Jigal Polar - Septembre 2010
Tags : Roman noir Polar social Crime organisé Corruption Flic Truand Afrique Années 2010 Original Moins de 250 pages
Publié le : 03 octobre 2010
Solo sort de prison. Après trois années passées derrière les barreaux, il redécouvre les plaisirs de la vie puis, rapidement, se met en cheville avec son cousin Tito qui lui propose une affaire sans risque : juste assurer le rôle du chauffeur.
Solo pique une bagnole et se présente au rendez-vous fixé…
Janis Otsiemi, à partir du même postulat de départ que dans son précédent roman, La Vie est un Sale Boulot, — à savoir un homme sortant de prison — poursuit sa description de la vie des petits truands qui peuplent Libreville, capitale du Gabon, et à travers eux celle du pays tout entier.
On retrouve très vite la même ambiance : une espère de nonchalance exotique soutenue par une langue inventive, colorée, un français revisité par le soleil et la "sagesse" africaine.
Cependant, au commissariat central, c'est le branle-bas de combat. Pour la quatrième fois en quelques mois on a retrouvé le cadavre d'un enfant, gravement mutilé. Une sorte de meurtre rituel.
Pour les Gabonnais, ce n'était guère qu'un secret de Polichinelle que c'étaient les personnalités politiques qui avaient recours à des pratiques de sorcellerie avec des organes humains pour se hisser ou se maintenir dans les hautes sphères de l'État.
Rassurez-vous, Janis Otsiemi n'est pas tombé dans le "piège" du thriller à hémoglobine renforcée et il ne sera pas question ici de suivre un tueur compulsif particulièrement retors et intelligent, mais plutôt deux flics, Koumba et Owoula, qui sont chargés de l'enquête.
À travers leurs pratiques, et le parcours de quelques une de leurs cibles dont Solo, embarqué à son insu dans un rapt d'enfant qu'il reprouve, c'est le portrait en creux d'une société africaine qui se dessine, un univers régi par la corruption et la démerde, du bas jusqu'en haut de l'échelle sociale.
La police de Libreville n'était pas celle de New York avec sa section scientifique et ses médecins légistes. Ici, il fallait faire avec les moyens du bord. Et les différentes enquêtes avaient le même mode d'emploi : pas besoin d'être à la recherche d'éventuels témoins. On descend dans les quartiers populaires, on bouscule des indics. Le premier indigène que la rumeur soupçonne, les flics le ferrent et lui filent une torture qui ferait pâlir un nazi. Si l'indigène y est pour quelque chose, il videra son sac et vous conduira sur les lieux de son forfait. S'il n'y est pour rien après une petite vérification, on enchriste un autre indigène jusqu'à ce qu'on tombe sur le bon bougnoule.
La Bouche qui Mange ne Parle pas est un court roman qui s'avale sans broncher, portant un éclairage particulier, une vision de l'intérieure, sur la société gabonaise. On se régale de cette inventivité du langage, mais ça n'est pas suffisant. Lorsqu'on découvre l'auteur, cette "fraîcheur" noire (au sens roman noir) est à elle seule satisfaisante. Lors d'une seconde rencontre, l'effet de surprise passé, on attend un peu plus de profondeur dans le traitement de l'intrigue. Ici, Janis Otsiemi ne fait que survoler son sujet sans s'y attacher vraiment et ces meurtres rituels pratiqués dans les hautes sphères de l'État n'apparaissent que comme un élément de "décor", tout comme les remords de Solo de s'être laissé embarqué dans une telle aventure. On croisera quelques truands de la pègre librevilloise, mais sans pour autant rencontrer quelques uns de ses habitants "normaux", comme si la ville n'était peuplée que de malfaiteurs. Dommage…
Quelques pistes à explorer, ou pas...
Malgré ces quelques remarques qui, je l'espère, ne paraîtront pas désobligeantes, ne boudons pas non plus notre plaisir. Janis Otsiemi est aussi l'auteur, toujours chez Jigal, de La Vie est un Sale Boulot.
Les dix premières lignes...
20 heures. Quartier La Campagne.
Solo descendit d'un taxi reconnaissable à ses larges bandes rouges et blanches. Il se dirigea vers un groupe de jeunes hommes paumés qui bavardaient sous un lampadaire sur le capot d'une voiture posée sur des cales de bois.
— Salut les gars ! Vous savez où il est, Tito ?
— Il est chez Thierry, répondit l'un d'eux.
Solo s'en doutait.
Thierry était un dealer de yamba du quartier. Tous les petits durs que comptait le secteur se retrouvaient chez lui le soir pour fumer un joint à l'abri des curieux (…)
Quatrième de couverture...
Solo vient de purger trois ans de taule pour une bagarre qui a mal tourné. À sa sortie, son cousin Tito, un vrai dur, lui propose une affaire… Il lui suffit de voler une voiture, de l’accompagner sur un coup et de manger sa langue. Une sacrée bonne aubaine pour ambiancer toute la nuit et régler ses dettes…
Mais Solo se retrouve au cœur d’une embrouille qui pue salement la mort. Au Gabon, on murmure que certains politiciens n’hésitent pas à recourir aux meurtres rituels pour se maintenir au pouvoir…
Écœuré, effrayé, traqué, Solo prend ses distances et se planque, mais à Libreville les flics ont mangé des guêpes et ont fermement l’intention de lui faire passer le goût du manioc…
Sa trombine... et sa bio en lien...
Informations au survol de l'image...