Albin Michel - Avril 1982
Tags : Roman noir Polar scientifique Vengeance Scientifique Quidam Années 1980 Populaire Moins de 250 pages
Publié le : 05 mars 2007
Cynthia Sartan vit aujourd’hui au pavillon C de l’Institut National de Réadaptation, celui des infirmes moteurs cérébraux. Vautrée dans son fauteuil, la bave aux lèvres, la main crispée sur sa manette, elle déambule dans les couloirs en attendant comme chaque matin l’arrivée du docteur Philippe Morier, l’ordure.
Les vacances sont là, les enfants cassés retrouvent leurs parents. Seuls trois d’entre eux passeront l’été à l’institut. Pour les surveiller durant la nuit et remplacer Marie-Line, l’aide-soignante dévouée, Alain Fornat, jeune étudiant de vingt-cinq ans qui n’a jamais côtoyé d’handicapés, est embauché...
Paru en 1982, Thierry Jonquet joue la provocation avec Mémoire en Cage. Il met en scène une jeune fille handicapée murée dans son silence, son traumatisme, mais aussi remplie d'une haine féroce envers celui qui est responsable de son état. Cynthia dérange. Elle est machiavélique et organise sa vengeance.
À ses côtés, manipulé, le jeune Alain Fornat, véritable obsédé sexuel qui lorgne sur n’importe quelle femme passant à sa portée mais reste incapable d’assouvir aucun de ses fantasmes. Entre les deux, Morier, l’ordure, celui qui doit payer, médecin obnubilé par sa carrière et non pas par le bien-être de ses patients, réduits à l’état de marchepied pour atteindre sa propre gloire. Médecin déchu aussi, après l’accident, mais qui tente de remonter la pente. Et puis il y a aussi les parents de Cynthia, son beau-père, le salaud, qui a accepté les arrangements avec Morier. Cynthia est bien entourée...
Avec Mémoire en Cage, Thierry Jonquet bouscule les schémas classiques du polar. Exit le crime proprement dit. Il existe pourtant, est au cœur du roman, mais on ne saura jamais vraiment ce qui s’est passé, ni qui sont les victimes.
Jonquet découpe son récit en trois parties où les narrations de Cynthia, Alain Format et Philippe Morier s’alternent : Qui, Pourquoi, et Comment, plus une quatrième ou ces trois interrogations se rejoignent. Il s’attache plus particulièrement au mobile dans cette histoire particulièrement noire, sordide.
Choisir une handicapée comme personnage central n’est déjà pas chose facile — il s’agit de ne pas tomber dans le pathos — lui donner le rôle d’une criminelle, c’est prendre des risques ; quant à mettre en scène sa vie sexuelle, ça relève de l’exploit.
Au final, Thierry Jonquet nous montre avec brio qu’au-delà des handicaps, des fauteuils, des prothèses, des silences, Cynthia est avant tout un être humain, avec sa souffrance, sa haine, ses joies et ses peurs, sa vengeance ; un être humain comme les autres, abîmé.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Brigitte Aubert s’est également essayée, dans un autre cadre, à prendre comme personnage principal une femme handicapée. Elise Andrioli apparaît pour la première fois dans La Mort des Bois, Grand Prix de littérature policière en 1997.
Les dix premières lignes...
Il est neuf heures. C’est le moment de prendre mon poste, comme tous les matins. Pour voir arriver l’autre ordure. Il y a beaucoup de bruit. Les gosses. Ils arrêtent pas de crier en courant dans les couloirs. Quand ils tombent, ça fait un bruit de ferraille. C’est leurs appareils, qui font ça. Mais ils se font pas mal, en tombant. Ils se relèvent et repartent en rigolant.
Il fait très beau, c’est le 3 juillet. La mardi 3 juillet. Hier soir, c’était le fête de l’école. Et aujourd’hui, les gosses attendent que leurs parents, qui viennent les récupérer, pour les vacances. Certains, c’est pas leurs parents, qui viennent, c’est les moniteurs d’une colo (...)
Quatrième de couverture...
Tout est permis quand on a beaucoup souffert.
Quand sa vie est fichue on peut essayer de réussir la mort de l’ordure qui a tout gâché.
Le hasard bien utilisé peut servir... ou tout brouiller.
« Alain, quelqu’un voudra-t-il de ta minable vérité ? »
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...