Editions Manya - Octobre 1990
Tags : Polar politique Polar militant Années 1990 Moins de 250 pages
Publié le : 31 octobre 2005
Écrit à l'origine pour la Série Noire de Gallimard qui refusa de l'éditer, ce
roman de Thierry Jonquet a dormi quelques temps au fond d'un tiroir
avant que, par l'entremise de Didier Daeninckx, les éditions Manya,
puis Méréal, ne le fasse enfin paraître. De fait, c'est sur un accord
de pensée liée à l'antipathie vouée à l'abbé Pierre que s'est
construite cette collaboration.
Thierry Jonquet n'a pas sa langue dans sa poche et il a parfois même la dent bien dure
lorsqu'il s'agit de démonter les mécanismes d'institutions qu'il exècre
(cf. Du Passé Faisons Table Rase à
propos du parti communiste). Il s'en prend cette fois au "charity
business", mettant en scène la déchéance d'un cadre, Étienne de
Vaudricourt, dont la dégringolade le mène tout droit au côté des gens
de la rue. Il rejoint ainsi la confrérie des "Biffins d'Esaü" chère au
chanoine Jules. Ce même chanoine qu'un groupe politique de
l'opposition, en mal de reconquête du pouvoir, un certain
"Rassemblement", tente de manipuler à grand coups de battage
médiatique. Et puis il y a cette vague d'assassinats de clochards...
Thierry Jonquet manie l'humour avec une grande férocité tout en posant le
problème de la prise en charge et de la représentation des exclus de
tous bords. Un roman en forme de claque à la bonne conscience,
sarcastique, à la fois caricatural et ô combien pertinent. Iconoclaste
et jubilatoire !..
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Thierry Jonquet est un fin connaisseur de la vie politique française, son passé de militant y est sans doute pour quelque chose... Il s'est déjà essayé à l'écriture d'un récit de politique-fiction, avec la même férocité dont il fait preuve ici ; un de ses premiers romans publiés : Du Passé Faisons Table Rase, où il éclaire la face cachée du parti communiste français et de ses dirigeants, vaut absolument le détour.
Les dix premières lignes...
À la façon dont Foulereau s'empara des couverts à poisson, Didambert songea : "Ce type ressemble à un vautour !"
Le repliement sec des phalanges sur le manche de la fourchette évoquait en
effet la crispation des serres sur la chair putréfiée d'une quelconque
charogne, tandis que le mouvement de l'avant-bras, tout en souplesse et
nonchalance, s'apparentait au frémissement de l'aile, juste avant
l'envol.
"Ridicule, rectifia mentalement Didambert. Voilà que je pense en clichés : ça fait épouvantablement
peuple. D'ailleurs, les vautours ne mangent jamais de poisson (...) !"
Quatrième de couverture...
Jésus ! Jésus ! Un chanoine touille de sa canne une tambouille au fumet
odorant... Traîne-savates et autres miséreux, gamelles à la main, à la
queue leu leu... Jésus ! Jésus ! Allez les gars. Y a du rabiot !
Un jour, parmi eux, Étienne Chabot de Vaudricourt de la Muzardière-Huzart,
aristocrate déchu, renvoyé au rang des loqueteux. Une malédiction
ancestrale ! Il est naïf, Étienne, jusqu'au fond de sa misère...
Jusqu'au moment où... dans les nuits froides de Paris, une lame bien aiguisée
égorge les vagabonds... Une commande de Saint-Pierre ? Un désastre
médiatique pour le Rassemblement ? Conjuration du sort pour Vaudricourt
! Chantage, couardise et fourberie... Chacun y va de sa recette pour
accommoder la soupe populaire et en tirer le meilleur prix !
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...