Scarface

Armitage Trail

Rivages / Noir - Février 1992 - Traduction (anglais) : Franck Reichert

Tags :  Roman noir Roman historique Polar urbain Crime organisé Trafic Truand Etats Unis Années 1930 Littéraire Moins de 250 pages

Edition originale

Un avis personnel...

Publié le : 24 mai 2009

Quand on pense, aujourd'hui, à Scarface, c'est le film de Brian De Palma qui vient naturellement à l'esprit. Question de génération. Car à l'origine du mythe, il y a un livre, et même un premier film inspiré du livre. Cette première adaptation, produite par Howard Hughes, connut en son temps pas mal de soucis avec Hollywood et la censure. Le film fut presque totalement invisible aux États-Unis jusqu'aux années quatre-vingt, avant de devenir culte.

Le Scarface d'Armitage Trail est l'histoire de Tony Guarino, un jeune homme beau, ambitieux, et charismatique, dont les parents d'origine italienne font tourner une épicerie et dont le frère aîné est engagé dans la police. Lui, fait tout pour prendre la voie opposée : celle du gangster, qui doit lui procurer argent et respect. Mais d'abord ce qu'il veut, c'est Vyvyan Lovejoy, une danseuse de cabaret, qui sort régulièrement avec Al Spingola, un caïd du quartier.Éliminer Spingola sera son premier fait d'arme et lui permettra en outre de conquérir Vyvyan et de rentrer dans la bande de l'irlandais Klondike O'Hara. Son ascension est rapide, mais un soir, alors qu'il danse avec Vyvyan, il est obligé d'envoyer au tapis un gars qui manque de respect à Miss Lovejoy. Mauvaise idée, le gars en question est inspecteur chef et va mener une vendetta contre Tony qui l'oblige à s'engager dans l'armée et aller faire la guerre en France. De retour du front, gavé de médaille, une balafre sur la joue, il apprend qu'il a été déclaré mort, et que Vyvyan l'a remplacé. Il change de nom et devient Tony Camonte, offre ses services à Johnny Lovo, chef d'un gang puissant. Une nouvelle marche gravie vers les sommets du crime organisé.

Ce livre est un témoignage d'une époque, publié à la fin des années trente, en pleine prohibition, par un auteur qui a pas mal fricoté avec le milieu. Scarface, le surnom choisit par l'auteur pour son personnage principal n'est pas un hasard puisque c'était celui qu'Al Capone. On le surnomma ainsi lorsqu'il récolta une balafre sur le visage lors d’une altercation avec celui qui deviendra son garde du corps. Al Capone qui était encore une des têtes de la mafia quand le livre est sorti.
Tony Guarino est présenté comme un homme déterminé, à cheval sur ses principes, et prêt à tout pour arriver à ses fins, prêt à oublier son passé, sa famille, en prenant le nom de Camonte. Enfin presque. Puisque c'est le retour de ce passé dans sa vie qui sonnera le début de sa déchéance. L'auteur lie ce passé aux femmes puisqu'il n'est rappelé qu'au travers de femmes. Une première se joue de lui et lui renvoie son ancienne relation avec Vyvyan Lovejoy, puis sa sœur qui réapparaît et enfin sa femme, Jane Conley, qui contacte sans le savoir le frère de Tony, pour l'explosion finale. On note aussi la montée crescendo de la violence dans les rapports entre gangs et la vulgarisation des armes d'assaut, les mitraillettes Thompson remplaçant les couteaux sous les yeux d'une police et d'une justice payées pour ne rien voir. Et lorsque Tony est inquiété pour un meurtre, la justice montre ses limites face au crime organisé dans une parodie de procès où les jurés ne sont que des personnes ordinaires facilement influençables.

Même si ce livre a un peu vieilli, on ne pourra pas le taxer de ne pas être authentique vu le passé de l’auteur et ses rapports étroits avec la pègre. Un livre indispensable, donc, pour tous les nostalgiques des années trente.


Vous avez aimé...

Quelques pistes à explorer, ou pas...

Scarface – Howard Hawks (1932) Scarface – Brian de Palma (1983)Forcément si vous avez aimé le bouquin, il devient indispensable d’aller voir du côté des deux films (si ce n’est déjà fait).
Le premier a été signé par Howard Hawks en 1932, produit par Howard Hughes, avec Paul Muni dans le rôle principal ; le second, réalisé par Brian de Palma en 1983, mettant en scène un Al Pacino étonnant dans le rôle de Tony Montana.

Côté livre, De L’Or en Jarre de John Starr reste dans le même thème et la même époque. Sinon, je conseillerais La Nuit du Chasseur de Davis Grubb.

Le début...

Les dix premières lignes...

Tony Guarino, destiné à devenir le plus grand de tous les chefs de gangs célèbres d'Amérique, n'avait que dix-huit ans lorsqu'il commit son premier crime sérieux. Et, comme c'est souvent le cas, la cause en était une femme.
Mais quelle femme ! Tony n'avait aucun mal à l'imaginer, alors qu'il se tenait dans l'allée obscure menant depuis la porte blindée qui se trouvait à l'entrée des artistes de ce petit théâtre burlesque de quatre sous, jusqu'à la rue. Une grande blonde sculpturale, aux cheveux dorés, au teint blanc et rose, et aux longues et gracieuses jambes blanches. Il avait de nombreuses fois admiré ces jambes, lorsqu'elle exécutait son numéro de danseuse, et elles ne manquaient jamais de déclencher en lui un frémissement électrique, qui le laissait comme asphyxié (…)


La fin...

Quatrième de couverture...

Après l'avoir perfectionné dans toutes les branches du bel art du meurtre, le gouvernement relâchait Tony Guarino avec sa bénédiction, sous la forme d'un diplôme de bon soldat. Tony rentrait avec un nouveau visage et un tas d'idées qui s'exerceraient inévitablement lors de leur mise en pratique, au détriment de la communauté. Cette atroce nuit de bataille dans les bois qui lui avait rapporté ses médailles lui avait laissé aussi une longue cicatrice livide sur le côté gauche du visage. Les muscles et nerfs qui entouraient sa bouche avaient dû être impliqués dans l'affaire et, à présent, le coin gauche de ses lèvres tirait en permanence vers le bas. Quand il souriait, ce coin-là refusait de sourire et conférait à son visage un aspect étonnamment sinistre. Désormais on le surnommerait Scarface.


L'auteur(e)...

Sa trombine... et sa bio en lien...

Armitage Trail










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