Gallimard / La Noire - Janvier 1999 - Traduction (anglais) : Philippe Garnier
Tags : Roman noir Polar social Nouvelles Discrimination Psychologie Amérique profonde Années 1990 Moins de 250 pages
Publié le : 1er janvier 2006
Recueil de neuf nouvelles en forme de tranches de vie, mais quelle vie !..
Chris Offutt nous plonge sans préambule dans le quotidien d'un coin perdu du
Kentucky, au milieu des Appalaches, paysage somptueux et austère où
l'existence est dure, ramassée sur elle-même. On n'est pas si loin de
s'imaginer les premiers colons s'avançant toujours plus à l'ouest il y
a deux siècles. Sauf que ceux-là n'ont plus bougé et que, perdus sur
une terre reculée, leurs "manières" n'ont pas beaucoup évolué non plus.
Même si le rêve américain moderne frappe à la porte, s'impose, les
mentalités résistent, trop éprises de leur liberté. Les règles de vie
sont là, dures, violentes, dictées par la terre, par la survie, comme
une forme de sagesse ancestrale qui vient se confronter aux lois de la
ville qui s'avancent.
Par chez nous, on est surtout bruns. J'aurais rien contre causer à quelqu'un d'une autre couleur, mais ils s'en viennent jamais par ici. Personne en fait. Comme endroit ça serait plutôt le genre d'où qu'on s'en va.
On peut prendre un tas de chiffres et le rendre égal à quelque chose d'autre. Peut-être qu'il y en a qui aiment les maths pour ça, n'empêche qu'une pile de bois de chauffe ça égale pas un arbre. Ça m'amenait toujours à me demander où passait la sciure dans un problème de maths. Après tout ce chiffrage, il n'y avait rien pour rendre compte du travail, rien à nettoyer après, rien qu'on puisse regarder. Une rangée de nombre c'était comme une boulette regorgée et laissée là par un hibou sur une piste à gibier. On savait qu'un oiseau était passé au-dessus, mais pas dans quelle direction.
Neuf nouvelles âpres, d'une rare cohérence, rudes, peuplées de personnages
frustres, quasiment sauvages... Chris Offutt décrit sa terre, celle qui
l'a vu naître et grandir, ainsi que les gens ordinaires qu'elle fait
vivre. Il y a autant de violence que de tendresse dans les mots de cet
auteur qui va sans faillir à l'essentiel, oubliant les enluminures et
les figures de styles pour ne garder que la sève de sa poésie
montagnarde.
Chris Offutt parle de sa vie et il le fait vraiment très bien.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Sans doute approfondir. C'est aussi ce que je me dit. On en reparlera sûrement de Chris Offutt, surtout quand on sait que Le Bon Frère est à classer dans les romans noirs.
Les dix premières lignes...
Personne sur ce flanc de colline a jamais fini le secondaire. Par ici on juge un homme à sa façon de faire, pas au gingin qu'il est supposé avoir. Je
chasse pas, pêche pas, travaille pas. Les voisins disent que je pense
trop. Ils disent que je suis comme mon père et Maman a peur qu'ils
aient peut-être raison.
Quand j'étais petit on avait un chien à pister les ratons qui s'est collé dans un putois et
ensuite a eu le toupet d'aller se fourrer sous le plancher du
porche (...).
Quatrième de couverture...
Ce sont des histoires de mineurs et de sorciers, de joueurs et de
cultivateurs de marijuana, des contes tragiques et étranges enracinés
dans le réel.
Le Kentucky est vu et raconté sans le vernis de la nostalgie : une petite communauté anonyme des
Appalaches, trop petite pour être qualifiée de ville, un endroit où
réclamer une éducation scolaire est la marque d'une arrogance impie et
chercher de l'eau avec une baguette de coudrier, une occupation normale
et légitime ; où chasser n'est pas un sport mais un moyen de survie.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...