Odin Editions - Novembre 2005
Tags : Roman d'enquête Vengeance Flic France Années 2000 Moins de 250 pages
Publié le : 30 juin 2006
Dans la forêt de Coucy, non loin de Soissons, on vient de découvrir le
cadavre de Tania Verneuil, le visage défiguré, abattue à coups de
chevrotines.
Arrivée de Saint-Pétersbourg quelques années plus tôt pour un mariage arrangé sur catalogue, la jeune femme, prête à tout pour s'extraire de la misère russe et comptant pour cela sur sa beauté plastique, n'a trouvé qu'un
écrivaillon vieillissant en mal de poésie. Après cinq ans de vie
commune et une grossesse terminée par la perte de l'enfant, c'est le
marasme...
Le lieutenant Thierry Sauvage est chargé de cette enquête. Pas forcément une lumière de la police criminelle, préférant de loin le whisky et la sieste aux réveils matinaux - surtout s'il s'agit de reconnaître un corps au visage
déchiqueté - catalogué par son patron comme incompétent, il mène sa
barque de fonctionnaire, gentiment...
Élisa Vix nous présente un flic ordinaire, le lieutenant Thierry Sauvage, qui
n'a rien du héros. Le personnage n'est pas vraiment sympathique, pas
tout à fait antipathique non plus ; un homme comme les autres, avec les
qualités de ses défauts (ou l'inverse), un métier : flic, et une vie
propre emberlificotée avec un divorce, un fils qu'il a du mal à
comprendre ou peut-être tout simplement à prendre en compte, et une
nouvelle compagne qui vient de lui apprendre qu'elle est enceinte alors
que lui ne veut plus d'enfants. Egoïste et macho sont sans doute ses
principales caractéristiques.
Sans oublier de faire avancer son intrigue, Élisa Vix s'attache à ses personnages, et pas seulement au lieutenant, leur donnant au fil des pages une
épaisseur, une consistance étonnantes. On assiste au défilé ordonné
d'une galerie de personnalités complexes, "torturées", mais ni plus ni
moins que tout à chacun ; on a tous des casseroles à traîner. Chacune
est en tout cas approchée avec finesse et efficacité :
Du doigt, elle suivit la ride du lion. À vingt ans, elle avait attendu ce signe de l'âge avec impatience ; il lui semblait alors la marque de la sagesse et de l'expérience. À force d'austérité, la ride convoitée était apparue bien plus tôt que programmées par la nature, creusant la peau noire comme une rivière, cicatrice indélébile de tout ce que Maïté n'avait pas été : gaie, insouciante, frivole, amoureuse, en un mot jeune.
Mais Élisa Vix fait aussi planer au-dessus de son texte un humour latent qui se pose par moment, en douceur, avant de reprendre son vol, laissant derrière lui un petit sourire en coin au bord des phrases :
- Ta mère est aigrie.
- Taigrie, c'est quoi ?
- Aigrie. C'est quelque chose qui arrive souvent aux grandes personnes.
Victor serra les narines, pinça le bouche en cul de poule, l'ai concentré.
- Chiante ?
- Pas exactement, c'en est plutôt la conséquence, répondit Sauvage distraitement.
Quant à l'intrigue proprement dite, elle est d'une construction impeccable,
d'une logique imparable tout en ménageant des rebondissements
insoupçonnés jusqu'au final, mettant en scène la petite bourgeoisie de
province à la manière d'un Chabrol au cinéma : tranquille en apparence,
mais ne vous avisez pas de gratter cette carapace de respectabilité,
elle cache sans doute de vilains secrets.
Élisa Vix mêle adroitement, avec une écriture d'une grande fluidité et un
sens très pointu du dialogue, la conduite de l'enquête et la mise en
perspective du lieutenant Sauvage, personnage atypique de macho qui se
débat avec sa paternité. Tous les seconds rôles sont criants de vérité,
on est dans une mise en scène de la vie réelle qui met en lumière
quelques uns de ses travers, avec maestria et légèreté. Une vraie
maîtrise pour un premier roman. On en redemande !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
La Baba-Yaga concourt en 2006 pour le Prix Polar de Cognac.
Et puis Thierry Sauvage et son adjointe favorite, Joanna, deviennent
personnages récurrents avec un second roman, toujours chez le même
éditeur : Bad Dog, une sombre histoire de femmes égorgées...
On entendra encore parler d'Élisa Vix !..
Les dix premières lignes...
Dans le silence glacé du salon, l'homme fit quelques pas et s'accouda à
la cheminée de pierre, vestige de temps plus rudes. La lumière
vacillante d'une unique bougie projetait sur sa figure des ombres
chaudes et enflammées qui contrastaient avec la mollesse de ses traits.
Il observa un moment son visage de batracien dans le miroir, puis
brusquement passa sa main gauche sur ses joues. Aussitôt, l'agitation
de ses traits cessa, son visage se figea, semblable à un masque de
cire. Seul un léger frémissement des paupières laissait deviner sa
nervosité. Il commença d'un voix lente et lourde :
- Quand Tania est arrivée en France, j'étais fou d'elle, de son visage d'ange, de son corps de vingt ans (...).
Quatrième de couverture...
Le corps sans vie de Tania Verneuil a été retrouvé dans la forêt de
Coucy. La belle Russe a été sauvagement assassinée. En ce froid matin
de février, le lieutenant Thierry Sauvage de la PJ de Soissons est
chargé de l'affaire.
Thierry Sauvage, flic séduisant, au raisonnement particulier et au penchant naturel pour la sieste et le whisky irlandais, va se confronter à une enquête où
l'énigme perdure jusqu'à la dernière ligne. Il va devoir employer tout
son savoir-faire, dont certaines méthodes ne sont pas nécessairement
appréciées de sa hiérarchie, pour aborder des personnages ambigus : des
amateurs de poésie, un médecin véreux, un psychiatre serbe brouillon,
un veuf joyeux, des assistants fidèles, des femmes enceintes... tout en
s'empêtrant dans une vie privée en déconfiture.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...