Huitième Section

Marc Trévidic

Gallimard / Série Noire - Octobre 2024

Tags :  Roman d'enquête Polar social Quidam Paris Années 1990 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 30 décembre 2024

Lucien Autret exerce le métier de substitut du procureur et, à ce titre, est présent sur une scène de crime pour orienter l’enquête vers le service le plus compétent. On vient de découvrir le cadavre d’un SDF, autrement dit une affaire qui n’intéresse personne, et sûrement pas la « noble » criminelle.
Le dossier sera donc vraisemblablement confié à la 4e DPJ et au capitaine Delattre, voire même tout simplement au commissariat le plus proche si l’officier arrive à convaincre le parquetier de l’énormité de sa charge de travail.
Ainsi va la vie à la huitième section du parquet de Paris…

Comme on pouvait l’escompter, Marc Trévidic se fait dans un premier temps très descriptif. Il éclaire d’une lumière hyper réaliste le fonctionnement de la machine judiciaire, ses arrière-salles, définit pour le profane le rôle de chaque rouage et comment ceux-là s’organisent.
C’est précis, technique, didactique, parfois un peu froid, mais conforme aux « attentes ».

Arrive la découverte d’un nouveau cadavre, cette fois au fond d’une poubelle, enrubanné de sacs plastiques et surtout lardé de coups de couteau, le visage lissé comme une statue de cire. Il n’y a pas à hésiter, cette fois c’est une affaire pour la criminelle.

Intervient alors une mystérieuse incartade marocaine ; une jeune fille, Ness, qui s’exprime à la première personne.

En choisissant de suivre la chronologie d’une permanence criminelle de sept jours, Marc Trévidic s’offre la possibilité de décrire dans le détail la charge de travail qui incombe aux services judiciaires, la multitude de cas auxquels ils sont confrontés, les décisions qu’il leur faut prendre, toujours dans l’urgence.
Quant à Lucien, il est totalement investi dans son travail et cette histoire de cadavre et de poubelle lui ronge les sangs, quand bien même il se trouve trop souvent confronté à la culture du résultat de la machine policière et à sa politique du chiffre, engluant par là même, à son grand désespoir, l’institution judiciaire.

La huitième section, c’est un peu le musée des horreurs ordinaires de la justice. Son rôle principal est de traiter au plus vite les délits flagrants (à ne pas confondre avec les flagrants délits), abreuvant ainsi les tribunaux de comparutions immédiates et soulageant de même les services de police.
En première ligne, ses membres sont confrontés à la misère, au désespoir, autant qu’aux criminels.
Le substitut du procureur est entre autres en charge la coordination de l’enquête préliminaire, la flagrance, avant que le dossier ne soit éventuellement transmis à un juge d’instruction. C’est une sorte de course contre la montre que Lucien prend très (trop ?) à cœur, lui qui s’attache aux cadavres qu’il croise et à leur histoire.

Marc Trévidic se fait un devoir à travers ce roman de mettre en lumière le travail ce la huitième section, démantelée en 1999. Bien que particulièrement technique, cette partie du récit, par son côté documentaire, n’est pas sans intérêt.

Chacun avait aimé la Huit pour au moins une raison, commune à tous, la plus belle : l’esprit d’équipe. La Huit avait été un sport collectif. Les membres de l’équipe s’étaient serré les coudes dans l’adversité. Ils avaient tenté d’humaniser et d’apprivoiser le monstre, cette machine à broyer les hommes et à fabriquer des erreurs judiciaires, de continuer à voir en chaque victime et en chaque déféré un être humain. Alors que la machine était parfaitement programmée pour assurer un traitement collectif et indifférencié de la délinquance, ils étaient parfois parvenus à « shunter » les sécurités pour permettre une justice individualisée, équitable et sereine. Quand la machine s’emballait, ils avaient souvent réussi à la refroidir.

Pour faire de son récit un roman policier autant qu’un témoignage, il intègre à son texte une enquête particulière qui tient du fil rouge, mais l’ensemble a un côté bancal, le mélange ne prend pas.
S’il sait être précis et convainquant dans la partie traitant de l’institution judiciaire, les ficelles de son enquête s’avèrent parfois trop épaisses, mais surtout, on a trop souvent l’impression de sauter du coq à l’âne.
Peut-être était-ce justement l’intention de l’auteur, cherchant à montrer le côté monstrueux du travail de la huitième section, cette accumulation de dossiers sans rapports les uns avec les autres.
Si j’osais, je dirais qu’il a manqué la moutarde dans cette vinaigrette…


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Je n’ai pas souvenir de romans mettant en scène des procureurs ou des juges comme le fait Marc Trévidic, mais pour un aperçu décalé de la justice ordinaire il est possible de faire un tour chez Hannelore Cayre et de ses romans mettant en scène l’avocat Christophe Leibowitz.

Le début...

Les dix premières lignes...

Permanence criminelle : 1er jour (2 heures)
Encore un cadavre dont personne ne voudra ! Ce fut la première pensée qui traversa l’esprit de Lucien Autret, et la probabilité qu’il se trompe était aussi fine que le crachin, à peine perceptible, qui commençait à tomber sur le quai de la Rapée. L’observateur de la brigade criminelle n’était pas encore arrivé mais chacun savait déjà que le substitut du procureur confierait le bébé à la 4e division de police judiciaire. Les policiers du XIIe arrondissement faisaient les premières constatations sans se faire d’illusions. Ce n’était pas une affaire pour un commissariat central car l’homicide volontaire était une évidence. Mais, à l’inverse, ce n’était pas assez « bien » pour la Crim. A priori, une saisine de la DPJ paraissait logique.


La fin...

Quatrième de couverture...

Jusqu’à sa suppression en 1999, la huitième section du parquet de Paris, composée de six magistrats, dirigeait les enquêtes des crimes et délits flagrants. Toute la misère parisienne passait entre ses mains : les toxicos, les sans-papiers, les casseurs dans les manifs, les délinquants professionnels mais également les serial killers… Faire revivre la Huit, un jour, dans un livre, est une envie qui n’a jamais quitté Marc Trévidic. Au côté de Lucien Autret, substitut du procureur, le lecteur découvre au petit matin, à l’heure du ramassage des ordures, un corps dans une grosse poubelle de la Ville de Paris. L’homicide volontaire ne fait aucun doute, mais la brigade criminelle n’arrive pas à identifier la victime. Suivant le fil rouge de cette affaire, Autret nous emmène dans son quotidien, celui de ses collègues, des policiers et des experts. De scène de crime en scène de crime, du box des défèrements à une salle d’autopsie ou à la salle d’audience des comparutions immédiates, on découvre une justice pénale menée à cent à l’heure qui parviendra néanmoins à résoudre le mystère de la poubelle.


L'auteur(e)...

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