La Mort n'Oublie Personne

Didier Daeninckx

Denoël - Janvier 1989

Tags :  Roman historique Polar militant Complot Journaliste Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 1er octobre 2006

Recommandé Convaincu par Meurtres pour Mémoire, j'ai continué ma découverte de Didier Daeninckx par ce roman, La Mort n'Oublie Personne, et bien m'en a pris car il confirme que ma première impression, sur cet auteur, était fausse.
 
Le roman commence, au Pas-de-Calais, par une manifestation ouvrière, en 1963, au cours de laquelle Lucien Ricouart sera pris à parti, raillé et traité de "fils d'assassin" par ses camarades. On retrouvera son corps noyé le lendemain. "Mon père n'est pas un assassin" seront les derniers mots de Lucien, écris sur le sol..
Vingt-cinq ans plus tard un journaliste, ancien camarade de Lucien, va tenter d'éclaircir cet événement en interviewant Jean Ricouart, le père de jeune homme. Commence alors, le récit des souvenirs de "Jeannot", ancien résistant, ancien déporté et ancien emprisonné pour meurtre.
 
Le récit est poignant en restant sobre, on est happé par l'histoire dès l'entrée en scène de l'ancien résistant. Au fil des enregistrements, les perpétuels retours de 1945-1947 à 1988, lorsque le journaliste coupe son magnétophone, sont comme des retours à la surface pour reprendre une bouffée d'oxygène avant de repartir dans ces temps troubles où le doute sur ses voisins ou sur le bien-fondé de son action, était omniprésent. Cette époque, pas si lointaine, fascine toujours. Résistance. Collaboration. Qu'aurait-on fait dans cette situation ? Et qu'aurait-on fait après ?
Didier Daeninckx le confirme, cette histoire est en partie tirée de faits réels :

Elle a existé ! En partie, en fait. Et cela se passait à Saint-Omer. Le suicide de Lucien est inventé. Mais le Résistant déporté qui va être jugé et condamné à mort a existé. Cette injustice m'a révolté, c'est pourquoi j'ai voulu écrire ce livre. Son vrai nom est Moreau. J'ai tenté de rencontrer certains protagonistes de cette histoire. Beaucoup ont refusé de me parler. Un seul a accepté.

Elle nous rappelle, s'il était besoin, que beaucoup de hauts fonctionnaires qui ont collaboré avec Vichy ou les Nazis, sont restés en poste après la libération à l'instar de Maurice Papon, et que beaucoup de comptes ont été réglés pendant et après la guerre. Le livre est bourré de petites histoires, peut-être pas assez développées, qu'on aimerait oublier ou réécrire comme ce résistant musulman qui n'aura pas le droit à l'honneur d'une tombe dans le cimetière de son village.
 
Ce livre, régulièrement étudié par les collégiens, considéré comme le plus abouti de l'auteur, est indispensable pour ceux qui veulent découvrir Didier Daeninckx, ou tout simplement pour ceux qui veulent passer un bon moment et se souvenir.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Allez donc jeter un œil, voire même les deux, du côté de Meurtres pour Mémoire qui, en 1984, reçut le Grand Prix de Littérature Policière.

Le début...

Les dix premières lignes...

Je l'ai connu mais il m'est impossible de le lui dire. Le portrait dans son cadre surplombe le reflet assombri de mon visage que me renvoie le verre bombé du téléviseur. J'étais pareil à lui, vingt-cinq années plus tôt… Les taches blanches et pointues de la chemise sous le gris de plomb de la blouse, le pull tricoté main, les cheveux matés à l'eau savonneuse qui gardaient en séchant les traces parallèles des grosses dents du peigne… Et cet air las du gosse pris au piège des parents, des profs, immobile et terne pour la photo (...).


La fin...

Quatrième de couverture...

Mai 1944 : le jeune Jean Ricouart entre dans la résistance. À la suite d'une opération à laquelle il participe, il est arrêté, torturé, déporté en Allemagne. Il ne rentre au pays qu'en février 1946, où il épouse Marie. Il est aussitôt accusé de meurtre par un juge qui officiait déjà du temps de Pétain, et condamné à sept ans de prison.
1963 : Lucien, le fils de Jean, se fait traiter de fils d'assassin. Il se sauve du lycée et meurt pendant sa fugue.
Vingt-cinq ans plus tard, un ami de Lucien, journaliste, enquête sur la vie de Jean Ricouart et l'interroge, comme pour confirmer cette ultime phrase écrite par Lucien : "Mon père n'est pas un assassin."


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Didier Daeninckx










Edition(s)...

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