Editions de l'Olivier - Avril 1997 - Traduction (anglais) : Michel Deutsch
Tags : Roman noir Crime organisé Truand New York Années 1950 Littéraire Plus de 400 pages
Publié le : 11 janvier 2009
Harry Odum a grandi dans la banlieue pauvre de New York pendant la dépression, élevé par Ma, sa mère, un tantinet possessive. Sa jeunesse est rythmée par les départs et les retours au foyer de son père, Hap, un homme porté sur la bouteille, qui fuit les responsabilités. Pendant ses absences, Harry se trouve d’autres modèles. Tout d’abord, son copain plus âgé, Arnie qui l’entraîne dans des petits larcins. Puis ce sera Louis Varga, dit "le Pacha", qui conduit une superbe voiture et porte toujours des costumes élégants. Suite à plusieurs services rendus, avec Arnie, le Pacha remarque Harry et lui offre un job au côté d’Abie "le Branque". Harry Odum dit "le Chat", montera alors les échelons de la pègre jusqu’au point de non retour.
Portrait d’un Jeune Homme qui se Noie est un livre écrit sur le modèle d’une autobiographie, à l’image du Pimp d’Iceberg Slim. On suit la vie du narrateur, du gamin Blanc de la banlieue New-yorkaise, jusqu’à Harry "le Chat", un des bras droits du Pacha, chef de la pègre locale. Une pègre dont les activités sont assez floues mais semblent aller du racket aux paris clandestins.
L’argent facile et malhonnête est ici opposé à un travail de terrassier dans lequel s’use Harry du matin au soir, une fois son certificat d’études en poche. Si les premiers temps Harry est fier de son travail honnête, il devient vite lassé de creuser des trous pour un salaire de misère qui ne lui permet même pas d’offrir un cadeau à Ma pour Noël. Et aidé par Arnie, Harry bascule assez facilement vers le vol, et puis, bousculer un peu les gens semble lui plaire.
Écrit par un Noir, Charles Perry, en 1962, ce roman a la particularité de n’intégrer dans le récit qu’un seul personnage Noir, un personnage très secondaire qui, après avoir creusé un trou, se fait volontairement enterrer vivant. Un passage étrange, surréaliste, interprétable de bien des façons.
Certains thèmes abordés dans ce livre, ont malheureusement un peu vieillis et manquent de profondeur, notamment celui de l’homosexualité, associée par l’auteur à une certaine forme d’éducation voire d’hérédité, et c’est le seul reproche que je ferais à ce livre, même s’il faudrait le remettre dans son contexte et son époque. Mais bon, d’autres auteurs de cette même période réussissent à traverser les décennies sans ce côté déjà-vu ou obsolète.
Les rapports du narrateur avec les femmes, le sexe et la violence, et son évolution chapitre après chapitre, m’ont aussi fait penser à l’indispensable Le Démon de Hubert Selby Jr, en moins abouti.
Cet unique roman de Charles Perry est un témoignage très humain sur une époque trouble qui ne connut en son temps qu’un désintérêt poli. Les Blancs dénigrant un auteur noir et les Noirs ne comprenant pas pourquoi un auteur noir écrivait sur la vie de gangsters juifs.
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Vous pouvez vous lancer dans La Religion des Ratés de Nick Tosches qui reste dans le milieu de la mafia et du pari clandestin. Ou bien dans le même style et la même collection, vous pouvez vous tourner vers Pimp d’Iceberg Slim.
À voir aussi, l’adaptation cinématographique de ce roman : Six Ways to Sunday (1997) sorti uniquement en DVD en France sous le titre : Sous Influences. Une occasion de revoir le fameux Isaac Hayes.
Les dix premières lignes...
Je suis moi. Et moi, c'est moi. Je suis moi, je suis ici. Je suis quelque chose. Je suis quelqu'un. J'arrive haut, très haut. Je peux sauter, gambader, bondir, courir vite comme le vent. Je peux crier fort, marcher lentement ou rapidement. Je sais me battre… Arnie m'apprend comment. Je suis quelqu'un. Le soleil m'éclaire. La pluie me mouille. La neige tombe pour moi ; alors, je fais de la luge, des glissades et des boules de neige. Je suis rapide. J'ai des mains qui empoignent, qui griffent, qui s'ouvrent, qui sautent, qui tapent. Je suis un géant pour les cafards, les mouches et les punaises. Je les saisis entre mes doigts. Je peux les écraser, les aplatir à coups de talons. Il n'y en a pas un qui proteste (…)
Quatrième de couverture...
Comme tous les gamins de Brooklyn, Harry Odum passe une bonne partie de son temps dans la rue.
Rien n'échappe à Harry et à ses deux compagnons, Arnie et Ding-Dong : les trafics louches, les femmes trop maquillées, et surtout ces voyous élégants, au sourire froid comme l'acier, à qui il rêve de ressembler. Harry gravit les échelons de l'organisation et gagne la confiance de Louis Varga, "Le Pacha".
Extorsion de fonds, punition des mauvais payeurs, liquidation des traîtres sont élevées par Harry au rang des beaux arts. Mais derrière cette assurance, il y a un garçon torturé et solitaire. Harry sera conduit par une fatalité digne de la tragédie antique à commettre le plus atroce et le moins pensable des crimes, le crime inexplicable.
Dans ce roman écrit par un Noir, tous les personnages sont des Blancs. Tous, sauf un, qui se fait enterrer vivant.
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...