La Vie est un Sale Boulot

Janis Otsiemi

Jigal Polar - Septembre 2009

Tags :  Roman noir Polar social Quidam Afrique Années 2000 Populaire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 11 octobre 2009

Ondo Mba Alex, dit Chicano, vient d'être libéré de la prison de Libreville à l'occasion de la grâce présidentielle. Il a déjà passé quatre années derrière les barreaux et il lui en restait trois à tirer pour un braquage qui avait mal tourné et s'était soldé par la mort d'un Libanais — des gens importants, les Arabes, à Libreville.
Chicano pense que sa libération est plus due à une erreur de paperasse qu'à sa bonne conduite, mais il goûte cependant avec délice aux joies de la liberté retrouvée en s'éloignant au plus vite des murs qui l'ont trop longtemps retenu.
Chicano n'a plus qu'une idée en tête. Ou deux : devenir honnête, et retrouver Mira, sa petite amie. Mais… Mira est enceinte d'un autre homme, et Chicano croise bien vite ses anciens complices qui lui propose de participer à leur prochain casse : la paye de la caserne voisine…

Le Gabon est un pays riche dans la misère ; on nous l'a bien répété à l'occasion de la mort récente de son Président. Janis Otsiemi, à travers le parcours de Chicano, vient compléter cette affirmation par l'exemple.
Chicano, qui voudrait profiter de la bonne étoile qui l'a fait libérer pour se faire honnête, voit ses plans contrecarrés lorsqu'il retrouve la réalité à l'extérieur des murs de la prisons. Pour continuer à vivre, il va lui falloir replonger dans la débrouillardise en compagnie de ses anciens amis, faire comme tout le monde.
Janis Otsiemi nous fait découvrir Libreville, une ville violente où la corruption est partout ; dans l'armée, dans l'administration, dans la police :

Les militaires avaient décidé de laver leur linge sale en famille. Il ne fallait pas compter sur eux pour glaner des informations. Alors depuis ce matin, Koumba avait commencé son enquête personnelle. Du flic au chasseur de prime, il avait passé le Rubicon depuis belle lurette. Dans un pays gangrené par la corruption, on ne peut pas prêcher l'honnêteté quand d'autres abusent impunément du pourvoir et de leurs privilèges.

ou plus loin :

Libreville… Six cent cinquante mille âmes… Libreville… Gros faubourg gonflant de jour en jour de son flot d'immigrés obnubilés par l'argent facile, chassés de leurs bourgades natales par la misère… Libreville… disputant à Johannesburg, Yaoundé, Lagos, la palme de la ville al plus violente, avec ses braquages à main armée, ses viols, ses vols, ses crimes rituels, ses crimes passionnel…

Pour autant, l'atmosphère générale du roman n'est pas totalement sombre. Derrière les turpitudes imposées à Chicano, on sent poindre une extrême vitalité qu'on retrouve dans le style de Janis Otsiemi, vif, enlevé. La vie est un sale boulot, mais c'est la vie.
Et puis il y a ces expressions, ces dictons, qui parsèment le texte ; un régal :

Qui avale une noix de coco fait confiance à son anus.
Qui traque un nid de guêpes doit savoir courir.
La langue qui fourche fait plus de mal que le pied qui trébuche.

Pas de fioritures. Janis Otsiemi va à l'essentiel dans un roman court (cent trente pages) qui donne à voir une certaine réalité gabonaise à travers un personnage touchant, attachant. La Vie est un Sale Boulot est un roman noir, mais c'est aussi un roman Noir. Indiscutablement différent.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Janis Otsiemi a fait une première incursion dans le polar avec Peau de Balle, paru en 2007 aux éditions du Polar.

Le début...

Les dix premières lignes...

Chicano s'était appuyé à un poteau électrique, son sac à ses pieds… loin de la foule des ex-taulards et des familles qui avaient pris d'assaut le portail de la prison centrale de Libreville. Les yeux boutonnés au ciel, Chicano s'amusait à dévisager la grosse boule rouge qui s'y consumait comme une torche de résine d'okoumé. Il ne daignait battre des cils, mettre une main en visière sur son front, rouler le menton sur sa poitrine pour faire écran aux rayons du soleil et à la blancheur du papier d'étain du jour qui lui flambaient la rétine et lui arrachaient des minces filets de larmes. Au fond, c'était des larmes de joie… des larmes d'une joie ineffable dont il ne voulait piper le filon. On a beau rêver d'une chose, et le jour où l'on se retrouve face à elle, on ne sait plus qu'en faire. Pour Chicano, cette chose avait pour nom la liberté (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

À Libreville, Chicano sort de prison, après avoir purgé quatre ans pour un braquage qui a mal tourné.
Adieu la bande de paumés, finies les embrouilles, il veut devenir quelqu’un, un honnête homme si possible…
Reconquérir Mira, trouver un boulot, monter un petit commerce et gagner sa galette à la sueur de son front, voilà son rêve !
Mais comment faire quand on a ni sou, ni métier, ni diplôme dans un pays où la corruption est la règle d’or à tous les carrefours ? Car ici plus qu’ailleurs, si la barbe et le grelot ne font pas une chèvre… la vie est souvent un sale boulot !


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Janis Otsiemi










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Réédition

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Bibliographie non exhaustive... Seuls sont indiqués ici les ouvrages chroniqués sur le site.

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