Grave Panique

Patrick Delachaux

Editions Zoé - Mars 2011

Tags :  Roman d'enquête Polar politique Polar social Flic Paris Années 2000 Entre 250 et 400 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 11 septembre 2011

Patrick est un policier suisse dépêché par Europol sur Paris pour la surveillance d'un réseau chinois de trafic en tous genres : femmes, armes, contrefaçons, etc. Il arrive dans la capitale française alors qu'en banlieue éclatent des émeutes.
Djamel quant à lui est un petit chef de bande à La Courneuve, un de ceux qui voudraient grimper dans la hiérarchie et doit se battre pour se frayer un chemin vers les sommets de la délinquance.
Les circonstances vont faire que ces deux-là vont se suivre à distance, sans jamais vraiment se croiser directement, mettant en lumière la police des banlieues aujourd'hui.

Patrick Delachaux a été policier, du côté de Genève entre autres, et a longtemps défendu le principe de la police de proximité. À travers ce récit quasiment autobiographique qu'il présente comme une des dernières missions qui lui ont été confiées, il nous présente la vision de l'intérieur, d'un homme de terrain, sur l'évolution de la police urbaine en France.
Situé au moment des émeutes de 2005, écrit à la première personne, le récit tourne autour du commissariat de Saint-Denis, au cœur du 9-3, et le constat ne tarde pas :

J'ai été surpris de trouver à Saint-Denis, en banlieue parisienne, un commissariat construit comme un blockhaus entouré de grillages. Pas croyable, je me suis dit, une armée d'occupation ne ferait pas mieux. J'y ai trouvé des collègues exténués, démotivés, sur le départ. Tous des gamins, des flics au-dessous de trente ans. Pas un seul n'habitait le secteur, n'y faisait ses courses, n'y prenait ses repas ou n'y pratiquait une activité culturelle. Ça m'a intrigué. Dans ces conditions comment pouvaient-ils faire leur boulot de flics ?

Reste bien sûr à déterminer ce qu'est le boulot d'un flic en banlieue… Patrick Delachaux, ardent défenseur du "flic de quartier" montre qu'en axant le travail de la police sur l'unique maintien de l'ordre on n'obtient guère de résultats probants, que le fossé se creuse entre les habitants du quartier et les forces de l'ordre ; l'image de l'armée d'occupation est à ce titre édifiante, mais elle n'est pas la seule :

Il intervient comme ses collègues et fait du chiffre. Le résultat : un dealer est arrêté, il passe deux mois en prison, est remplacé par un autre dealer, et quand le premier sort de prison, il y a deux dealers… Deux dealers sont arrêtés, ils passent deux mois en prison, sont remplacés, et quand ils sortent, il y a quatre dealers… Quatre dealers sont arrêtés…

En parallèle de l'amer constat dressé par Patrick, on suivra également le parcours de Djamel et de son entourage, notamment son concurrent, Kader, qui à travers son trafic avec les Chinois, fera le lien avec l'enquête initiale.
Là encore, l'éclairage est intense, direct. L'auteur maîtrise son sujet :

L'appartenance, à une bande ou non, n'est pas une option ici, en banlieue nord. Que tu le veuilles ou pas, tu es étiqueté selon ton quartier, ton immeuble, ton école, ton territoire. Si l'origine n'est plus trop déterminante, si la couleur de peau indiffère, à présent c'est l'adresse postale qu compte. Ici, l'homme est déterminé par sa boîte à lettres. Une appartenance, une identité.

Lorsque j'avais lu le précédent roman de Patrick Delachaux (Flic à Bangkok), j'avais évoqué une certaine froideur très technique dans l'écriture. Ici, ce que je considérais comme un "défaut" a été complètement gommé. Si le récit est à la fois documenté, s'appuyant sur une expérience personnelle, les personnages mis en scène prennent au fil des pages une véritable épaisseur et l'auteur arrive à marier à son témoignage le fil d'une intrigue qui agglomère l'ensemble.
Bref, une réussite, et un regard bigrement intéressant.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

À propos de ce roman, lire l'interview de l'auteur réalisée par Bernard Strainchamps et disponible sur le site Bibliosurf.
Plus ou moins sur le même thème, on pense bien sûr au roman de Thierry Jonquet : Ils Sont Votre Épouvante et Vous Êtes Leur Crainte.

Le début...

Les dix premières lignes...

Matin clair à Montmartre
Dix-huitième arrondissement, rue Caulaincourt, Paris s'éveille. La chaussée mouillée reflète l'éclairage jaunâtre. Les lumières de la place Clichy s'élèvent entre les bâtiments. Sur le trottoir, quelques pigeons se disputent des restes de nourriture.
J'ai froid. Je me dégourdis les jambe, remonte le col moutonné de mon blouson de cuir. La température a chuté ces dernières heures. J'entends au loin les sirènes deux tons. Les patrouilleurs patrouillent (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Après Flic de Quartier et Flic à Bangkok, voici le troisième récit de Patrick Delachaux. Grave Panique est la véritable histoire de l'une des dernières missions du policier Delachaux. Patrick, policier suisse dépêché par Eutopol, se trouve en Seine-Saint-Denis, département 93, dans la couronne parisienne. Il mène l'enquête au cœur d'organisations mafieuses chinoises, mais les circonstances vont le rendre témoin du fossé qui se creuse entre le police française et la population, particulièrement en banlieue.
Patrick plonge dans l'univers des bandes de jeunes et celui d'un commissariat. Son constat est rude : son métier de flic de quartier disparaît pour ne laisser place qu'au seul maintien de l'ordre par une police qui se comporte à ses yeux comme une armée d'occupation.
Une histoire de flics, écrite par un flic, inspirée par les défis que doivent relever aujourd'hui les polices d'Europe.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Patrick Delachaux










Edition(s)...

Informations au survol de l'image...

Réédition

Du même auteur...

Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

Flic à Bangkok