leur trace. Aussitôt une chasse à l'homme s'organise. Deux jours durant, les événements s'enchaînent et la mort, inexorablement, fait son travail dans ce récit choral où l'on suit séparément les différents personnages pour dévoiler les facettes d'une réalité plus complexe et plus sombre qu'il n'y paraît.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...